Credits image :
Talleyrand par François Gérard, 1808
Le
19 November 2016,
La palme de l’art de la négociation de la paix revient sûrement à Talleyrand « N'expliquez jamais les raisons pour lesquelles vous prenez une décision : la décision peut être bonne et les raisons mauvaises. »
Sa vie en quelques phrases...
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, communément nommé Talleyrand, est un homme d'État et diplomate français, né en 1754 et décédé en 1838.
Issu d'une famille de la haute noblesse, souffrant d'un pied bot, il est orienté par sa famille vers la carrière ecclésiastique en vue de lui permettre de succéder à son oncle, l'archevêque de Reims : ordonné prêtre en 1779, il est nommé en 1788 évêque d'Autun. Il renonce à la prêtrise et quitte le clergé pendant la Révolution pour mener une vie laïque.
Talleyrand occupe des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie et sous la plupart des régimes successifs que la France connaît à l'époque :
- il est notamment agent général du clergé puis député aux États généraux sous l'Ancien Régime,
- président de l'Assemblée nationale et ambassadeur pendant la Révolution française,
- ministre des Relations extérieures sous le Directoire, le Consulat puis sous le Premier Empire,
- président du gouvernement provisoire, ambassadeur, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres sous la Restauration, avec Louis XVIII,
- ambassadeur sous la Monarchie de Juillet.
Il assiste aux couronnements de Louis XVI (1775), Napoléon Ier (1804) et Charles X (1825).
Il intervient fréquemment dans les questions économiques et financières, pour lesquelles son acte le plus fameux est la proposition de nationalisation des biens du clergé.
Toutefois, sa renommée provient surtout de sa carrière diplomatique exceptionnelle, dont l'apogée est le congrès de Vienne.
Homme des Lumières, libéralconvaincu, tant du point de vue politique et institutionnel que social et économique, Talleyrand théorise et cherche à appliquer un « équilibre européen » entre les grandes puissances.
Réputé pour sa conversation, son esprit et son intelligence, il mène une vie entre l'Ancien Régime et le 19ème siècle.
Surnommé le « diable boiteux », et décrit comme un traître cynique plein de vices et de corruption, ou au contraire comme un dirigeant pragmatique et visionnaire, soucieux d'harmonie et de raison, admiré ou détesté par ses contemporains, il suscite de nombreuses études historiques et artistiques.
Le congrès de vienne...
Le congrès de Vienne est une conférence des représentants diplomatiques des grandes puissances européennes qui eut lieu à Vienne du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815, après la chute de Napoléon 1er. C’est, pour la majorité des historiens et des politologues, un exemple de négociation, menée de main de maître par le Prince de Talleyrand.
Il a été dit et écrit que Talleyrand avait sauvé la France lors du congrès de Vienne grâce exclusivement à son talent et son habileté.
Talleyrand dit lui même : « Il fallait un négociateur bien convaincu de l’importance des circonstances, bien pénétré des moyens qui avaient contribué aux changements opérés en France et qui fût en position de faire entendre un langage vrai et ferme aux cabinets qu’il était difficile de distraire de l’idée qu’ils avaient triomphé. Il fallait surtout que le plénipotentiaire français comprit et fît comprendre que la France ne voulait que ce qu’elle avait ; que c’était franchement qu’elle avait répudié l’héritage de la conquête ; qu’elle se trouvait assez forte dans ses anciennes limites ; qu’elle n’avait pas la pensée de les étendre ; qu’enfin, elle plaçait aujourd’hui sa gloire dans sa modération ; mais que si elle voulait que sa voix fût comptée en Europe, c’était pour pouvoir défendre les droits des autres contre toute espèce d’envahissement ».
Il va de soi que Talleyrand s’est considéré d’office comme l’homme de la situation : « Je me crus le droit et je regardai comme un devoir de réclamer ce poste ».
Le Prince rédigea un début de projet et il affirma « Je crois que lorsque l’on connaîtra ces instructions, la France s’honorera du souverain qui les a signées ». Manière habile de flatter Louis XVIII tout en reconnaissant ses propres mérites ! Pour compléter la préparation, Talleyrand constitua une équipe de négociateurs qui aida fortement au succès du Prince.
Talleyrand compléta l’équipe par son fidèle et habile la Besnardière, considéré comme « l’homme le plus distingué qui est paru dans le ministère des Affaires Etrangères depuis un grand nombre d’années ».
La veille de son départ pour Vienne, le roi de France renforça son statut donc son pouvoir de représentation en lui conférant le titre de Prince de Talleyrand.
La première phase étant terminée, il fallait rentrer dans la négociation proprement dite.
A peine arrivé, Talleyrand commença ses visites de courtoisie aux membres du corps diplomatique. Il y obtint une information capitale pour la suite. Il se rendit compte, au milieu de l’échange de politesses, que les représentants des alliés entendaient réserver à eux-mêmes et à eux seuls, la direction du Congrès qui allait s’ouvrir. Talleyrand réussit alors à convaincre Metternich et Nesselrode, avec qui il avait depuis longtemps des relations personnelles, de l’inviter comme simple observateur à une conférence préparatoire qui devait se tenir à la chancellerie des Affaires Etrangères.
Afin de ne pas décevoir le Prince, ils convainquirent leurs collègues anglais et prussiens de l’inviter, ce qui fut fait. « Il s’était fait écouter. Dès lors, tout relève de cette magie qui rayonne de l’intelligence et d’une exquise civilité ». Autrement dit, le loup était dans la bergerie.
« Ce jour là, le Prince avait forcé, sans qu’on y prit garde, la porte d’une citadelle qui jusqu’alors était restée jalousement fermée ».
C’est d’ailleurs lors de cette séance que s’est déroulée la fameuse scène où les plénipotentiaires alliés utilisèrent la formule « Puissances alliées » qui attira la non moins fameuse réplique de Talleyrand : « Alliées, et contre qui ? », réplique qui fut en quelque sorte le pivot qui fit basculer les alliances au sein du Congrès. En effet le Prince, bien que simple observateur invité, signa le procès-verbal de la séance avec ses collègues; cette séance fut, en droit, la première conférence officielle et plénière du Congrès. « Dès lors, la France participa à toutes les conférences tenues entre les grandes puissances ».
Pendant et entre ces événements, Talleyrand n’en continuait pas moins la préparation de ses entretiens et il assurait son calme et sa réflexion par ce que nous appellerions aujourd’hui des séances de relaxation. Un observateur : « … une profonde bergère dans son cabinet. Il s’y rencognait voluptueusement et là, immobile et muet pendant des heures, il méditait. Il préparait ainsi ses entretiens du lendemain ; il mûrissait ses plans, inventait ses pièges et polissait ses mots ; bref, dans un monde purement imaginaire, il créait et répétait le rôle qu’il jouerait le lendemain sur la scène du monde »
Un des principes de Talleyrand : « Je serai doux, conciliant mais positif, ne parlant que des principes et ne m’en écartant jamais ». Une des caractéristiques de l’action de Talleyrand lors des négociations, fut sa référence constante au droit et aux principes afin de limiter le plus possible les concessions coûteuses pour la France.
Une autre illustration de la ligne de conduite de Talleyrand fut le refus quasiment systématique de faire des concessions en invoquant les principes irrévocables :
« Cédez la Saxe et la Russie vous soutiendra pour Naples » lui proposa le Tsar Alexandre. La réponse du Prince fut on ne peut plus claire : « Vous me parlez là d’un marché, et je ne peux pas le faire. J’ai le bonheur de ne pas être si à mon aise que vous. C’est votre volonté, votre intérêt qui vous déterminent, et moi, je suis obligé de suivre des principes ; et les principes ne transigent pas ! ».
Enfin, la forme des textes revêtait une importance capitale pour Talleyrand ; l’anecdote suivante le confirme : Sa nièce, la Duchesse de Dino, lui servait souvent de secrétaire ; un soir, elle ne pense qu’à aller au bal et le Prince lui dicte un texte interminable. Lorsque le document fut terminé, Talleyrand ajouta : « A présent, il faut faire la guerre aux mots ». « Il fallut, en effet, tout revoir, peser toutes les expressions, raturer, changer, jusqu’à ce que le censeur exigeant voulût bien se déclarer satisfait ».
Lors de son arrivée à Vienne, Talleyrand s’installa en grand seigneur fastueux « Qui n’entend être dépassé par personne dans le domaine de la représentation. Il ne s’écoulera pas huit jours qu’on ne sache que, des salons illuminés à la table largement ouverte, des fêtes aux festins, nul ne pourra disputer la prééminence au Prince de Talleyrand pour le luxe des réceptions et la finesse de la chère ».
Ces somptueuses réceptions permettaient au Prince, non seulement de rehausser l’image de la France, mais également de jouer de son influence et d’obtenir des informations.
Deux personnages, hauts en couleur, vont permettre à Talleyrand de se différencier et de se mettre en valeur auprès de ceux qui comptent lors du Congrès : sa nièce, la Duchesse de Dino et son cuisinier Carême, dont le nom, associé à plusieurs spécialités culinaires, est toujours vivace de nos jours, ajoutait une qualité gastronomique non négligée par les membres influents du Congrès
Enfin, le Prince ne manquait pas, lors de ses réceptions, d’assortir les formules de politesse en fonction du rang de ses invités. Lorsqu’il servait la viande, ce qui était, à l’époque, le privilège du maître de maison, il utilisait les formules suivantes :
- Pour un Duc : « Monsieur le Duc, votre Grâce me fera-t-elle l’honneur d’accepter ce bœuf ? »
- Pour un Marquis : « Monsieur le Marquis, accordez-moi l’honneur de vous offrir du bœuf »
- Pour un Comte : « Monsieur le Comte, aurai-je le plaisir de vous envoyer du bœuf ? »
- Pour un Baron : « Monsieur le Baron, voulez-vous du bœuf ? »
- Pour un convive non titré : « Bœuf ? ».
En bilan...
A travers l’histoire, le Prince de Talleyrand a réussi à véhiculer une image d’homme très intelligent, talentueux et habile dans les négociations ; peut-être que les quelques idées développées ci-dessus, démontreront que le talent et l’habileté du négociateur passent d’abord par son professionnalisme.
Nous entendons par professionnalisme l’art de préparer les négociations, de définir la stratégie et les différents scénarios, la recherche d’informations et la conduite de la négociation.Points qui sont recommandés aujourd’hui pour les négociateurs professionnels et dont Talleyrand nous a montré l’exemple, il y a presque deux siècles.
Pour aller plus loin... lisez cet excellent polar Le cuisinier de Talleyrand de Jean-Christophe Duchon-Doris
Bonne lecture et bonne visite guidée au Petit Palais L’art de la Paix - Secrets et trésors de la diplomatie
Sa vie en quelques phrases...
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, communément nommé Talleyrand, est un homme d'État et diplomate français, né en 1754 et décédé en 1838.
Issu d'une famille de la haute noblesse, souffrant d'un pied bot, il est orienté par sa famille vers la carrière ecclésiastique en vue de lui permettre de succéder à son oncle, l'archevêque de Reims : ordonné prêtre en 1779, il est nommé en 1788 évêque d'Autun. Il renonce à la prêtrise et quitte le clergé pendant la Révolution pour mener une vie laïque.
Talleyrand occupe des postes de pouvoir politique durant la majeure partie de sa vie et sous la plupart des régimes successifs que la France connaît à l'époque :
- il est notamment agent général du clergé puis député aux États généraux sous l'Ancien Régime,
- président de l'Assemblée nationale et ambassadeur pendant la Révolution française,
- ministre des Relations extérieures sous le Directoire, le Consulat puis sous le Premier Empire,
- président du gouvernement provisoire, ambassadeur, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres sous la Restauration, avec Louis XVIII,
- ambassadeur sous la Monarchie de Juillet.
Il assiste aux couronnements de Louis XVI (1775), Napoléon Ier (1804) et Charles X (1825).
Il intervient fréquemment dans les questions économiques et financières, pour lesquelles son acte le plus fameux est la proposition de nationalisation des biens du clergé.
Toutefois, sa renommée provient surtout de sa carrière diplomatique exceptionnelle, dont l'apogée est le congrès de Vienne.
Homme des Lumières, libéralconvaincu, tant du point de vue politique et institutionnel que social et économique, Talleyrand théorise et cherche à appliquer un « équilibre européen » entre les grandes puissances.
Réputé pour sa conversation, son esprit et son intelligence, il mène une vie entre l'Ancien Régime et le 19ème siècle.
Surnommé le « diable boiteux », et décrit comme un traître cynique plein de vices et de corruption, ou au contraire comme un dirigeant pragmatique et visionnaire, soucieux d'harmonie et de raison, admiré ou détesté par ses contemporains, il suscite de nombreuses études historiques et artistiques.
Le congrès de vienne...
Le congrès de Vienne est une conférence des représentants diplomatiques des grandes puissances européennes qui eut lieu à Vienne du 18 septembre 1814 au 9 juin 1815, après la chute de Napoléon 1er. C’est, pour la majorité des historiens et des politologues, un exemple de négociation, menée de main de maître par le Prince de Talleyrand.
Il a été dit et écrit que Talleyrand avait sauvé la France lors du congrès de Vienne grâce exclusivement à son talent et son habileté.
Talleyrand dit lui même : « Il fallait un négociateur bien convaincu de l’importance des circonstances, bien pénétré des moyens qui avaient contribué aux changements opérés en France et qui fût en position de faire entendre un langage vrai et ferme aux cabinets qu’il était difficile de distraire de l’idée qu’ils avaient triomphé. Il fallait surtout que le plénipotentiaire français comprit et fît comprendre que la France ne voulait que ce qu’elle avait ; que c’était franchement qu’elle avait répudié l’héritage de la conquête ; qu’elle se trouvait assez forte dans ses anciennes limites ; qu’elle n’avait pas la pensée de les étendre ; qu’enfin, elle plaçait aujourd’hui sa gloire dans sa modération ; mais que si elle voulait que sa voix fût comptée en Europe, c’était pour pouvoir défendre les droits des autres contre toute espèce d’envahissement ».
Il va de soi que Talleyrand s’est considéré d’office comme l’homme de la situation : « Je me crus le droit et je regardai comme un devoir de réclamer ce poste ».
Le Prince rédigea un début de projet et il affirma « Je crois que lorsque l’on connaîtra ces instructions, la France s’honorera du souverain qui les a signées ». Manière habile de flatter Louis XVIII tout en reconnaissant ses propres mérites ! Pour compléter la préparation, Talleyrand constitua une équipe de négociateurs qui aida fortement au succès du Prince.
Talleyrand compléta l’équipe par son fidèle et habile la Besnardière, considéré comme « l’homme le plus distingué qui est paru dans le ministère des Affaires Etrangères depuis un grand nombre d’années ».
La veille de son départ pour Vienne, le roi de France renforça son statut donc son pouvoir de représentation en lui conférant le titre de Prince de Talleyrand.
La première phase étant terminée, il fallait rentrer dans la négociation proprement dite.
A peine arrivé, Talleyrand commença ses visites de courtoisie aux membres du corps diplomatique. Il y obtint une information capitale pour la suite. Il se rendit compte, au milieu de l’échange de politesses, que les représentants des alliés entendaient réserver à eux-mêmes et à eux seuls, la direction du Congrès qui allait s’ouvrir. Talleyrand réussit alors à convaincre Metternich et Nesselrode, avec qui il avait depuis longtemps des relations personnelles, de l’inviter comme simple observateur à une conférence préparatoire qui devait se tenir à la chancellerie des Affaires Etrangères.
Afin de ne pas décevoir le Prince, ils convainquirent leurs collègues anglais et prussiens de l’inviter, ce qui fut fait. « Il s’était fait écouter. Dès lors, tout relève de cette magie qui rayonne de l’intelligence et d’une exquise civilité ». Autrement dit, le loup était dans la bergerie.
« Ce jour là, le Prince avait forcé, sans qu’on y prit garde, la porte d’une citadelle qui jusqu’alors était restée jalousement fermée ».
C’est d’ailleurs lors de cette séance que s’est déroulée la fameuse scène où les plénipotentiaires alliés utilisèrent la formule « Puissances alliées » qui attira la non moins fameuse réplique de Talleyrand : « Alliées, et contre qui ? », réplique qui fut en quelque sorte le pivot qui fit basculer les alliances au sein du Congrès. En effet le Prince, bien que simple observateur invité, signa le procès-verbal de la séance avec ses collègues; cette séance fut, en droit, la première conférence officielle et plénière du Congrès. « Dès lors, la France participa à toutes les conférences tenues entre les grandes puissances ».
Pendant et entre ces événements, Talleyrand n’en continuait pas moins la préparation de ses entretiens et il assurait son calme et sa réflexion par ce que nous appellerions aujourd’hui des séances de relaxation. Un observateur : « … une profonde bergère dans son cabinet. Il s’y rencognait voluptueusement et là, immobile et muet pendant des heures, il méditait. Il préparait ainsi ses entretiens du lendemain ; il mûrissait ses plans, inventait ses pièges et polissait ses mots ; bref, dans un monde purement imaginaire, il créait et répétait le rôle qu’il jouerait le lendemain sur la scène du monde »
Un des principes de Talleyrand : « Je serai doux, conciliant mais positif, ne parlant que des principes et ne m’en écartant jamais ». Une des caractéristiques de l’action de Talleyrand lors des négociations, fut sa référence constante au droit et aux principes afin de limiter le plus possible les concessions coûteuses pour la France.
Une autre illustration de la ligne de conduite de Talleyrand fut le refus quasiment systématique de faire des concessions en invoquant les principes irrévocables :
« Cédez la Saxe et la Russie vous soutiendra pour Naples » lui proposa le Tsar Alexandre. La réponse du Prince fut on ne peut plus claire : « Vous me parlez là d’un marché, et je ne peux pas le faire. J’ai le bonheur de ne pas être si à mon aise que vous. C’est votre volonté, votre intérêt qui vous déterminent, et moi, je suis obligé de suivre des principes ; et les principes ne transigent pas ! ».
Enfin, la forme des textes revêtait une importance capitale pour Talleyrand ; l’anecdote suivante le confirme : Sa nièce, la Duchesse de Dino, lui servait souvent de secrétaire ; un soir, elle ne pense qu’à aller au bal et le Prince lui dicte un texte interminable. Lorsque le document fut terminé, Talleyrand ajouta : « A présent, il faut faire la guerre aux mots ». « Il fallut, en effet, tout revoir, peser toutes les expressions, raturer, changer, jusqu’à ce que le censeur exigeant voulût bien se déclarer satisfait ».
Lors de son arrivée à Vienne, Talleyrand s’installa en grand seigneur fastueux « Qui n’entend être dépassé par personne dans le domaine de la représentation. Il ne s’écoulera pas huit jours qu’on ne sache que, des salons illuminés à la table largement ouverte, des fêtes aux festins, nul ne pourra disputer la prééminence au Prince de Talleyrand pour le luxe des réceptions et la finesse de la chère ».
Ces somptueuses réceptions permettaient au Prince, non seulement de rehausser l’image de la France, mais également de jouer de son influence et d’obtenir des informations.
Deux personnages, hauts en couleur, vont permettre à Talleyrand de se différencier et de se mettre en valeur auprès de ceux qui comptent lors du Congrès : sa nièce, la Duchesse de Dino et son cuisinier Carême, dont le nom, associé à plusieurs spécialités culinaires, est toujours vivace de nos jours, ajoutait une qualité gastronomique non négligée par les membres influents du Congrès
Enfin, le Prince ne manquait pas, lors de ses réceptions, d’assortir les formules de politesse en fonction du rang de ses invités. Lorsqu’il servait la viande, ce qui était, à l’époque, le privilège du maître de maison, il utilisait les formules suivantes :
- Pour un Duc : « Monsieur le Duc, votre Grâce me fera-t-elle l’honneur d’accepter ce bœuf ? »
- Pour un Marquis : « Monsieur le Marquis, accordez-moi l’honneur de vous offrir du bœuf »
- Pour un Comte : « Monsieur le Comte, aurai-je le plaisir de vous envoyer du bœuf ? »
- Pour un Baron : « Monsieur le Baron, voulez-vous du bœuf ? »
- Pour un convive non titré : « Bœuf ? ».
En bilan...
A travers l’histoire, le Prince de Talleyrand a réussi à véhiculer une image d’homme très intelligent, talentueux et habile dans les négociations ; peut-être que les quelques idées développées ci-dessus, démontreront que le talent et l’habileté du négociateur passent d’abord par son professionnalisme.
Nous entendons par professionnalisme l’art de préparer les négociations, de définir la stratégie et les différents scénarios, la recherche d’informations et la conduite de la négociation.Points qui sont recommandés aujourd’hui pour les négociateurs professionnels et dont Talleyrand nous a montré l’exemple, il y a presque deux siècles.
Pour aller plus loin... lisez cet excellent polar Le cuisinier de Talleyrand de Jean-Christophe Duchon-Doris
Bonne lecture et bonne visite guidée au Petit Palais L’art de la Paix - Secrets et trésors de la diplomatie