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Lassitude, André Bergevin, 1923, collection particulière
Le
12 November 2024,
L'Académie Julian est une école privée de peinture et de sculpture, restée célèbre pour le nombre
et la qualité des artistes, femmes et hommes, l’ayant fréquentée entre la fin
du 19e siècle et le premier quart du 20e siècle.
Elle est imaginée en 1866 par Rodolphe Julian (1839-1907), peintre modeste qui a exposé au Salon des Refusés en 1863. Ancien élève de l'École des Beaux-Arts, et ne parvenant pas à vivre de sa peinture, il décide de fonder une école.
Le concours d’entrée aux Beaux-Arts est très difficile. Partant de ce constat, Rodolphe Julian souhaite créer une école ayant pour but d'offrir la possibilité de se préparer au concours, en basant les apprentissages sur l'anatomie, la figure et la perspective.
Après des débuts difficiles, ce n'est véritablement qu'en 1868 que l'activité de l'Académie Julian se développe. Le succès est alors au rendez-vous. Après quelques années, elle s'impose comme la plus courue parmi la trentaine d'académies et d'ateliers que compte alors Paris.
Cette réussite amène Rodolphe Julian à créer d'autres ateliers, et, en 1876, à ouvrir un cours réservé aux femmes. Pour capter une clientèle de femmes bourgeoises, un cours libre réservé aux femmes est créé, où les hommes peuvent poser (en caleçon) en tant que modèles.
Afin d'économiser de l'argent, l'École des Beaux-Arts décourage l'inscription d'étudiants étrangers en imposant à ses candidats une épreuve de langue française réputée difficile. L'Académie Julian attire alors un grand nombre d'étudiants venus de tous les pays d'Europe et du continent américain. Les étudiants sont des apprentis, mais aussi des artistes professionnels dont la réputation est montante, ou des amateurs compétents désireux de perfectionner leur art.
En 1902, Rodolphe Julian possède donc en tout six ateliers répartis sur Paris. Par la qualité de ses enseignants, son Académie acquiert rapidement une certaine renommée, et peut, à partir de 1903, présenter des élèves au célèbre Prix de Rome. Pour tout ceux qui ambitionnent d'exposer dans les Salons ou de se lancer dans une carrière artistique, elle est un formidable tremplin.
Des grands noms de la peinture et de la sculpture sont associés à l'Académie. Comme, parmi les plus célèbres, pêle-mêle, Jean Dubuffet, Jules Adler, Marcel Duchamp, Louise Bourgeois, Alfons Mucha, Pierre Bonnard, Grant Wood, John Singer Sargent, Dora Maar, Diego Rivera, Ossip Zadkine et Henri Matisse, ainsi que les créateurs du mouvement Nabis.
Le peintre normand Albert Bergevin (1887-1974) intègre l'Académie Julian en 1903, puis, vers 1906-1907, il rejoint l'Académie Ranson.
Dans ses Carnets, il évoque ses souvenirs de l'Académie Julian : "Je revois le vaste [...] local poussiéreux et sale où nous étudions [sic] chaque jour le modèle vivant, où les uns préparaient l'École des beaux-arts et le prix de Rome alors que d'autres se sentaient attirés vers l'art indépendant […].".
Né à Avranches où son père tient un magasin d’antiquités, Albert Bergevin est très tôt attiré par la vie artistique. Dès 1903, il se rend à Paris où il suit les cours des Académies Julian et Ranson et de l’École des Beaux-Arts. Il expose régulièrement au Salon d’Automne, puis participe au Salon des Indépendants avant et après la première guerre mondiale.
En 1928, il s’installe définitivement à Avranches, où, en 1965, fait don au musée municipal d’une cinquantaine de toiles et de nombreux dessins.
Sa peinture franche et déliée s’inscrit dans le mouvement postimpressionniste. Elève de Maurice Denis et de Paul Sérusier, il côtoie les grands noms de la peinture du début du siècle, mais ne réussit pas à percer.
Observateur minutieux du monde qui l’entoure, il peint les paysages normands, les événements du quotidien, le marché de la ville, les places, sa famille, les journées à la plage, les "petites" gens, les particularismes de sa région, les devantures d’échoppes, les métiers… Son affiche publicitaire de 1921, pour le Mont-Saint-Michel, est restée célèbre.
À l’occasion des 50 ans de sa disparition, l’exposition "Albert Bergevin, regards sensibles", au Scriptorial d’Avranches, jusqu’au 8 mars 2025, retrace sa vie et son œuvre. 140 toiles et tableaux y sont présentés dans un parcours en neuf étapes.
Quelques idées de lecture, assis sur un banc :
Un magnifique ouvrage Albert Bergevin (1887-1974), rempli de superbes reproductions, a été éditée pour l’occasion. Ce beau livre ambitionne de replacer l’artiste avranchinais dans le contexte artistique du premier tiers du 20e siècle.
Gustave Goetschy (1846-1902) est un écrivain, journaliste et critique d'art français. Il a écrit ce petit fascicule L’Académie Julian 1881, encore disponible. Ce texte de 1881 raconte avec une certaine verve les débuts de l’Académie.
Vous ne pourrez plus aller dans une exposition ou un musée sans penser à l’Académie Julian !
Elle est imaginée en 1866 par Rodolphe Julian (1839-1907), peintre modeste qui a exposé au Salon des Refusés en 1863. Ancien élève de l'École des Beaux-Arts, et ne parvenant pas à vivre de sa peinture, il décide de fonder une école.
Le concours d’entrée aux Beaux-Arts est très difficile. Partant de ce constat, Rodolphe Julian souhaite créer une école ayant pour but d'offrir la possibilité de se préparer au concours, en basant les apprentissages sur l'anatomie, la figure et la perspective.
Après des débuts difficiles, ce n'est véritablement qu'en 1868 que l'activité de l'Académie Julian se développe. Le succès est alors au rendez-vous. Après quelques années, elle s'impose comme la plus courue parmi la trentaine d'académies et d'ateliers que compte alors Paris.
Cette réussite amène Rodolphe Julian à créer d'autres ateliers, et, en 1876, à ouvrir un cours réservé aux femmes. Pour capter une clientèle de femmes bourgeoises, un cours libre réservé aux femmes est créé, où les hommes peuvent poser (en caleçon) en tant que modèles.
Afin d'économiser de l'argent, l'École des Beaux-Arts décourage l'inscription d'étudiants étrangers en imposant à ses candidats une épreuve de langue française réputée difficile. L'Académie Julian attire alors un grand nombre d'étudiants venus de tous les pays d'Europe et du continent américain. Les étudiants sont des apprentis, mais aussi des artistes professionnels dont la réputation est montante, ou des amateurs compétents désireux de perfectionner leur art.
En 1902, Rodolphe Julian possède donc en tout six ateliers répartis sur Paris. Par la qualité de ses enseignants, son Académie acquiert rapidement une certaine renommée, et peut, à partir de 1903, présenter des élèves au célèbre Prix de Rome. Pour tout ceux qui ambitionnent d'exposer dans les Salons ou de se lancer dans une carrière artistique, elle est un formidable tremplin.
Des grands noms de la peinture et de la sculpture sont associés à l'Académie. Comme, parmi les plus célèbres, pêle-mêle, Jean Dubuffet, Jules Adler, Marcel Duchamp, Louise Bourgeois, Alfons Mucha, Pierre Bonnard, Grant Wood, John Singer Sargent, Dora Maar, Diego Rivera, Ossip Zadkine et Henri Matisse, ainsi que les créateurs du mouvement Nabis.
Le peintre normand Albert Bergevin (1887-1974) intègre l'Académie Julian en 1903, puis, vers 1906-1907, il rejoint l'Académie Ranson.
Dans ses Carnets, il évoque ses souvenirs de l'Académie Julian : "Je revois le vaste [...] local poussiéreux et sale où nous étudions [sic] chaque jour le modèle vivant, où les uns préparaient l'École des beaux-arts et le prix de Rome alors que d'autres se sentaient attirés vers l'art indépendant […].".
Né à Avranches où son père tient un magasin d’antiquités, Albert Bergevin est très tôt attiré par la vie artistique. Dès 1903, il se rend à Paris où il suit les cours des Académies Julian et Ranson et de l’École des Beaux-Arts. Il expose régulièrement au Salon d’Automne, puis participe au Salon des Indépendants avant et après la première guerre mondiale.
En 1928, il s’installe définitivement à Avranches, où, en 1965, fait don au musée municipal d’une cinquantaine de toiles et de nombreux dessins.
Sa peinture franche et déliée s’inscrit dans le mouvement postimpressionniste. Elève de Maurice Denis et de Paul Sérusier, il côtoie les grands noms de la peinture du début du siècle, mais ne réussit pas à percer.
Observateur minutieux du monde qui l’entoure, il peint les paysages normands, les événements du quotidien, le marché de la ville, les places, sa famille, les journées à la plage, les "petites" gens, les particularismes de sa région, les devantures d’échoppes, les métiers… Son affiche publicitaire de 1921, pour le Mont-Saint-Michel, est restée célèbre.
À l’occasion des 50 ans de sa disparition, l’exposition "Albert Bergevin, regards sensibles", au Scriptorial d’Avranches, jusqu’au 8 mars 2025, retrace sa vie et son œuvre. 140 toiles et tableaux y sont présentés dans un parcours en neuf étapes.
Quelques idées de lecture, assis sur un banc :
Un magnifique ouvrage Albert Bergevin (1887-1974), rempli de superbes reproductions, a été éditée pour l’occasion. Ce beau livre ambitionne de replacer l’artiste avranchinais dans le contexte artistique du premier tiers du 20e siècle.
Gustave Goetschy (1846-1902) est un écrivain, journaliste et critique d'art français. Il a écrit ce petit fascicule L’Académie Julian 1881, encore disponible. Ce texte de 1881 raconte avec une certaine verve les débuts de l’Académie.
Vous ne pourrez plus aller dans une exposition ou un musée sans penser à l’Académie Julian !