Quand Otto Dix portraiture les femmes…
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Otto Dix (1891-1969) est un peintre allemand associé aux mouvements de l'expressionnisme, connu pour ses représentations dures et brutales de la guerre et de la société de Weimar.
Quand la Première Guerre mondiale éclate, il s'engage, en ressort vivant mais complètement traumatisé par les atrocités qu’il a vues. Peindre est le moyen pour lui pour tenter d’oublier… Lorsque le régime nazi s’installe en 1933, son art est considéré comme décalé et "dégénéré", et ses œuvres sont pour la plupart retirées des lieux d'exposition voire brûlées.
Arrêté par la Gestapo, il doit s'engager dans la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il est capturé par les Français.
Lorsque la guerre se termine, Otto Dix reçoit plusieurs prix et distinctions de la part de la République Fédérale Allemande.

Martha Lindner est née en 1895. Très jeune, en plus de la musique, elle s’intéresse aux beaux-arts. Elle commence par être Mme Koch, union qui donne naissance à deux enfants.
En 1921, Otto Dix fait le portrait de son mari et une histoire d'amour se développe alors entre elle et Otto Dix…  qui se conclut par un divorce puis un mariage avec Otto Dix en 1923, avec qui elle aura trois enfants. Entre 1921 et 1933, il fait son portrait dans plus de 70 peintures, tantôt comme une muse, ou alors une mère de famille, ou bien une femme très sophistiquée.
Mais à partir de 1927, le couple bat de l’aile et Otto Dix prend une maîtresse… Martha n’apparaît quasiment plus dans ses peintures. Elle décède en 1985.

Sylvia von Harden, poétesse et journaliste allemande est née en 1894 dans une famille bourgeoise.
Quand Otto Dix réalise son portrait, il est déjà un artiste à la fois reconnu et décrié. Nombreux sont ceux qui veulent se faire portraiturer par lui, au risque de voir leur image distordue. Délaissant ses tableaux sur la guerre, il conçoit une série de portraits : un médecin, un avocat, une chanteuse de cabaret… Quand il accoste Sylvia von Harden, il sait qu'il tient là un modèle singulier. Avec sa coupe à la garçonne, sa cigarette, sa robe au motif géométrique, elle incarne à elle seule la femme libérée du Berlin des années 1920, l'équivalent allemand de Kiki de Montparnasse ou de Gabrielle Chanel.
En 1936, elle fuit l'Allemagne. Elle décède en 1963 au Royaume-Uni. Le tableau d’Otto Dix est acheté à l’artiste en 1961 par l’état français.

Anita Berber est née en 1899. Danseuse, actrice de cinéma, elle ne cache pas sa bisexualité, ne reculant devant rien pour choquer. Elle boit et se drogue. À l'occasion, elle se prostitue par provocation, ou bien se promène nue sous un manteau de fourrure.
L'Allemagne, de 1918 à 1933, connaît une période d'instabilité économique mais aussi de créativité artistique, notamment dans les cabarets où Anita danse ou se contorsionne nue. Otto Dix et sa femme la connaissent à la fois professionnellement – ils l’ont vue danser - et personnellement. En 1925, Otto Dix peint un intrigant portrait d’elle. Plutôt que de la représenter nue, comme on aurait pu s’y attendre, il la moule dans une robe rouge, une main posée sur sa hanche, comme sur une scène, narguant le spectateur.
En 1928, Anita s'effondre lors d'une représentation et décède dans un hôpital pour indigents, à 29 ans, de la tuberculose.

Les tableaux affichés sont les portraits de Otto, Martha, Anita et Sylvia :
1 - Portrait de Madame Martha Dix, Otto Dix, 1928, Museum Folkwang, Essen
2 - Autoportrait avec chevalet, Otto Dix, 1926, Museum Leopold Hoesch, Düren
3 - Portrait de la journaliste Sylvia von Harden, Otto Dix, 1926, Centre Pompidou
4 - Portrait de la danseuse Anita Berber, Otto Dix, 1925, Kunstmuseum Stuttgart, Stuttgart

Et une expo...
N'hésitez pas à aller voir certains de ces portraits à l'exposition "Allemagne / années 20 / nouvelle objectivité / August Sander" qui se trouve au Centre Georges Pompidou. Cet événement offre un panorama multidisciplinaire de l'art allemand des années 1920, de la peinture à la photographie en passant par le design, l’architecture, la musique…


C'est la décennie de l'audace, des toiles expressionnistes, des bals de travestis, des cabarets et du cinéma. Berlin dans les années 1920 est une capitale débordant d'art, d'innovations et d'idéaux. Ce livre plonge ses lecteurs dans l'esprit libre de cette période, à travers des œuvres emblématiques...

Connaissance des Arts édite un hors-série en lien avec cette exposition. Ainsi que Beaux-Arts magazine.


Bonne exposition !


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