Une bestiole, à l'aide !
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Votre rédacteur est calmement assis, avec un livre, se reposant d’une journée de dur labeur, quand, soudain, un cri aigu emplit la maison : « à l'aide, une araignée, là, énorme ». Pas de délation, le nom de la personne qui a poussé le cri ne sera pas dévoilé. Votre rédacteur s’est donc péniblement levé pour aller occire la pauvre petite bête afin de reprendre sa lecture. Mais le fil était rompu… non, non, pas le fil de la toile de l’araignée. Le fil de la lecture…


Car les araignées ne sont pas toujours petites. Celle de Louise Bourgeois est même gigantesque, sculpture en bronze d’environ 10 mètres de hauteur et de largeur. Sous son corps, un sac contenant 26 œufs en marbre. Et son nom ? Maman. Eh oui ! La mère de l’artiste réparait des tapisseries dans un atelier de restauration textile. L'œuvre lui est dédiée, l’araignée étant une métaphore du filage et du tissage, tout en faisant référence à la protection maternelle.

En plus des installations temporaires, l’araignée Maman est visible, entre autres, à la Tate Modern, à Londres, au Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, au Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, au Musée Guggenheim, à Bilbao.

Mais, à chacun sa bestiole.
 

James Whistler (1834–1903) est un peintre et graveur nord-américain, lié aux mouvements symboliste et impressionniste. Sur certains de ses tableaux il signe, non, non, ne voyez pas des araignées velues et grimpantes partout, il signe d’un… papillon. Il transforme le W de son nom en une figure de papillon. Mais ce dernier n’a pas la même forme d’un tableau à l’autre. Dans les années 1870, c’est devenu un élément très important dans ses œuvres et il l’utilise même dans sa correspondance. Le symbole papillon devient si populaire que les gens ramènent des peintures achetées avant qu’il ne signe d’un papillon afin qu’il en rajoute un. Au fil des ans, le papillon est passé de simple à très complexe et parfois, Whistler lui a ajouté une queue piquante. 

Ses œuvres sont visibles majoritairement aux Etats-Unis, même si certaines sont en Europe (France, Pays-Bas, Royaume Uni). Dans le cadre d’une exposition, quelques-unes sont actuellement accrochées au Musée de l’impressionnisme, à Giverny.

Mais, encore une fois, à chacun sa bestiole.


Salvator Dali rencontre les fourmis la première fois dans son enfance, en observant les restes décomposés de petits animaux dévorés par elles. Il les observe avec répulsion, et les utilise dans son œuvre, comme symbole de pourriture, décomposition, décadence. Pour preuve, une procession de minuscules et frénétiques fourmis, emblèmes de la mort, se promène dans toute son œuvre. N’hésitez pas à les chercher…   

Ici, la belle du 16ème siècle attend du miroir la confirmation de sa jeunesse et de sa beauté. Mais l’image renvoyée n’est pas celle qu’elle espère. Le démon qui lui tire la langue et les fourmis parsemant une robe qui se veut immaculée la ramènent, que dis-je, nous ramènent au temps qui passe, au temps qui fuit.


Votre rédacteur vous laisse avec Michel Jonasz et ses fameuses fourmis rouges et s’en va retrouver son livre. Devinez comment il s’appelle ? Ben voyons, Les fourmis, de Bernard Werber !  


Les œuvres affichées, en plus d'un agrandissement du papillon de Whistler, sont :   
 - Maman (1999), Louis Bourgeois, Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa
 - Study for Mouth of the River (1876-1877) James Whistler
 - Transformation (Femme au miroir) (1974), Salvador Dali, Collection privée


Lors de votre prochaine venue au Musée d'Orsay pour une visite guidée, n'oubliez pas d'aller voir le tableau de James Whistler.


Des livres pour se commettre avec quelques bestioles :   
 - Les fourmis, de Bernard Werber   
 - L’homme qui rétrécit, de Richard Matheson   
 - Dévorés, Charles-Etienne Ferland  

Et un film à ne pas oublier, La mouche tiré du livre Temps morts, la mouche de George Langelaan    


Victor Hugo nous a laissé "J'aime l'araignée", magnifique poème :

J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,
Parce qu’on les hait ;
Et que rien n’exauce et que tout châtie
Leur morne souhait ; 

Parce qu’elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ;
Parce qu’elles sont les tristes captives
De leur guetapens ; 

Parce qu’elles sont prises dans leur oeuvre ;
Ô sort ! fatals noeuds !
Parce que l’ortie est une couleuvre,
L’araignée un gueux; 

Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,
Parce qu’on les fuit,
Parce qu’elles sont toutes deux victimes
De la sombre nuit… 

Passants, faites grâce à la plante obscure,
Au pauvre animal.
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! plaignez le mal ! 

Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;
Tout veut un baiser.
Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublie
De les écraser, 

Pour peu qu’on leur jette un oeil moins superbe,
Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Murmurent : Amour !


Votre rédacteur vous souhaite des joyeuses petites bêtes velues, volantes, grimpantes, piquantes ! 

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