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Etude de babouches, Eugène Delacroix, 1832 © Musée du Louvre
Le
5 June 2018,
Qui
n’a jamais eu envie de chausser des bottes de 7 lieues pour faire le tour du
monde ? Parmi la cohue, au Louvre, ce petit tableau devant lequel personne ne s’arrêtait a laissé
votre rédacteur bien perplexe…
Pourquoi peindre quatre babouches ? Et pourquoi pas deux ? Peindre deux babouches semblerait plus logique, une pour chaque pied. Mais s’il y en quatre, c’est qu’il y a deux personnes. Où donc le peintre les a-t-il cachées ? On a beau regarder chaque grain du tableau, nulle trace des quatre personnages. Et pourquoi pas une coquette qui aurait plein de paires de babouches remplissant ses coffres ?
Je préfère imaginer que le peintre se joue de nous, en nous laissant compter les chaussures et chercher leurs propriétaires. Mais des propriétaires qui seraient nu-pieds ? C’est donc qu’ils ne sont pas loin de leurs babouches. Juste sur le lit à côté, un livre à la main, peut-être un livre de Baudelaire, Dumas ou Théophile Gautier, amis du peintre. Ou regardant par la fenêtre, le désert qui s’en va, déroulant son tapis de sable.
Mais ces babouches nous disent qu’il fait chaud, et qu’on est mieux sans chaussure. On entend le soleil taper dans les petites rues de la médina. Les fenêtres sont presque fermées et les moucharabieh occultées. Il fait donc sombre dans la pièce.
On entend une mouche voler dans l’air épais. Tout est immobile.
Ces babouches reprendront vie en même temps que leurs propriétaires. La magie sera alors brisée… Gling !
En 1832, le peintre Eugène Delacroix entreprend un voyage qui le conduit de Tanger à Meknès, à travers des populations et des paysages qui émerveillent le peintre et nourrissent à la fois carnets de dessins et récits de route. Il en ressortira de magnifiques tableaux, colorés et chaleureux.
Votre rédacteur, le temps de quelques lignes, a choisi, en enfilant les babouches du tableau, de mettre ses pas dans ceux de Delacroix, et de s’envoler pour le Maroc.
Si vous souhaitez partir aussi, une visite à l’exposition Delacroix, au Louvre, c’est magique. Il y a aussi des visites famille, pour les bambins. En fredonnant, avec eux, la chanson de Félix Leclerc :
Moi mes souliers ont beaucoup voyagé
Ils m'ont porté de l'école à la guerre
J'ai traversé sur mes souliers ferrés
Le monde et sa misère
Moi mes souliers ont passé dans les prés
Moi mes souliers ont piétiné la lune
Puis mes souliers ont couché chez les fées
Et fait danser plus d'une.
Pierre Loti a roulé sa bosse jusqu’au Maroc, et, dans un livre sobrement intitulé Au Maroc, en a ramené des images somptueuses : Il y raconte le périple d’une mission diplomatique de Tanger à Fez, et au retour, de Meknès à Tanger.
Changeons d'époque, votre rédacteur a un petit faible pour Humphrey Bogart dans le film Casablanca.
Et pour les fondus de Delacroix, la collection Découvertes de Gallimard a fait un livre qui lui est consacré, intitulé Une fête pour l’œil.
Bon Voyage !
Pourquoi peindre quatre babouches ? Et pourquoi pas deux ? Peindre deux babouches semblerait plus logique, une pour chaque pied. Mais s’il y en quatre, c’est qu’il y a deux personnes. Où donc le peintre les a-t-il cachées ? On a beau regarder chaque grain du tableau, nulle trace des quatre personnages. Et pourquoi pas une coquette qui aurait plein de paires de babouches remplissant ses coffres ?
Je préfère imaginer que le peintre se joue de nous, en nous laissant compter les chaussures et chercher leurs propriétaires. Mais des propriétaires qui seraient nu-pieds ? C’est donc qu’ils ne sont pas loin de leurs babouches. Juste sur le lit à côté, un livre à la main, peut-être un livre de Baudelaire, Dumas ou Théophile Gautier, amis du peintre. Ou regardant par la fenêtre, le désert qui s’en va, déroulant son tapis de sable.
Mais ces babouches nous disent qu’il fait chaud, et qu’on est mieux sans chaussure. On entend le soleil taper dans les petites rues de la médina. Les fenêtres sont presque fermées et les moucharabieh occultées. Il fait donc sombre dans la pièce.
On entend une mouche voler dans l’air épais. Tout est immobile.
Ces babouches reprendront vie en même temps que leurs propriétaires. La magie sera alors brisée… Gling !
En 1832, le peintre Eugène Delacroix entreprend un voyage qui le conduit de Tanger à Meknès, à travers des populations et des paysages qui émerveillent le peintre et nourrissent à la fois carnets de dessins et récits de route. Il en ressortira de magnifiques tableaux, colorés et chaleureux.
Votre rédacteur, le temps de quelques lignes, a choisi, en enfilant les babouches du tableau, de mettre ses pas dans ceux de Delacroix, et de s’envoler pour le Maroc.
Si vous souhaitez partir aussi, une visite à l’exposition Delacroix, au Louvre, c’est magique. Il y a aussi des visites famille, pour les bambins. En fredonnant, avec eux, la chanson de Félix Leclerc :
Moi mes souliers ont beaucoup voyagé
Ils m'ont porté de l'école à la guerre
J'ai traversé sur mes souliers ferrés
Le monde et sa misère
Moi mes souliers ont passé dans les prés
Moi mes souliers ont piétiné la lune
Puis mes souliers ont couché chez les fées
Et fait danser plus d'une.
Pierre Loti a roulé sa bosse jusqu’au Maroc, et, dans un livre sobrement intitulé Au Maroc, en a ramené des images somptueuses : Il y raconte le périple d’une mission diplomatique de Tanger à Fez, et au retour, de Meknès à Tanger.
Changeons d'époque, votre rédacteur a un petit faible pour Humphrey Bogart dans le film Casablanca.
Et pour les fondus de Delacroix, la collection Découvertes de Gallimard a fait un livre qui lui est consacré, intitulé Une fête pour l’œil.
Bon Voyage !