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creative commons
Le
18 March 2016,
Une « visite
théâtralisée », qu’est-ce que c’est ? Nous avons voulu en savoir plus :
direction le musée Zadkine, où Maxime Paz nous a accueillis pour une visite
très complète et très plaisante d’1h30. On vous fait partager ce moment !
Aujourd’hui, le soleil brille à travers les vitres du musée Zadkine, qui n’est autre que l’ancienne maison et atelier du sculpteur. Il en fit l’acquisition en 1928 avec sa femme Valentine Prax, artiste elle aussi. Dissimulé au bout d’une impasse, ce musée confidentiel baigné d’une belle lumière mérite vraiment le détour! Nous l’avons découvert en compagnie de Maxime Paz, comédien et guide conférencier, spécialiste de la sculpture, qui aborde chaque visite comme une immersion dans l’univers de l’artiste et sait captiver son auditoire pour le rendre familier d’une esthétique et aussi de l’humain qui la porte. Une visite théâtralisée, en fait, c’est une visite guidée assurée par un comédien expérimenté, qui sait mieux que quiconque interroger l’espace, placer sa voix, et nous aider à rentrer dans la peau des personnages historiques qui ont peuplé ces lieux. Pas de théâtre à proprement parler, et tout le monde peut participer !
Le parcours atypique de Zadkine
Notre guide-comédien nous fait voyager dans le temps, en racontant la jeunesse du petit Zadkine, en Russie. On plonge tout de suite dans l’histoire. Peu doué pour les études, musicien contrarié, il quitte son pays natal à l’adolescence pour apprendre l’anglais chez un cousin éloigné, dans le nord-est de l’Angleterre. Avec lui, il commence à bricoler, fréquente un peu l’école des beaux-arts (dont l’académisme le rebute) et se découvre d’une grande habileté manuelle. Il s’initie à la taille directe sur bois à Londres, puis part vivre la bohème à Paris où il rencontrera le succès assez tôt, à la trentaine, dans les années 1920.
Faire chanter la matière
Maxime s’attarde sur chaque œuvre en interrogeant le public : de quelle matière s’agit-il ? Pas toujours facile de répondre, tant Zadkine a brouillé les pistes. Ce n’est pourtant pas pour se jouer du spectateur que le plâtre ou le bronze ressemblent au bois à s’y méprendre. On le doit plutôt à l’inlassable curiosité exploratoire de Zadkine, qui fait « chanter » la matière et révèle toutes ses qualités et toutes ses ambivalences. Le granit ne lui fait pas peur, malgré sa réputation de pierre difficile à tailler ; le buis non plus. Il les dompte et cherche une forme en adéquation avec l’expressivité propre à chaque matière.. Le guide nous invite à examiner de plus près e rapport charnel du sculpteur à la matière, sa capacité à utiliser ses qualités, ses défauts, les nœuds et les veines du bois, la couleur de l’ébène.
L’élégance des lignes
Ce que nous avons préféré ? Les longilignes silhouettes en bois de la première salle. Au risque de déformer les proportions du corps humain (un peu comme le fait Ingres en peinture), Zadkine respecte la forme de la matière : quand il travaille un morceau de bois, il se sert de l’embranchement, sans le modifier, pour former la fourche des jambes. Il en résulte un art proche de la nature, presque animiste : ses créatures semblent ne faire qu’un avec l’arbre, et Maxime nous invite très poétiquement à imaginer quelles sculptures Zadkine aurait pu réaliser avec les arbres du jardin que l’on aperçoit par la fenêtre : impossible désormais de regarder un arbre sans penser au sculpteur !
Influences et familles de cœur
A travers les sculptures de Zadkine, Maxime dévoile un autre aspect qui infuse l’œuvre : celui des inspirations et du milieu dans lequel baigne alors le sculpteur, l’Ecole de Paris. Dans le sillage de Gauguin, parmi les aînés, il y a Brancusi ; parmi les contemporains, Modigliani et Picasso. Enfin, la correspondance de Théo et Vincent Van Gogh (Vincent est mort l'année de la naissance de Zadkine) a bouleversé le sculpteur, qui la lira et la relira, et réalisera plusieurs sculptures en hommage au peintre maudit, dont l’une (une étude pour un monument visible aux Pays-Bas) est exposée dans le jardin de musée. Bouleversante, elle représente les deux frères qui s’épaulent au sens propre, et partagent même une jambe. La fusion fraternelle à la vie, à la mort.
En bref : une visite vivante, très richement documentée, pleine de surprises, qui vous fera aimer Ossip Zadkine et passer un moment unique et mémorable dans sa charmante demeure, comme s’il s’apprêtait à revenir d’un instant à l’autre.
Pour retrouver toutes les visites guidées du Musée Zadkine, cliquez ici
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Aujourd’hui, le soleil brille à travers les vitres du musée Zadkine, qui n’est autre que l’ancienne maison et atelier du sculpteur. Il en fit l’acquisition en 1928 avec sa femme Valentine Prax, artiste elle aussi. Dissimulé au bout d’une impasse, ce musée confidentiel baigné d’une belle lumière mérite vraiment le détour! Nous l’avons découvert en compagnie de Maxime Paz, comédien et guide conférencier, spécialiste de la sculpture, qui aborde chaque visite comme une immersion dans l’univers de l’artiste et sait captiver son auditoire pour le rendre familier d’une esthétique et aussi de l’humain qui la porte. Une visite théâtralisée, en fait, c’est une visite guidée assurée par un comédien expérimenté, qui sait mieux que quiconque interroger l’espace, placer sa voix, et nous aider à rentrer dans la peau des personnages historiques qui ont peuplé ces lieux. Pas de théâtre à proprement parler, et tout le monde peut participer !
Le parcours atypique de Zadkine
Notre guide-comédien nous fait voyager dans le temps, en racontant la jeunesse du petit Zadkine, en Russie. On plonge tout de suite dans l’histoire. Peu doué pour les études, musicien contrarié, il quitte son pays natal à l’adolescence pour apprendre l’anglais chez un cousin éloigné, dans le nord-est de l’Angleterre. Avec lui, il commence à bricoler, fréquente un peu l’école des beaux-arts (dont l’académisme le rebute) et se découvre d’une grande habileté manuelle. Il s’initie à la taille directe sur bois à Londres, puis part vivre la bohème à Paris où il rencontrera le succès assez tôt, à la trentaine, dans les années 1920.
Faire chanter la matière
Maxime s’attarde sur chaque œuvre en interrogeant le public : de quelle matière s’agit-il ? Pas toujours facile de répondre, tant Zadkine a brouillé les pistes. Ce n’est pourtant pas pour se jouer du spectateur que le plâtre ou le bronze ressemblent au bois à s’y méprendre. On le doit plutôt à l’inlassable curiosité exploratoire de Zadkine, qui fait « chanter » la matière et révèle toutes ses qualités et toutes ses ambivalences. Le granit ne lui fait pas peur, malgré sa réputation de pierre difficile à tailler ; le buis non plus. Il les dompte et cherche une forme en adéquation avec l’expressivité propre à chaque matière.. Le guide nous invite à examiner de plus près e rapport charnel du sculpteur à la matière, sa capacité à utiliser ses qualités, ses défauts, les nœuds et les veines du bois, la couleur de l’ébène.
L’élégance des lignes
Ce que nous avons préféré ? Les longilignes silhouettes en bois de la première salle. Au risque de déformer les proportions du corps humain (un peu comme le fait Ingres en peinture), Zadkine respecte la forme de la matière : quand il travaille un morceau de bois, il se sert de l’embranchement, sans le modifier, pour former la fourche des jambes. Il en résulte un art proche de la nature, presque animiste : ses créatures semblent ne faire qu’un avec l’arbre, et Maxime nous invite très poétiquement à imaginer quelles sculptures Zadkine aurait pu réaliser avec les arbres du jardin que l’on aperçoit par la fenêtre : impossible désormais de regarder un arbre sans penser au sculpteur !
Influences et familles de cœur
A travers les sculptures de Zadkine, Maxime dévoile un autre aspect qui infuse l’œuvre : celui des inspirations et du milieu dans lequel baigne alors le sculpteur, l’Ecole de Paris. Dans le sillage de Gauguin, parmi les aînés, il y a Brancusi ; parmi les contemporains, Modigliani et Picasso. Enfin, la correspondance de Théo et Vincent Van Gogh (Vincent est mort l'année de la naissance de Zadkine) a bouleversé le sculpteur, qui la lira et la relira, et réalisera plusieurs sculptures en hommage au peintre maudit, dont l’une (une étude pour un monument visible aux Pays-Bas) est exposée dans le jardin de musée. Bouleversante, elle représente les deux frères qui s’épaulent au sens propre, et partagent même une jambe. La fusion fraternelle à la vie, à la mort.
En bref : une visite vivante, très richement documentée, pleine de surprises, qui vous fera aimer Ossip Zadkine et passer un moment unique et mémorable dans sa charmante demeure, comme s’il s’apprêtait à revenir d’un instant à l’autre.
Pour retrouver toutes les visites guidées du Musée Zadkine, cliquez ici
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com