Eylau et Moskava, mornes plaines... (1/2)
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Le recueil Les Châtiments (1853) de Victor Hugo dénonce, avec pompe, sublime et lyrisme, deux "crimes" de Napoléon 1er : le Coup d'État du 18 Brumaire où Bonaparte prend le pouvoir par la violence, et le Sacre de Napoléon, le 2 décembre 1804, où Bonaparte viole son serment à la République. Un des poème les plus célèbres est L’expiation. Victor Hugo y récite "Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !". Peut-être y aurait-il pu aussi clamer : "Eylau ! Moskova ! mornes plaines !".

Ah, ce bon vieux Napoléon et ses batailles… Eylau et Moskova sont des victoires. Mais à quel prix ! Des victoires à la Pyrrhus !

Pour qui n’est pas familier de Pyrrhus 1er, c’est un roi dont l'armée a souffert des pertes irremplaçables quand il a défait les Romains en 280 et 279 avant JC. Une victoire à la Pyrrhus est donc une victoire tactique, obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu'elles compromettent ses chances de victoire finale.

Mais revenons à nos batailles…

La bataille d'Eylau (8 février 1807) est une victoire chèrement acquise par Napoléon sur les russes. C'est aussi un véritable carnage où il découvre pour la première fois l'immensité russe et la dureté de ses hivers. La bataille s’engage au matin, sur la plaine d’Eylau, en pleine tempête. Épuisés, glacés dans la neige et la boue, les 40,000 soldats français se heurtent à 60,000 Russes. Les charges des maréchaux finissent par repousser les Russes. Ces derniers se retirent en bon ordre, sans vraie défaite, laissant derrière eux un charnier : 10,000 tués ou blessés chez les Français, 12,000 morts et 14,000 blessés chez les Russes. Beaucoup de blessés des deux camps mourront faute de soins.
Napoléon, très affecté par les pertes subies, témoignant de son émoi, et contrairement à son habitude, restera huit jours sur le champ de bataille pour superviser les secours aux blessés, ne quittant les lieux que lorsque tous les soldats sont enterrés. Ce qui lui laissera le temps de concevoir un "bâtard", Alexandre Walewski, mais ça c'est une autre histoire. 

Le désastre de la batille d'Eylau ne l’empêchera pas de recommencer. Suite au prochain numéro…

L’image contient ces tableaux :
 - Grenadiers à cheval à la bataille d’Eylau, Edouard Detaille, 1893, Musée Condé de Chantilly
 - Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, 9 Février 1807, Antoine-Jean GROS, 1808, Musée du Louvre
 - Eylau, François Flameng, entre 1896 et 1902, Musée d’Orsay


Les héros tragiques de la bataille d’Eylau inspirent à Balzac l’histoire du Colonel Chabert, enseveli vivant dans une fosse commune et qui, en 1817, dix ans après son décès, réapparaît, révélant qu'il a en fait survécu à la bataille d’Eylau. Mais sa veuve a hérité, s’est remariée... Ne manquez pas de lire Le Colonel Chabert, ou de regarder le film, avec Depardieu et Lucchini, qui en a été fait.

Pour les deux cent ans de la Bataille d’Eylau, Jean-Paul Kauffmann est allé à Eylau. Lisez le roman-récit qu’il en fait dans Outre-Terre. Ainsi que son roman sur la fin de vie de Napoléon, La Chambre noire de Longwood.


Vous pouvez lire la suite de l'article : Eylau et Moskava, mornes plaines... (2/2)

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