Une idée en or: gethan&myles au Mucem
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Récemment, nous avons  visité pour vous les réserves du Mucem. Aujourd'hui, nous vous proposons une incursion dans l'exposition "star" du moment au musée marseillais, intitulée tout simplement "Or".   

Objet de convoitise et de conquête, traditionnellement symbole de pouvoir et de richesse, l’or est, par sa plasticité même, le matériau de toutes les métamorphoses, qualité faisant de lui un support privilégié dans les arts. On croise ainsi au fil de l'exposition des objets précieux, plus ou moins anciens, des créations originales, des tableaux, des extraits de films… Une belle exposition transversale qui nous fait appréhender la matière précieuse d'un autre œil.  

L'idée généreuse des artistes gethan&myles  

Le Mucem est un musée des arts populaires, des traditions et du quotidien. A travers une exposition consacrée à l'or, comment traduire cette vocation? Le musée y parvient avec brio grâce à une création du duo d'artistes anglo-saxons gethan&myles réalisée pour l’exposition : ils ont racheté des bijoux au Crédit municipal de Marseille (Mont de Piété), et nous en racontent l'histoire.   Pour y parvenir, ils ont dû retrouver les personnes qui ont apporté ces bijoux au Mont de Piété (premier défi, car en principe les personnes qui font ces dépôts souhaitent rester anonymes), puis recueillir leurs témoignages sur l’histoire, l’importance de ces objets dans leur histoire familiale (deuxième défi, car il faut mobiliser les souvenirs et accepter une certaine intimité) et de les restituer au public.   Les bijoux sont présentés au Mucem dans une installation éphémère qui irrigue toute l’exposition, dans de petites vitrines sous lesquelles on peut lire le témoignage recueilli, avant d’être restitués à leurs anciens propriétaires : gethan&myles ont en effet souhaité consacrer leur budget de production – 10 000 € - à ce rachat-restitution. Une idée généreuse et originale, car elle permet dans le même geste de restituer l'objet et de valoriser l'histoire qui y est associée, tout en la partageant avec le plus grand nombre.

Réduire la distance entre rêve et réalité    

Notons aussi la poésie du titre de cette installation "Lazare The Space Between How Things Are And How We Want Them To Be". Lazare est selon la tradition chrétienne, le saint patron de Marseille, celui qui le premier évangélisa la ville. On peut ainsi le voir comme le protecteur qui vient, un beau jour, restituer les biens mis au mont de piété (comme par miracle). Mais c'est la deuxième partie du titre qui m'intéresse surtout: "L'espace entre les choses telles qu'elles sont et telles que nous voudrions qu'elles soient". Il y a dans cette phrase beaucoup de mélancolie, d'espoir aussi, et d'une certaine façon les artistes ont réduit cette distance. Pendant un instant, au moment où les personnes qui avaient déposé ces biens à la si grande valeur sentimentale ont reçu le coup de fil qui leur annonçait qu'on allait leur rendre leurs bijoux, les choses ont été exactement comme elles rêvaient qu'elles soient. Chaque objet exposé est d'ailleurs reproduit dans la vitrine sous forme d'aquarelle bleue, comme un "décalque" de la forme de l'objet, ou son ombre aquatique. Une manière délicate d'évoquer le souvenir qui s'estompe, ou la trace presque invisible que laisse l'objet une fois qu'il a déserté les biens de son propriétaire. 

Une magie bien réelle que nous vous invitons à approcher cet été.  

Après une telle visite, vous serez persuadés que les objets inanimés(surtout s'ils sont en or) ont bel et bien une âme!  

Sonia Zannad / Mes sorties culture

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