Le
1 December 2023,
Il suffit de se balader un peu dans le quartier de Montparnasse pour observer de grands contrastes architecturaux : c'est qu'il fait depuis longtemps l'objet d'expérimentations urbanistiques. La tour édifiée entre 1969 et 1973 compte parmi les monuments emblématiques de la "skyline" parisienne. Tout près d'elle, derrière la gare, se trouve aussi la Place de la Catalogne, un brin austère. On la doit au grand architecte catalan Ricardo Bofill, disparu en 2022. De style néo-classique, elle fut construite dans les années 1980.
Mais il y a encore une autre curiosité cachée, tout près de la Tour et de la place : une église d'apparence romane à l'extérieur, l'Eglise Notre-Dame du Travail, classée Monument historique.
Il faut pousser la porte pour découvrir un décor qui n'a rien à voir avec l'extérieur : toute la structure repose sur une étonnante charpente métallique, dans la droite ligne du style Eiffel (la Dame de fer s'est dressée dans le paysage parisien en 1889). Si les structures métalliques sont fréquemment employées, à l'époque, dans les usines, les grands magasins et les gares, il est bien plus audacieux de les intégrer à un édifice religieux. Conçue par l'architecte Jules-Godefroy Astruc, achevée en 1902, elle ne ressemble à aucune autre église parisienne.
La charpente en question, plus économique que les traditionnels arcs et les colonnes en pierre de taille, a été réalisée grâce à 135 tonnes de fer et d'acier et donne à l'église un style moderne et industriel. Il s'agissait d'offrir aux ouvriers de la paroisse un cadre familier, et de célébrer la dignité des travailleurs. L'édifice avait en effet pour vocation d'accueillir les habitants du quartier, en particulier les classes laborieuses, et de saluer l'importance de leur travail dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1900.
« Pourquoi une église ? Pour unir sur le terrain de la religion les travailleurs de toutes les classes. Pourquoi à Paris ? Parce que Paris est considéré à juste titre comme le centre du travail et de l’industrie. Pourquoi dans le quartier de Plaisance ? Parce que c’est un faubourg composé uniquement de travailleurs, qui n’a pas encore d’église pour ses 35 000 habitants, mais qui est admirablement préparé à en recevoir par un ensemble remarquable d’œuvres religieuses et sociales. Pour quand ? Pour 1900. Il faut qu’en venant à l’Exposition universelle, les travailleurs des deux Mondes puissent venir prier dans le sanctuaire de la Vierge du Travail. Il faut qu’en 1900, tandis que s’ouvrira le Palais des produits du travail, s’ouvre pour les producteurs du travail un grand Sanctuaire d’union et de concorde ».
Le décor floral de style art nouveau ancre l'église dans son époque, tandis que les peintures rappellent les raisons de sa construction : la représentation de saints patrons (Saint Joseph patron des menuisiers et charpentiers, Sainte Geneviève patronne de Paris, Saint Luc patron des artistes ouvriers d'art…) est un hommage au monde du travail.
En somme, Notre Dame du Travail est un bel exemple de réalisation menée dans le cadre du catholicisme social, ce mouvement de pensée né au cœur de l'industrialisation de la société française.
Vous pouvez la découvrir avec une visite guidée.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Mais il y a encore une autre curiosité cachée, tout près de la Tour et de la place : une église d'apparence romane à l'extérieur, l'Eglise Notre-Dame du Travail, classée Monument historique.
Il faut pousser la porte pour découvrir un décor qui n'a rien à voir avec l'extérieur : toute la structure repose sur une étonnante charpente métallique, dans la droite ligne du style Eiffel (la Dame de fer s'est dressée dans le paysage parisien en 1889). Si les structures métalliques sont fréquemment employées, à l'époque, dans les usines, les grands magasins et les gares, il est bien plus audacieux de les intégrer à un édifice religieux. Conçue par l'architecte Jules-Godefroy Astruc, achevée en 1902, elle ne ressemble à aucune autre église parisienne.
La charpente en question, plus économique que les traditionnels arcs et les colonnes en pierre de taille, a été réalisée grâce à 135 tonnes de fer et d'acier et donne à l'église un style moderne et industriel. Il s'agissait d'offrir aux ouvriers de la paroisse un cadre familier, et de célébrer la dignité des travailleurs. L'édifice avait en effet pour vocation d'accueillir les habitants du quartier, en particulier les classes laborieuses, et de saluer l'importance de leur travail dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1900.
« Pourquoi une église ? Pour unir sur le terrain de la religion les travailleurs de toutes les classes. Pourquoi à Paris ? Parce que Paris est considéré à juste titre comme le centre du travail et de l’industrie. Pourquoi dans le quartier de Plaisance ? Parce que c’est un faubourg composé uniquement de travailleurs, qui n’a pas encore d’église pour ses 35 000 habitants, mais qui est admirablement préparé à en recevoir par un ensemble remarquable d’œuvres religieuses et sociales. Pour quand ? Pour 1900. Il faut qu’en venant à l’Exposition universelle, les travailleurs des deux Mondes puissent venir prier dans le sanctuaire de la Vierge du Travail. Il faut qu’en 1900, tandis que s’ouvrira le Palais des produits du travail, s’ouvre pour les producteurs du travail un grand Sanctuaire d’union et de concorde ».
Le décor floral de style art nouveau ancre l'église dans son époque, tandis que les peintures rappellent les raisons de sa construction : la représentation de saints patrons (Saint Joseph patron des menuisiers et charpentiers, Sainte Geneviève patronne de Paris, Saint Luc patron des artistes ouvriers d'art…) est un hommage au monde du travail.
En somme, Notre Dame du Travail est un bel exemple de réalisation menée dans le cadre du catholicisme social, ce mouvement de pensée né au cœur de l'industrialisation de la société française.
Vous pouvez la découvrir avec une visite guidée.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com