C'est la faute à Voltaire
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François-Marie Arouet (1694-1778), ici représenté par Maurice Quentin de La Tour, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français, figure majeure du Siècle des Lumières, aux côtés de Descartes, Rousseau, Spinoza ou encore Newton. Il marque son époque par son intense production littéraire et ses engagements politiques, ces derniers lui valant bien des problèmes. 

Tout au long de sa vie, il fréquente les monarques et les cours d’Europe, luttant contre le fanatisme religieux et se prononçant en faveur d’une monarchie modérée et libérale. Publiant plusieurs pamphlets polémiques, il prend position à de nombreuses reprises, s’il estime qu’il y a une injustice à dénoncer.

Il choisit de publier ses écrits sous un pseudonyme, après un séjour de onze mois, en 1717, à la Bastille, où il est emprisonné à la suite de l’écriture de vers se moquant du pouvoir en place.
En 1718, sous le pseudonyme de Voltaire, il connaît son premier succès avec Œdipe. Mais ses soucis ne s’arrêtent pas là... 
En France, opposé à la politique des autorités, il est interné en 1726 à la Bastille, puis exilé en Angleterre d’où il est autorisé à revenir en 1728.
En 1753, de nouveau interdit de séjour en France, il se réfugie près de Genève, puis acquiert en 1759 un domaine à Ferney, où il vit jusqu’en 1778. Ferney est choisi en raison de sa proximité avec la frontière, utile en cas de nouveaux problèmes avec l'administration royale, et de Genève, ville de son grand rival Jean-Jacques Rousseau.

Jean Huber (1721-1786), peintre genevois, se fait d'abord connaître comme découpeur de silhouettes. On connaît de lui de très nombreuses découpures de Voltaire, qu'il fréquente régulièrement depuis son installation près de la Suisse, étant parfois surnommé "Huber-Voltaire".

Il représente Voltaire à plusieurs moments, enfilant sa culotte tout en dictant une lettre, ou bien jouant aux échecs avec le Père Adam, ou lors d’un dîner avec d’autres philosophes, dîner où on reconnaît immédiatement à gauche de Voltaire : le peintre Huber-Voltaire, puis Diderot (extrême gauche), à sa droite, d'Alembert, et face à lui, de dos, probablement Condorcet.

Il s’est aussi représenté vu de 3/4 de dos, en buste, en train de faire le portrait de Voltaire !

Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785) est un sculpteur français célèbre pour ses sculptures de grands intellectuels comme Voltaire ou Diderot.

En 1770, une société de gens de lettres, parmi lesquels Diderot et d’Alembert, décide de rendre hommage à Voltaire en lui érigeant, de son vivant, ce qui est l’apanage des rois, une statue de marbre. Une souscription publique est lancée pour la financer. Pour Voltaire, cette commande est un immense honneur. Toutefois, déjà âgé et dans un état de santé fragile, il exprime quelques réserves.

Pigalle veut sculpter Voltaire entièrement nu, hormis un drapé. Cette idée fait scandale. Pour les adeptes du retour à l’antique, le nu permet de représenter les héros, dont rien ne peut surpasser la beauté et la force... Mais un vieillard ? D’autant que, loin d’idéaliser son modèle, Pigalle le représente dans toute sa déchéance physique : corps décharné, peau flasque, veines saillantes…

Cette sculpture fait aujourd'hui partie des plus grands chefs-d'œuvre du Louvre. L'étude anatomique du corps vieillissant est remarquable pour son réalisme, tandis que l'effet de draperie, la pose dynamique et le regard élevé subliment le génie représenté.

Jean-Antoine Houdon (1741-1828) est un sculpteur français, réputé pour le réalisme de ses statues et autres œuvres.

Les cours d’Europe lui passent plusieurs commandes. A partir de 1778, il réalise quatre portraits de Voltaire, dont le "Voltaire assis" conservé à Paris à la Comédie-Française. De plus, il moule le masque mortuaire de Voltaire en 1778.

Ah, enfin une statue de Voltaire acceptable, même si c’est un vieillard décharné, drapé dans une immense toge !


Les œuvres affichées :
1 – Voltaire assis, par Jean-Antoine Houdon, vers 1781, Comédie Française, Paris
2 – Le lever de Voltaire, par Jean Huber, vers 1768-1772, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
3 – Voltaire nu, par Jean-Baptiste Pigalle, vers 1776, Musée du Louvre, Paris  


Pour aller plus loin :

Commencer par relire toute l'oeuvre de Voltaire... ou plus simple :

Qui en veut à la marquise du Châtelet ? Sa servante est brutalement assassinée, et la voilà aux prises avec la police… quand elle n’est pas occupée avec le brillant mathématicien Maupertuis, son amant. Son amant ? Voltaire, dans Élémentaire, mon cher Voltaire ! ne l’entend pas de cette oreille, ne reculant devant aucun stratagème pour déjouer la mécanique du crime, dans cette série de romans policiers écrite par Frédéric Lenormand.

Voltaire en bande dessinées, dans Le culte de l'ironie ! Château de Ferney, 1765, Voltaire reçoit son biographe. Lors d'entretiens, il raconte, des épisodes marquants de son parcours : enfance, désir d'ascension sociale, notoriété acquise par des pamphlets sulfureux, prison, exil, participation à l'Encyclopédie... Sans oublier d'être attentif à son temps, et particulièrement à l'affaire du chevalier de La Barre.

1761, Toulouse. Marc-Antoine Calas est découvert pendu. Son père, le calviniste Jean Calas, est injustement accusé de l'avoir étranglé. Après un simulacre de procès, il est condamné à mort. Roué, il est étranglé et brûlé. L'écrivain Voltaire n'aura de cesse d'ameuter l'Europe des Lumières pour la réhabilitation de Calas. Claude Rich est incomparable dans le film Voltaire et l'affaire Calas.


Voltaire a dit "Le bonheur est souvent la seule chose qu'on puisse donner sans l'avoir et c'est en le donnant qu'on l'acquiert.".  

Soyez heureux !




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