
Le
10 août 2025,
Si ces silhouettes découpées dans du papier noir et apposées sur fond clair vous rappellent quelque chose, rien de plus normal : cette technique est née dans la France de Louis XV, et a connu un franc succès dans toute l'Europe au 19e siècle. Elle servait alors à réaliser des portraits, des profils allant à l'essentiel mais dissimulant aussi les traits des personnages représentés, le reste étant livré à l'imagination des regardeurs.
Cette technique désuète et modeste, l'artiste afro américaine Kara Walker (née en 1969) s'en est emparée dès les années 1990 pour questionner les stéréotypes racistes persistant dans une société profondément ancrée dans l'histoire de l'esclavage, celle du sud des Etats-Unis, où elle emménagea à l'adolescence. L'art de Kara Walker ne s'inscrit pas dans le registre de la commémoration ; elle cherche plutôt, dans ses saynètes, à mettre au jour les violences symboliques que contiennent les représentations de la ségrégation raciale. Elle raconte par exemple combien elle avait été frappée par l'ambivalence du film "Autant en emporte le vent", grosse production séduisante mais truffée de racisme, à commencer par la nourrice noire qui y est grossièrement caricaturée.
Ses oeuvres contiennent la même ambivalence : de loin, on peut croire à de plaisantes badineries costumées. Mais de près, le malaise, l'exploitation, le sexisme, le racisme et la violence sont omniprésents.
Une manière pour l'artiste de nous rappeler que la moulinette fictionnelle et culturelle joue un rôle clé dans la façon dont nous interprétons le passé.
Cette technique désuète et modeste, l'artiste afro américaine Kara Walker (née en 1969) s'en est emparée dès les années 1990 pour questionner les stéréotypes racistes persistant dans une société profondément ancrée dans l'histoire de l'esclavage, celle du sud des Etats-Unis, où elle emménagea à l'adolescence. L'art de Kara Walker ne s'inscrit pas dans le registre de la commémoration ; elle cherche plutôt, dans ses saynètes, à mettre au jour les violences symboliques que contiennent les représentations de la ségrégation raciale. Elle raconte par exemple combien elle avait été frappée par l'ambivalence du film "Autant en emporte le vent", grosse production séduisante mais truffée de racisme, à commencer par la nourrice noire qui y est grossièrement caricaturée.
Ses oeuvres contiennent la même ambivalence : de loin, on peut croire à de plaisantes badineries costumées. Mais de près, le malaise, l'exploitation, le sexisme, le racisme et la violence sont omniprésents.
Une manière pour l'artiste de nous rappeler que la moulinette fictionnelle et culturelle joue un rôle clé dans la façon dont nous interprétons le passé.