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musée d'Orsay : Femmes dans le jardin
Le
28 May 2019,
Nous
croyons bien connaître nos classiques : Millet, Manet, Monet. Mais si nous
identifions bien les Glaneuses du
premier et l’Olympia du second,
connaissons-nous vraiment leur histoire et leur signification ? Le musée d’Orsay
propose une visite ambitieuse et passionnante pour découvrir les chefs-d’œuvre
de ses collections en une heure trente. Etes-vous prêt ?
Les collections du musée datent de la seconde moitié du XIXe siècle. Nous commençons donc par l’Angélus (1857-1859) de Jean-François Millet. Le couple debout dans la lumière du soir récite sa prière. La brouette est pleine et au loin se dessine le clocher de l’église sur le ciel déclinant. Les personnages sont ramenés à de simples silhouettes. Ils ne sont pas identifiables personnellement mais tous les paysans de cette époque peuvent s’identifier à cet homme, à cette femme. Millet représente son époque dans le quotidien ordinaire.
Rien à voir avec La naissance de Vénus de Cabanel que nous découvrons ensuite (1863). La représentation de cette femme nue flottant sur l’écume de la mer est à la mode sous Napoléon III. L’empereur acheta d’ailleurs ce tableau sur sa cassette personnelle. C’est le goût du temps. Le nu ne choque pas à l’époque, nous rappelle notre guide. Peindre la Vénus c’est représenter une idée, pure et idéale. Vénus entourée de ses amours n’a rien de terrestre et c’est en cela qu’elle échappe à toute « vulgarité », grâce à la composition céleste du tableau.
Edouard Manet se moquera, lui, de répondre à la mode de son époque. Il aime choquer et provoquer. Si son tableau Olympia (également réalisé en 1863) pourrait ressembler à la Vénus de Cabanel parce qu'on y voit une femme nue allongée, détrompez-vous ! Quand la déesse fascine, Olympia horrifie. Manet est le peintre de la rupture au XIXe siècle. La figure qui nous fixe droit dans les yeux n’est pas un nu céleste, c’est une femme déshabillée qui nous accueille dans son alcôve la plus intime. Ce tableau sera refusé au salon parce qu'il est contraire à tous les codes esthétiques de l’époque ; cependant le jury ne peut que reconnaître le talent du peintre et c’est bien ce qui l’embête !
Quant à Claude Monet, il sera l’un des premiers à sortir de son atelier. Si Millet et ses acolytes, les peintres de Barbizon, sortent et reviennent à l’atelier avec des antisèches de couleurs, Monet de son côté carrément le chevalet dans le jardin et compose avec la lumière directe. L’effet est tout à fait différent comme en témoignent La pie ou encore son Déjeuner sur l’herbe. Dans son exercice à saisir la lumière immédiate, les choses telles qu’elles nous apparaissent et non telles qu’elles sont, il préfigure le mouvement impressionniste. Il ne s’agit plus d’être dans le vrai, mais de rendre hommage à nos sens soumis à la lumière changeante des paysages environnants.
Nous comprenons alors comment nous en arrivons aux compositions virevoltantes de Renoir. Dans les rondes du Bal du moulin de la galette, les personnages sont en mouvement. Les couleurs autrefois rosées sont devenues plus blanchâtres mais la vie n’a pas quitté les visages de ces joyeux danseurs. Ce ne sont plus les figures de l’antique que l’on magnifie mais bien la vie quotidienne, même si les grands maîtres comme le Titien ou Raphael demeurent des sources d’inspiration incontournables.
A la même époque, les sculptures d’artistes comme Carpeaux ou Rodin fleurissent sur les nouveaux immeubles haussmanniens. Au bout de la grande galerie principale de l’ancienne gare d’Orsay, une grande maquette de Paris émerge de dessous nos pieds : le Printemps, les Galeries Lafayette et l’Opéra Garnier sont là. Le baron Haussmann transforme la capitale et Paris passe de douze à vingt arrondissements pour devenir comme nous la connaissons aujourd'hui.
Tout au long de la visite notre guide distille de nombreuses anecdotes et informations. Elle insiste sur l’importance à l’époque de pouvoir exposer au Salon pour se faire connaître ; car notons que beaucoup des toiles qui ornent les murs du musée ont été réalisées par des peintres souvent sans le sou alors qu'aujourd'hui leur valeur est inestimable ! Mais les ressorts du marché de l’art sont une toute autre histoire.
Visite guidée sur réservation : Les chefs d’œuvres du musées d'Orsay
NB : si la chronologie demeure la même, selon le guide les chefs-d'oeuvre présentés ne seront pas toujours les mêmes.
Les collections du musée datent de la seconde moitié du XIXe siècle. Nous commençons donc par l’Angélus (1857-1859) de Jean-François Millet. Le couple debout dans la lumière du soir récite sa prière. La brouette est pleine et au loin se dessine le clocher de l’église sur le ciel déclinant. Les personnages sont ramenés à de simples silhouettes. Ils ne sont pas identifiables personnellement mais tous les paysans de cette époque peuvent s’identifier à cet homme, à cette femme. Millet représente son époque dans le quotidien ordinaire.
Rien à voir avec La naissance de Vénus de Cabanel que nous découvrons ensuite (1863). La représentation de cette femme nue flottant sur l’écume de la mer est à la mode sous Napoléon III. L’empereur acheta d’ailleurs ce tableau sur sa cassette personnelle. C’est le goût du temps. Le nu ne choque pas à l’époque, nous rappelle notre guide. Peindre la Vénus c’est représenter une idée, pure et idéale. Vénus entourée de ses amours n’a rien de terrestre et c’est en cela qu’elle échappe à toute « vulgarité », grâce à la composition céleste du tableau.
Edouard Manet se moquera, lui, de répondre à la mode de son époque. Il aime choquer et provoquer. Si son tableau Olympia (également réalisé en 1863) pourrait ressembler à la Vénus de Cabanel parce qu'on y voit une femme nue allongée, détrompez-vous ! Quand la déesse fascine, Olympia horrifie. Manet est le peintre de la rupture au XIXe siècle. La figure qui nous fixe droit dans les yeux n’est pas un nu céleste, c’est une femme déshabillée qui nous accueille dans son alcôve la plus intime. Ce tableau sera refusé au salon parce qu'il est contraire à tous les codes esthétiques de l’époque ; cependant le jury ne peut que reconnaître le talent du peintre et c’est bien ce qui l’embête !
Quant à Claude Monet, il sera l’un des premiers à sortir de son atelier. Si Millet et ses acolytes, les peintres de Barbizon, sortent et reviennent à l’atelier avec des antisèches de couleurs, Monet de son côté carrément le chevalet dans le jardin et compose avec la lumière directe. L’effet est tout à fait différent comme en témoignent La pie ou encore son Déjeuner sur l’herbe. Dans son exercice à saisir la lumière immédiate, les choses telles qu’elles nous apparaissent et non telles qu’elles sont, il préfigure le mouvement impressionniste. Il ne s’agit plus d’être dans le vrai, mais de rendre hommage à nos sens soumis à la lumière changeante des paysages environnants.
Nous comprenons alors comment nous en arrivons aux compositions virevoltantes de Renoir. Dans les rondes du Bal du moulin de la galette, les personnages sont en mouvement. Les couleurs autrefois rosées sont devenues plus blanchâtres mais la vie n’a pas quitté les visages de ces joyeux danseurs. Ce ne sont plus les figures de l’antique que l’on magnifie mais bien la vie quotidienne, même si les grands maîtres comme le Titien ou Raphael demeurent des sources d’inspiration incontournables.
A la même époque, les sculptures d’artistes comme Carpeaux ou Rodin fleurissent sur les nouveaux immeubles haussmanniens. Au bout de la grande galerie principale de l’ancienne gare d’Orsay, une grande maquette de Paris émerge de dessous nos pieds : le Printemps, les Galeries Lafayette et l’Opéra Garnier sont là. Le baron Haussmann transforme la capitale et Paris passe de douze à vingt arrondissements pour devenir comme nous la connaissons aujourd'hui.
Tout au long de la visite notre guide distille de nombreuses anecdotes et informations. Elle insiste sur l’importance à l’époque de pouvoir exposer au Salon pour se faire connaître ; car notons que beaucoup des toiles qui ornent les murs du musée ont été réalisées par des peintres souvent sans le sou alors qu'aujourd'hui leur valeur est inestimable ! Mais les ressorts du marché de l’art sont une toute autre histoire.
Visite guidée sur réservation : Les chefs d’œuvres du musées d'Orsay
NB : si la chronologie demeure la même, selon le guide les chefs-d'oeuvre présentés ne seront pas toujours les mêmes.