Le hamman, la blanche, la noire
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L'orientalisme, tout au long du 19e siècle, est marqué par la fascination et la curiosité des artistes et des écrivains pour le Maghreb, l’Egypte ou le Moyen-Orient. Le harem et son hamman y sont fantasmés avec des mœurs si différentes de l’Europe. 

Cette scène de hammam, chargée d’une forte tension érotique, illustre la grande vogue orientaliste. En 1882-1883, Édouard Debat-Ponsan effectue un voyage à Istanbul. Cette toile, exécutée juste un an après son voyage, est empli de ses souvenirs, comme la montre la précision des mosaïques sur les murs.

Mais n’est-ce pas un prétexte pour peindre un nu érotique ?

On se laisse facilement gagner par l’envie d’effleurer les jambes de la femme allongée, cheveux noirs et visage cachée. On aimerait frôler ce dos, passer ses mains dans cette masse de cheveux noirs, pour les laisser retomber en pluie, et, enfin, apercevoir le visage de la belle alanguie. Rien ou presque rien ne nous est caché de cette femme, rien sauf le plus beau, sans doute, ses yeux… Mais l'auteur ne nous laisserait sans doute pas toucher… sa femme qui a servi de modèle.

En y plaçant une masseuse noire, Édouard Debat-Ponsan a voulu mettre en avant la beauté de la femme blanche. Mais regardez bien la masseuse, avec ses bras musculeux, son visage concentré. Si belle, même si l'auteur ne la pas voulue ainsi. Son visage et ses bras, la tension dans tout le corps évoquent le travail harassant, quotidien, sans fin jusqu’à la mort. Son regard, quoique porté vers la femme alanguie, semble ailleurs. Peut-être est-il resté loin de cette scène, loin de ce pays où elle est esclave, pour voguer vers le pays qu’elle a laissé… Tandis que la belle alanguie a les cheveux dénoués, elle n’a que le droit de les attacher dans un foulard. On aimerait dénouer ce foulard, pour apercevoir la masse crépue des cheveux, et, qu’enfin, elle nous regarde.

Mais ce n’est qu’un rêve. Chacune a sa place dans ce hammam. L’une le corps offert, femme musulmane sans visage, l’autre travaillant, avec un visage que personne ne regarde. 


Ce tableau est visible au Musée des Augustins de Toulouse. Si vous passez par là, n'hésitez pas à aller le contempler : Musée des Augustins.


Une superbe exposition "Le modèle noir de Géricault à Matisse" au Musée d'Orsay à Paris nous raconte, et redonne une identité, aux hommes et femmes noirs qui ont servi de modèle aux peintres de Géricault à Matisse.


Pour ceux qui n'en n'ont pas encore assez, le musée Marmottan Monet présente "L’Orient des peintres", dans une belle exposition.


Votre rédacteur ne peut que vous conseiller le magnifique livre Noir entre peinture et histoire avec ses magnifiques illustrations. Cet ouvrage revisite l’histoire de l’art à travers la représentation des Noirs dans la peinture européenne, du XIVe au milieu du XXe s. Il vous raconte les destinées de personnalités noires, réelles ou fantasmées, devenues célèbres ou encore ignorées du grand public. Ces figures souvent en marge de la grande histoire ont pourtant joué un rôle essentiel au fil des siècles. 


Votre rédacteur a lu et relu Salambo de Gustave Flaubert, ainsi que de nombreux ouvrages de Pierre Loti, dont Aziyadé ou Les désenchantées.


N'hésitez pas à partir pour le rêve…


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