Un tour du monde en cabine d'essayage
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Ah, les atours, ceux qui ont de beaux restes ou ceux qui ont fini en oripeaux, les habits costumés ou non, finis en guenilles et haillons à force d’avoir été trop portés… Devenus costars, vêtements et fringues…. Ils font dire de nous, par quelques langues fort malveillantes et non au fait de la mode du jour, "mais quel accoutrement !"… 

De quoi sont-ils faits ? Ah ma bonne dame, mon bon monsieur, il est ma foi impossible de les citer tous : il y a les ceux qui nous viennent de la nuit des temps, ceux qui nous sont arrivés suite aux aléas de l’histoire, puis ceux qui nous viennent de… l’usine d'à côté, matières pétrolifères avec lesquelles, dans les magazines, les robes et chemisiers deviennent "fluides" et "faciles à repasser". 

Le calicot est produit à Calicut en Inde. C’est un coton bon marché, solide, avec un aspect rugueux, pouvant se teindre. Au XIXe siècle à Paris, on appelle "calicot" un vendeur de nouveautés pour la clientèle féminine.

A l’origine, la batiste est une fine toile de lin. L'utilisation de la fibre de lin remonte au néolithique. La légende dit qu'au XIIIe siècle, un tisserand du Cambrésis appelé Baptiste Cambray, met au point un procédé de tissage qui permet de réaliser une toile plus fine. On lui donne le nom de batiste. Cette version n'a cependant aucun fondement historique… Le succès des toiles du Cambrésis dépasse ses frontières. De nos jours, la batiste est un fin tissu…. mais en coton.

L’alpaga est une laine de lamas, souvent mélangée à de la laine de moutons. Poils très doux et très fins, tissu luxueux et très cher, utilisé pour les vestes et les manteaux. L’astrakan désigne la toison des agneaux d’Astrakan. C’est une laine frisée de couleur noire ou brune, utilisée pour les manteaux, chapeaux et cols.

Une Indienne est un tissu de coton peint ou imprimé, fabriqué en Europe entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle. Ces tissus sont généralement dans les tons de rouge à cause de la plante "garance" utilisée pour sa teinture. Ils doivent leur nom au fait qu'ils sont initialement importés des Indes. 

Le madras est une étoffe de coton léger, de couleurs vives, originaire de la ville de Madras, en Inde du Sud. C'est un tissu avec des carreaux ou des rayures. Il est souvent porté par les femmes, à partir de la colonisation, au XVIIe siècle, aux Antlles. 

Le tartan est une étoffe de laine à carreaux de couleurs, typique des peuples celtes, avec laquelle sont faits les kilts écossais. Il s'agit d'un motif de lignes horizontales et verticales entrecroisées, de multiples couleurs. En Écosse, les tartans sont associés aux clans depuis le XIXe siècle. 

Au XVIe siècle, Gênes commercialise une solide toile de laine et de lin servant à fabriquer des voiles pour les navires et des bâches. Importée dans le Nouveau Monde, cette toile "de Gênes" devient le "jeans". En 1853, ce sont des tentes et des bâches faites de ce tissu qu'un certain Lévi Strauss tente de vendre aux chercheurs d'or de Californie. Mais finalement, c'est en y taillant des salopettes et des pantalons, de teinte brune, que son commerce fleurit ! Il décide aux alentours de 1860 de remplacer ce lourd tissu par une toile de coton teintée de bleu indigo, le "denim", évolution du sergé de Nîmes, étoffe produite depuis le XVIIe siècle. C'est la naissance du blue jean

Qui n’a pas mis un jupe en viscose ? Les hommes, me direz-vous… En 1884, les Français inventent une soie artificielle, la viscose, à base de cellulose (tirée du bois ou de coton) et de collodion, remplaçant les vers à soie. La viscose devient mondialement connue dès le début du siècle suivant. D’aspect brillant, elle sert à fabriquer des robes pas chères, des combinaisons et culottes, des doublures ou encore des bas. De nos jours, la viscose est entièrement composée de fibres totalement artificielles.

Un tissu synthétique est obtenu par synthèse de composés chimiques. Ces derniers viennent presque exclusivement d’hydrocarbures. La première fibre synthétique commercialisée en 1938 est le nylon. Depuis de nombreux tissus synthétiques sont apparus dont les fibres acryliques et le polyester.

Le tissu de mensonges existe depuis la nuit des temps. Pourtant on n’est pas, jusqu’à présent, parvenu à en faire des vêtements. Idem pour le tissu d’ordures qu’on se jette à la figure.

Profitez de quelques visites guidées pour découvrir l’histoire passionnante et complexe des tissus et des vêtements : 
- à Lyon, au Musée des Tissus - Musée des Arts Décoratifs
- à Moulins, au Centre national du costume de scène
- à Saint-Etienne, au Musée d'Art et d’Industrie


Le portrait de Louis XIV en costume de sacre a été réalisé en 1701 par le peintre français Hyacinthe Rigaud. Louis XIV y est représenté avec le manteau d’hermine brodé de fleurs de lys. Le manteau du roi est fait de la peau de plusieurs hermines. Chaque hermine est blanche avec un point noir. Les points noirs dans le manteau indiquent le nombre d’hermines nécessaires pour le faire. Suivez le guide et allez compter les points noirs lors d’une visite au Louvre et allez voir ce manteau… oups… ce tableau.

Un bon roman, pour quand on est dans ses draps de percale : Le manteau de Greta Garbo, par Nelly Kaprièlian ou bien Théorie du chiffon, de Marc Lambron : 

Si vous ne l’avez pas encore vu, Le diable s’habille en Prada, avec Meryl Streep

Je ne peux que vous conseiller Modes et Vêtements, dans la collection Découvertes Gallimard

Et pour finir en dentelle, une chanson sur le vêtement qui demande le moins de tissu

Joyeux essayages !


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