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Le
16 March 2021,
Le peintre André Derain, entre 1941 et 1943, illustre "Pantagruel" de
Rabelais. D’une absolue fidélité à la
truculence du verbe rabelaisien, ses gravures tiennent autant du Moyen-Âge en
s’inspirant des tarots anciens par le style du dessin, l’intensité des couleurs
; qu’à la modernité fauve.
Rosa Bonheur est une peintre et sculptrice française, spécialisée dans la représentation animalière. Non conformiste, elle refuse de se marier, porte les cheveux courts, fume le cigare et monte à cheval comme un homme. Théophile Gautier dira d’elle : "Elle fait de l'art sérieusement, et on peut la traiter en homme."
De revoir leurs œuvres a inspiré cette petite digression à votre rédacteur…
… où l’on commence par une affaire de mouton…
Un "mouton de Panurge" est un "suiveur", quelqu’un qui n’a aucune opinion propre et se contente de suivre les effets de mode, les opinions des autres.
L’expression est directement tirée de l’œuvre de François Rabelais. Dans le "Quart Livre", il relate les absurdes aventures de Pantagruel, parti en quête d'une bouteille de vin. Panurge est un compagnon de Pantagruel, à la malice incomparable ! Jugez plutôt :
Un jour, Pantagruel et Panurge montent à bord d’un bateau de commerce et font la connaissance d’un marchand de moutons, celui-ci se moquant de l’habillement de Panurge. C’est là que la malice de Panurge intervient. Il décide d’acheter un mouton au marchand. Puis il le jette à l’eau ! Aussitôt, tous les moutons du marchand sautent à l’eau, entraînant avec eux le pauvre marchand. L’honneur de Panurge est lavé, et une expression séculaire est née.
…. pour continuer avec un singe…
Dans le "Quart Livre", les protagonistes partent en voyage et arrivent à une foire qui réunit les plus riches marchands d'Afrique et d'Asie. Nos héros y sont éblouis par les marchandises exotiques et les animaux étranges. Rabelais nous dit que l’un des protagonistes paie en "monnaie de singe".
Payer en "monnaie de singe" évoque à l'origine une sorte de paiement en nature. Aujourd'hui, elle signifie escroquer un créancier. Au Moyen Âge, tous les marchands voulant entrer dans la Cité doivent payer une taxe. Excepté pour les forains possèdant un singe, à qui on demande un numéro à leur animal ! Ceux-ci "paient donc en monnaie de singe". Cette locution parviendra jusqu’à nous.
… mais revenons à nos moutons…
C’est la comédie "La Farce du Maître Pathelin" (anonyme) qui est à l’origine de cette expression. Pièce de théâtre composée à la fin du Moyen Âge, dans laquelle le héros, Pathelin trompe le marchand Guillaume pour lui acheter à bas prix un drap. Au moment de payer, il feint d’être mourant et de délirer. Guillaume se demande alors si lui-même ne délire pas et si la transaction a réellement eu lieu. Guillaume va ensuite être trompé à nouveau par le berger Thibault, qui lui vole tous ses moutons. Il décide de porter ces deux affaires devant le juge mais finit par confondre les draps et les moutons, tant et si bien que le juge, agacé, lui demande fermement de "revenir à ses moutons". Depuis, l’expression a subsisté et a conservé son sens originel.
… et encore le singe.
"Malin comme un singe" se dit d'une personne capable de résoudre des problèmes avec facilité. Cette expression évoque l'habileté et l'ingéniosité dont savent faire preuve les singes.
Au Moyen Âge, les singes ont un statut d'animal de compagnie fort prisé des puissants. Ils égaient les cours des princes et des évêques, parfois vêtus de riches habits. Le singe est souvent représenté dans le bestiaire médiéval : dans les enluminures, les fresques et les sculptures. A cette époque, on le trouve très laid et il passe souvent pour un animal diabolique. A l'origine, cette expression est donc péjorative, car le malin désigne le diable. Vers la fin du 18e siècle, l'adjectif malin prend le sens que nous lui connaissons : astucieux, futé.
Les 3 tableaux affichés sont :
- Tour de panurge, par André Derain, 1943, Musée d’Art Moderne de Paris
- Berger des Pyrénées, par Rosa Bonheur, 1864, Musée Condé, Chantilly.
- Abélard et Héloïse, par Gabriel von Max (1840-1915), après 1900, Los Altos Hills (CA), The Jack Daulton Collection ©The Jack Daulton Collection
Allez voir l'exposition "Les origines du monde" au Musée d’Orsay, où, bien évidemment, il y aura des singes en peintures, dont le magnifique "Abélard et Héloïse".
Il est possible de visiter le Château Rosa Bonheur, superbe.
Le Musée Rabelais existe, bien sûr, au lieu présumé de sa naissance.
N'hésitez pas à aller voir le Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.
Relisez Rabelais, les cinq livres qui composent l'histoire de Pantagruel.On n'en lit qu'une partie à l'école.
Votre rédacteur ne peut vous quitter sans une chanson "Les moutons de Panurge" de son cher ami Georges Brassens.
N'oubliez pas de compter les moutons !
Rosa Bonheur est une peintre et sculptrice française, spécialisée dans la représentation animalière. Non conformiste, elle refuse de se marier, porte les cheveux courts, fume le cigare et monte à cheval comme un homme. Théophile Gautier dira d’elle : "Elle fait de l'art sérieusement, et on peut la traiter en homme."
De revoir leurs œuvres a inspiré cette petite digression à votre rédacteur…
… où l’on commence par une affaire de mouton…
Un "mouton de Panurge" est un "suiveur", quelqu’un qui n’a aucune opinion propre et se contente de suivre les effets de mode, les opinions des autres.
L’expression est directement tirée de l’œuvre de François Rabelais. Dans le "Quart Livre", il relate les absurdes aventures de Pantagruel, parti en quête d'une bouteille de vin. Panurge est un compagnon de Pantagruel, à la malice incomparable ! Jugez plutôt :
Un jour, Pantagruel et Panurge montent à bord d’un bateau de commerce et font la connaissance d’un marchand de moutons, celui-ci se moquant de l’habillement de Panurge. C’est là que la malice de Panurge intervient. Il décide d’acheter un mouton au marchand. Puis il le jette à l’eau ! Aussitôt, tous les moutons du marchand sautent à l’eau, entraînant avec eux le pauvre marchand. L’honneur de Panurge est lavé, et une expression séculaire est née.
…. pour continuer avec un singe…
Dans le "Quart Livre", les protagonistes partent en voyage et arrivent à une foire qui réunit les plus riches marchands d'Afrique et d'Asie. Nos héros y sont éblouis par les marchandises exotiques et les animaux étranges. Rabelais nous dit que l’un des protagonistes paie en "monnaie de singe".
Payer en "monnaie de singe" évoque à l'origine une sorte de paiement en nature. Aujourd'hui, elle signifie escroquer un créancier. Au Moyen Âge, tous les marchands voulant entrer dans la Cité doivent payer une taxe. Excepté pour les forains possèdant un singe, à qui on demande un numéro à leur animal ! Ceux-ci "paient donc en monnaie de singe". Cette locution parviendra jusqu’à nous.
… mais revenons à nos moutons…
C’est la comédie "La Farce du Maître Pathelin" (anonyme) qui est à l’origine de cette expression. Pièce de théâtre composée à la fin du Moyen Âge, dans laquelle le héros, Pathelin trompe le marchand Guillaume pour lui acheter à bas prix un drap. Au moment de payer, il feint d’être mourant et de délirer. Guillaume se demande alors si lui-même ne délire pas et si la transaction a réellement eu lieu. Guillaume va ensuite être trompé à nouveau par le berger Thibault, qui lui vole tous ses moutons. Il décide de porter ces deux affaires devant le juge mais finit par confondre les draps et les moutons, tant et si bien que le juge, agacé, lui demande fermement de "revenir à ses moutons". Depuis, l’expression a subsisté et a conservé son sens originel.
… et encore le singe.
"Malin comme un singe" se dit d'une personne capable de résoudre des problèmes avec facilité. Cette expression évoque l'habileté et l'ingéniosité dont savent faire preuve les singes.
Au Moyen Âge, les singes ont un statut d'animal de compagnie fort prisé des puissants. Ils égaient les cours des princes et des évêques, parfois vêtus de riches habits. Le singe est souvent représenté dans le bestiaire médiéval : dans les enluminures, les fresques et les sculptures. A cette époque, on le trouve très laid et il passe souvent pour un animal diabolique. A l'origine, cette expression est donc péjorative, car le malin désigne le diable. Vers la fin du 18e siècle, l'adjectif malin prend le sens que nous lui connaissons : astucieux, futé.
Les 3 tableaux affichés sont :
- Tour de panurge, par André Derain, 1943, Musée d’Art Moderne de Paris
- Berger des Pyrénées, par Rosa Bonheur, 1864, Musée Condé, Chantilly.
- Abélard et Héloïse, par Gabriel von Max (1840-1915), après 1900, Los Altos Hills (CA), The Jack Daulton Collection ©The Jack Daulton Collection
Allez voir l'exposition "Les origines du monde" au Musée d’Orsay, où, bien évidemment, il y aura des singes en peintures, dont le magnifique "Abélard et Héloïse".
Il est possible de visiter le Château Rosa Bonheur, superbe.
Le Musée Rabelais existe, bien sûr, au lieu présumé de sa naissance.
N'hésitez pas à aller voir le Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.
Relisez Rabelais, les cinq livres qui composent l'histoire de Pantagruel.On n'en lit qu'une partie à l'école.
Votre rédacteur ne peut vous quitter sans une chanson "Les moutons de Panurge" de son cher ami Georges Brassens.
N'oubliez pas de compter les moutons !