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explications dans l'article
Le
13 mai 2025,
Au
début du 19e siècle, le commerce de détail dans les villes européennes se
partage en deux catégories. Tout d’abord, celui dédié à la haute bourgeoisie
faisant ses courses directement à domicile, où elle convoque marchands et
artisans. Pour tous, on trouve des petits établissements dédiés à un seul
produit, comme les merceries ou les parfumeries, ainsi que les étals de rue,
généralement itinérants ou se regroupant en foires et marchés.
Au milieu du 19e siècle, en pleine révolution industrielle, les magasins ne répondent plus aux besoins d'une bourgeoisie florissante qui a de l'argent à dépenser, souhaite suivre la mode et demande l'accès à un large éventail d’objets luxueux. Apparaissent alors les grands magasins, dont le point de départ est... l'espace. Le consommateur doit s’y sentir à l'aise, et libre d’y passer le temps qu’il veut. S’y ajoutent les catalogues par correspondance. Et, bien sûr, la publicité pour attirer le chaland...
Milan, 1865, les frères Bocconi créent leur premier magasin. S’ensuivent moults aventures, changements, destructions et reconstructions. Ils sont à l’origine de la création de la chaîne de grands magasins haut de gamme La Rinascente, spécialisée dans l'habillement et l'équipement pour la maison. En 1921, la publicité de La Rinascente est confiée à Marcello Dudovich (1878-1962), publicitaire, peintre et illustrateur italien.
Sa première affiche publicitaire pour ce grand magasin, très moderne pour l’époque, date de 1921. Elle met en scène un puissant ours polaire, symbole du froid et de l'hiver rigoureux, marchant lentement sous la neige, et une femme heureuse, les yeux levés au ciel, enveloppée d'une cape blanche chaude, assise sur le dos de l'animal. Sa robe décolletée rouge est comme une trace de sang sur le pelage immaculé de l’ours. Son large manteau est blanc comme la fourrure de l'animal. Contraste de couleurs sagement étudié, le fond bleu céruléen met en avant la jeune femme et l’ours.
Cet encart publicitaire obtient un avis enthousiaste de la direction de La Rinascente. Celle-ci lui confiera alors, jusque dans les années 1950, la réalisation de plus de 75 autres affiches. Un succès historique qu'aucun graphiste italien ne pourra jamais battre.
Les affiches créées pour La Rinascente, d’un style richement coloré, coïncident avec des événements ciblés, des ouvertures saisonnières ou des lancements d'articles pour la maison ou la mode. D’un style richement coloré, le sujet central est généralement une femme joyeuse, moderne, élégante et émancipée. Il est très rare de voir une figure masculine dans ses affiches. Ses œuvres respirent la joie de vivre, suggérant au public que l’achat de telle robe ou tel objet le rendra plus heureux… Ce qui est bien le but de la publicité.
La seconde affiche date de 1923. Elle représente l'été. Une jeune femme rieuse, sa robe et son parapluie rouge contrastant sur un champ lumineux, la mer et la plage en arrière-plan, l’affiche renvoie un message simple : habillez-vous pour l'été. De même, cette autre affiche de 1924 est une représentation joyeuse de l’arrivée du printemps : une petite fille tend un bouquet de fleurs à la jeune fille en robe rose, rappelant les fleurs de pêcher. La sobriété et la simplicité montrent qu’un simple bouquet de fleurs peut représenter un passage de saison.
La troisième affiche date de 1934. Une jeune femme élégante, marchant d’un pas vif. Avec son chapeau et ses gants, on la devine fortunée, pressée d’aller au concert ou au théâtre, ou bien à un dîner en ville parmi des gens tous aussi fortunés qu’elle. Quelle femme ne voudrait pas posséder cette silhouette élancée et mince, moulée de cette robe faite exclusivement pour elle ? Et quel homme ne voudrait être son compagnon ?
Marcello Dudovich est l'un des affichistes majeurs d'Italie. Il crée au cours de sa carrière plus de 600 affiches publicitaires, dont beaucoup sont consacrées, en plus de la mode, aux loisirs populaires, comme la montagne, la mer et la plage. Il est l'un des pères de la publicité italienne moderne.
L’exposition "L'art est dans la rue", jusqu’au 6 juillet 2025, au Musée d’Orsay, à travers un ensemble exceptionnel de près de 230 œuvres, interroge l’essor spectaculaire de l’affiche illustrée à Paris, dans la seconde moitié du 19e siècle.
Le saviez-vous ? Depuis la fin du 19e siècle, les affiches attirent des collectionneurs à tel point que l’on parle "d’affichomanie". Un marché spécialisé dans l’affiche illustrée se met en place avec expositions, marchands, publications...
Dans les années suivant la fin de la 1ère guerre mondiale, en France, dans les agences de publicité, se croisent des artistes inspirés par les courants artistiques contemporains, comme le cubisme ou le Bauhaus. Leurs affiches sont une expression graphique du progrès et de l'idée de modernité, et sont immédiatement adoptées par les compagnies maritimes
L’exposition "Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique", jusqu'au 21 Septembre, au Musée d'art moderne André Malraux, au Havre, explore les œuvres plastiques inspirées par les paquebots, notamment les affiches.
Pour aller plus loin :
Qu'elles mettent en scène les danseuses de French cancan ou le bibendum Michelin, les affiches reflètent les modes et les préoccupations d'une société. Beau livre à ne pas manquer, L'art de l'affiche, publié par GEO ART, fait la part belle à des affichistes connus et à d’autres moins célèbres.
Les vacances approchent, et nous prenons plaisir à (re)découvrir la beauté de nos régions. Que diriez-vous, avec Un tour de France en affiches d’une promenade touristique en France avant l’invention des congés payés ?
Un magnifique livre à s’offrir Affiches des compagnies maritimes, qui nous conte, au travers des affiches publicitaires des compagnies maritimes, l’aventure des paquebots qui a fait rêver le public d'alors - et d'aujourd'hui.
Bon voyage !
Au milieu du 19e siècle, en pleine révolution industrielle, les magasins ne répondent plus aux besoins d'une bourgeoisie florissante qui a de l'argent à dépenser, souhaite suivre la mode et demande l'accès à un large éventail d’objets luxueux. Apparaissent alors les grands magasins, dont le point de départ est... l'espace. Le consommateur doit s’y sentir à l'aise, et libre d’y passer le temps qu’il veut. S’y ajoutent les catalogues par correspondance. Et, bien sûr, la publicité pour attirer le chaland...
Milan, 1865, les frères Bocconi créent leur premier magasin. S’ensuivent moults aventures, changements, destructions et reconstructions. Ils sont à l’origine de la création de la chaîne de grands magasins haut de gamme La Rinascente, spécialisée dans l'habillement et l'équipement pour la maison. En 1921, la publicité de La Rinascente est confiée à Marcello Dudovich (1878-1962), publicitaire, peintre et illustrateur italien.
Sa première affiche publicitaire pour ce grand magasin, très moderne pour l’époque, date de 1921. Elle met en scène un puissant ours polaire, symbole du froid et de l'hiver rigoureux, marchant lentement sous la neige, et une femme heureuse, les yeux levés au ciel, enveloppée d'une cape blanche chaude, assise sur le dos de l'animal. Sa robe décolletée rouge est comme une trace de sang sur le pelage immaculé de l’ours. Son large manteau est blanc comme la fourrure de l'animal. Contraste de couleurs sagement étudié, le fond bleu céruléen met en avant la jeune femme et l’ours.
Cet encart publicitaire obtient un avis enthousiaste de la direction de La Rinascente. Celle-ci lui confiera alors, jusque dans les années 1950, la réalisation de plus de 75 autres affiches. Un succès historique qu'aucun graphiste italien ne pourra jamais battre.
Les affiches créées pour La Rinascente, d’un style richement coloré, coïncident avec des événements ciblés, des ouvertures saisonnières ou des lancements d'articles pour la maison ou la mode. D’un style richement coloré, le sujet central est généralement une femme joyeuse, moderne, élégante et émancipée. Il est très rare de voir une figure masculine dans ses affiches. Ses œuvres respirent la joie de vivre, suggérant au public que l’achat de telle robe ou tel objet le rendra plus heureux… Ce qui est bien le but de la publicité.
La seconde affiche date de 1923. Elle représente l'été. Une jeune femme rieuse, sa robe et son parapluie rouge contrastant sur un champ lumineux, la mer et la plage en arrière-plan, l’affiche renvoie un message simple : habillez-vous pour l'été. De même, cette autre affiche de 1924 est une représentation joyeuse de l’arrivée du printemps : une petite fille tend un bouquet de fleurs à la jeune fille en robe rose, rappelant les fleurs de pêcher. La sobriété et la simplicité montrent qu’un simple bouquet de fleurs peut représenter un passage de saison.
La troisième affiche date de 1934. Une jeune femme élégante, marchant d’un pas vif. Avec son chapeau et ses gants, on la devine fortunée, pressée d’aller au concert ou au théâtre, ou bien à un dîner en ville parmi des gens tous aussi fortunés qu’elle. Quelle femme ne voudrait pas posséder cette silhouette élancée et mince, moulée de cette robe faite exclusivement pour elle ? Et quel homme ne voudrait être son compagnon ?
Marcello Dudovich est l'un des affichistes majeurs d'Italie. Il crée au cours de sa carrière plus de 600 affiches publicitaires, dont beaucoup sont consacrées, en plus de la mode, aux loisirs populaires, comme la montagne, la mer et la plage. Il est l'un des pères de la publicité italienne moderne.
L’exposition "L'art est dans la rue", jusqu’au 6 juillet 2025, au Musée d’Orsay, à travers un ensemble exceptionnel de près de 230 œuvres, interroge l’essor spectaculaire de l’affiche illustrée à Paris, dans la seconde moitié du 19e siècle.
Le saviez-vous ? Depuis la fin du 19e siècle, les affiches attirent des collectionneurs à tel point que l’on parle "d’affichomanie". Un marché spécialisé dans l’affiche illustrée se met en place avec expositions, marchands, publications...
Dans les années suivant la fin de la 1ère guerre mondiale, en France, dans les agences de publicité, se croisent des artistes inspirés par les courants artistiques contemporains, comme le cubisme ou le Bauhaus. Leurs affiches sont une expression graphique du progrès et de l'idée de modernité, et sont immédiatement adoptées par les compagnies maritimes
L’exposition "Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique", jusqu'au 21 Septembre, au Musée d'art moderne André Malraux, au Havre, explore les œuvres plastiques inspirées par les paquebots, notamment les affiches.
Pour aller plus loin :
Qu'elles mettent en scène les danseuses de French cancan ou le bibendum Michelin, les affiches reflètent les modes et les préoccupations d'une société. Beau livre à ne pas manquer, L'art de l'affiche, publié par GEO ART, fait la part belle à des affichistes connus et à d’autres moins célèbres.
Les vacances approchent, et nous prenons plaisir à (re)découvrir la beauté de nos régions. Que diriez-vous, avec Un tour de France en affiches d’une promenade touristique en France avant l’invention des congés payés ?
Un magnifique livre à s’offrir Affiches des compagnies maritimes, qui nous conte, au travers des affiches publicitaires des compagnies maritimes, l’aventure des paquebots qui a fait rêver le public d'alors - et d'aujourd'hui.
Bon voyage !