Mai 1945, crépuscule des perdants
Credits image :
Reims, 7 mai 1945, 2h41 du matin. Un photographe immortalise les officiers militaires signant la reddition allemande. Au premier plan, de dos, les plénipotentiaires allemands, dont le général Alfred Jodl, chef d'État-major de la Wehrmacht. De face, des généraux anglais, français, américains et russes.

Pourquoi Reims ? À la mi-février 1945, le général Eisenhower, chef du corps expéditionnaire allié en Europe, décide d’y transférer son QG, dans les locaux du collège moderne et technique.

Hitler se suicide le 30 avril, désignant le grand amiral Karl Dönitz comme son successeur. Afin de poursuivre le combat contre les Soviétiques, celui-ci tente d'obtenir un cessez-le-feu séparé avec les alliés occidentaux, que Eisenhower refuse. Il accrédite alors le général Alfred Jodl à signer la capitulation.

 La cessation des combats est fixée au lendemain 8 mai, à 23h01. En effet, afin qu'elles ne tombent pas aux mains des Russes, Alfred Jodl a réussi à obtenir un délai pour déplacer en zone occidentale un maximum de populations civiles et militaires allemandes.

Quand Staline apprend que la capitulation a été signée à Reims, il explose de colère. Selon lui, l’URSS a essuyé les pertes humaines les plus importantes. Il exige qu’une seconde reddition allemande soit ratifiée à Berlin, au cœur du IIIe Reich, dans la zone d’occupation soviétique.

L'ancien casino des officiers de l'Ecole de génie de la Wehrmacht, à Berlin, devient en 1945 le siège de l'administration militaire soviétique en Allemagne. Y sont alors réunis, le 8 mai, le maréchal Keitel pour le haut commandement allemand, le maréchal Joukov pour le commandement de l’Armée rouge, le maréchal Tedder au nom des alliés, ainsi que, à titre de témoins, le général de Lattre de Tassigny, commandant en chef de la 1re armée française, et le général Spaatz, commandant américain.

Pour les Russes, comme pour les alliés, la France a perdu la guerre. On le fait clairement sentir à de Lattre qui n’est même pas attendu lorsque son avion atterrit à Berlin. C’est grâce à ses talents de diplomate qu’un drapeau français est installé, qu’il peut apposer sa signature en bas de l'acte, et que des toasts sont portés en l'honneur de De Gaulle, de l'armée française et de la France. C'est au maréchal Keitel qu'appartient le seul mot historique de la soirée. Découvrant le drapeau tricolore, et apercevant de Lattre, il murmure : "Ach ! il y a aussi les Français. Il ne manquait plus que cela !".

L’acte de capitulation entre en vigueur le 8 mai 1945 à 23h01, heure de Berlin, soit le 9 mai 1h01 à Moscou. Pour l’Europe, c’est le 8 mai que l’on célèbre la victoire des Alliés, tandis que les Russes la célèbrent le 9 mai.

Artiste fécond de la première moitié du 20e siècle, Lucien Jonas (1880-1947) aborde des thèmes d’une grande diversité : paysages, scènes religieuses et portraits, mais aussi militaires, étant peintre des Armées. Le tableau ci-dessus est une peinture de la photographie de la salle de signature du 7 mai. Il est réalisé pour être offert par le maire de Reims, le 6 avril 1946, à l’ambassadeur des États-Unis, comme témoignage de l'amitié franco-américaine. Une réplique est exposée au Musée de la Reddition de Reims. 


Des idées de visites :  

Le Musée de la Reddition, à Reims, est situé dans l’école ayant servi de QG à Eisenhower. La salle de la signature est classée Monument Historique, et est restée dans son état d’origine. Le Musée-Mémorial, à Caen, revient largement sur l’année 1945.
Le Museum Berlin-Karlshorst est, à Berlin, le Musée-Mémorial de la capitulation allemande. C'est ici que le 8 mai 1945, est signée la 2ème reddition. La salle de la capitulation est restée dans son état d'origine.


Et pour aller plus loin :

Ne manquez pas de regarder l’excellent documentaire 8 Mai 1945. Daniel Costelle et Isabelle Clarke nous font revivre la journée du 8 mai 1945 dans le monde entier. Un film en grande partie en couleur, des images d’archives inédites sur une journée historique ! Un beau et intéressant livre accompagne ce documentaire.

L’ouvrage 1945 la chute, dans la collection Figaro Hors-série, offre un éclairage unique sur l'année 1945, ses espoirs et ses défis : les grandes batailles précipitant la fin du conflit, l'immense effort de reconstruction et les tensions qui ont suivi.


L’Allemagne vaincue, les hostilités cessent en Europe, mais continuent dans le Pacifique. Il faut encore attendre août 1945 pour que l’Empire du Soleil levant capitule à son tour... Mais ça c’est une autre histoire.


Bonnes commémorations des 80 ans !




Vous aussi, publiez vos propres articles
sur TartinesDeCulture !
Je m'inscris