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3 January 2023,
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de beaux tableaux nous amène-t-il des épines ? Ah, je vois bien ceux qui
rient... Votre rédacteur ne leur souhaitent pas de tomber le derrière dessus. Voici
quelques toiles pleines d'épines, ou quand les tableaux ont du…
piquant.
Nous sommes au 16e siècle. La côte des Barbaresques désigne le littoral maghrébin. Elle est célèbre pour ses pirates et corsaires barbaresques, qui font des razzias et vendent des esclaves européens et africains, rendant peu sûres la mer Méditerranée et une partie de l'océan Atlantique. Du 16e siècle jusqu'au 19e siècle, les Européens désignent le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'actuelle Libye par le joli mot "Barbarie".
Les conquistadors ramènent du Mexique un fruit plein d’épines, qui poussent sur les raquettes des cactus, et qu’ils appellent "figue d’Inde". Il faut bien se rappeler que ces messieurs sont persuadés d’être arrivés en Inde. C’est une plante utilisée et cultivée par les civilisations précolombiennes, qui en font grande consommation, crue, séchée ou fermentée en boisson. Pourtant quel fruit hostile que cette fausse figue qui pousse sur les raquettes des grands cactus ! A l’extérieur, elle est couverte d’épines quasiment invisibles, difficiles à déloger une fois plantées dans la peau. Aïe Aïe Aïe. Et à l’intérieur, elle est remplie de petites graines dures qui ne cèdent pas sous la dent.
Elle se répand sur tout le pourtour de la Méditerranée, se multipliant volontiers sous les climats chauds et arides, du Maroc à l’Australie. D’où son nom de figuier de barbarie. Il paraît que sa pulpe, juteuse et parfumée, est gorgée de fibres et de vitamines, et a un effet bénéfique sur le cholestérol.
Né dans une famille de diplomates, Raoul du Gardier (1871-1952) connait dès son enfance deux passions qui se révèlent indissociables : la peinture et la mer. Peintre français voyageur, son œuvre est constituée de nombreuses marines et scènes orientalistes. En 1923, étant nommé peintre de la Marine, il réalise deux tours du monde qui sont autant de sources d'inspiration. Outre l'Égypte, il découvre également les colonies françaises, l'Algérie française, le Maroc, Djibouti, le Liban, l'Île Maurice (ancienne colonie), La Réunion et les Comores notamment.
Ces contrées exotiques lui inspirent des œuvres empreintes de poésie. Toute sa virtuosité s’exprime dans des scènes quotidiennes animées, dans des toiles aux couleurs vives et éclatantes. Sa peinture orientaliste témoigne alors de l'expansion de la France dans le monde et lui assure une importante notoriété et une grande prospérité.
Le figuier de barbarie se plait beaucoup en Corse, et se retrouve dans des œuvres d’art. Jean-Baptiste Bassoul (1875-1934), est un peintre français d’origine corse où il passe sa vie. L'art est une vraie tradition familiale et son père est peintre décorateur. Au contact de son père, il est éveillé assez tôt au dessin et aux arts plastiques. Ses œuvres sont conservées au Musée Fesch à Ajaccio.
Frida Kahlo (1907-1954) est une artiste peintre mexicaine. Elle souffre de poliomyélite depuis l'âge de six ans. Le 17 septembre 1925, elle prend le bus. Un tramway les percute, le bus plie, puis explose, le sol se jonche de morts. On retrouve Frida très grièvement blessée : la colonne vertébrale, le bassin, des côtes et la jambe brisées, l’épaule démise, le pied écrasé, empalée sur une barre de fer qui transperce son abdomen et sa cavité pelvienne.
Le reste de sa vie n’est que douleur, corset de fer, opérations très graves, notamment de la colonne vertébrale, et périodes où elle est obligée d’être couchée. Elle peint des natures mortes ou son autoportrait quand elle est obligée de rester alitée. En 1944, elle peint "La colonne brisée" qui se trouve à Mexico.
Emblème du Mexique, le figuier de Barbarie figure en bonne place sur le drapeau vert, blanc et rouge du pays. Frida ne pouvait qu’en mettre les fruits dans une nature morte.
Adrien Dauzats (1804-1868) est un artiste peintre orientaliste, aquarelliste, illustrateur et lithographe français. Dès 1828, il visite le Caire et la vallée du Nil, la Palestine et la Syrie, puis Jaffa, Jérusalem, Jéricho, Saint-Jean-d'Acre, Palmyre et Baalbek… Il rapporte de ce périple une abondante moisson de dessins dont celui sur le figuier de barbarie.
Ses contemporains le reconnaissent comme un grand peintre romantique orientaliste. Victor Hugo, Théophile Gautier, Prosper Mérimée et Eugène Delacroix lui témoignent leur admiration. Alexandre Dumas, avec qui il entretint une longue correspondance, le cite à plusieurs reprises dans ses romans (Le comte de Monte-Cristo, Le capitaine Pamphile…).
Œuvres affichées :
1 – La récolte des figues de barbarie, Egypte, Raoul Du Gardier, v 1920, Collection privée
2 – Figuier de barbarie, Jean-Baptiste Bassoul, début 20e, Palais Fesch, Ajaccio
3 – Nature morte avec figue de barbarie, Frida Kahlo, 1938, Collection privée
4 – Un figuier de barbarie à Séville, Adrien Dauzats, 1836, Fondation Custodia
Il est possible de voir, jusqu'au 5 Mars 2023, l'exposition "Frida Kahlo, au-delà des apparences". Loin des clichés qui entourent sa personnalité, cette exposition propose aux visiteurs d’entrer dans l’intimité de l’artiste, et de comprendre comment elle s’est construite une identité à travers la manière de se présenter et de se représenter. Son rassemblés plus de 200 objets provenant de la Casa Azul, la maison où elle est née et a grandi : vêtements, correspondances, accessoires, cosmétiques, médicaments, prothèses médicales...
Claire Berest propose, dans Rien n'est noir, une biographie romancée de la vie de Frida Kahlo. Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé, ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila. Elle participe à des manifestations politiques, met des fleurs dans les cheveux, parle de sexe. Et elle peint.
Dans L'homme qui aimait les chiens, l'écrivain cubain Leonardo Padura nous parle des relations entre Frida et Trotski. Sur la plage de La Havane, Iván, écrivain frustré, a recueilli les confidences d’un homme mystérieux. L’inconnu semblait connaître intimement Ramón Mercader, l’assassin de Trotski. Des années plus tard, Iván s’empare de cette rencontre : il retrace les trajectoires de Trotski et de Ramón, depuis la Révolution russe jusqu’à leur rencontre dramatique à Mexico.
Retrouvez les dessins de Adrien Dauzats dans Dessins français du XIXe siècle. Fondation Custodia
Faites attention aux cactus comme le dit si bien Mr Dutronc !
Nous sommes au 16e siècle. La côte des Barbaresques désigne le littoral maghrébin. Elle est célèbre pour ses pirates et corsaires barbaresques, qui font des razzias et vendent des esclaves européens et africains, rendant peu sûres la mer Méditerranée et une partie de l'océan Atlantique. Du 16e siècle jusqu'au 19e siècle, les Européens désignent le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et l'actuelle Libye par le joli mot "Barbarie".
Les conquistadors ramènent du Mexique un fruit plein d’épines, qui poussent sur les raquettes des cactus, et qu’ils appellent "figue d’Inde". Il faut bien se rappeler que ces messieurs sont persuadés d’être arrivés en Inde. C’est une plante utilisée et cultivée par les civilisations précolombiennes, qui en font grande consommation, crue, séchée ou fermentée en boisson. Pourtant quel fruit hostile que cette fausse figue qui pousse sur les raquettes des grands cactus ! A l’extérieur, elle est couverte d’épines quasiment invisibles, difficiles à déloger une fois plantées dans la peau. Aïe Aïe Aïe. Et à l’intérieur, elle est remplie de petites graines dures qui ne cèdent pas sous la dent.
Elle se répand sur tout le pourtour de la Méditerranée, se multipliant volontiers sous les climats chauds et arides, du Maroc à l’Australie. D’où son nom de figuier de barbarie. Il paraît que sa pulpe, juteuse et parfumée, est gorgée de fibres et de vitamines, et a un effet bénéfique sur le cholestérol.
Né dans une famille de diplomates, Raoul du Gardier (1871-1952) connait dès son enfance deux passions qui se révèlent indissociables : la peinture et la mer. Peintre français voyageur, son œuvre est constituée de nombreuses marines et scènes orientalistes. En 1923, étant nommé peintre de la Marine, il réalise deux tours du monde qui sont autant de sources d'inspiration. Outre l'Égypte, il découvre également les colonies françaises, l'Algérie française, le Maroc, Djibouti, le Liban, l'Île Maurice (ancienne colonie), La Réunion et les Comores notamment.
Ces contrées exotiques lui inspirent des œuvres empreintes de poésie. Toute sa virtuosité s’exprime dans des scènes quotidiennes animées, dans des toiles aux couleurs vives et éclatantes. Sa peinture orientaliste témoigne alors de l'expansion de la France dans le monde et lui assure une importante notoriété et une grande prospérité.
Le figuier de barbarie se plait beaucoup en Corse, et se retrouve dans des œuvres d’art. Jean-Baptiste Bassoul (1875-1934), est un peintre français d’origine corse où il passe sa vie. L'art est une vraie tradition familiale et son père est peintre décorateur. Au contact de son père, il est éveillé assez tôt au dessin et aux arts plastiques. Ses œuvres sont conservées au Musée Fesch à Ajaccio.
Frida Kahlo (1907-1954) est une artiste peintre mexicaine. Elle souffre de poliomyélite depuis l'âge de six ans. Le 17 septembre 1925, elle prend le bus. Un tramway les percute, le bus plie, puis explose, le sol se jonche de morts. On retrouve Frida très grièvement blessée : la colonne vertébrale, le bassin, des côtes et la jambe brisées, l’épaule démise, le pied écrasé, empalée sur une barre de fer qui transperce son abdomen et sa cavité pelvienne.
Le reste de sa vie n’est que douleur, corset de fer, opérations très graves, notamment de la colonne vertébrale, et périodes où elle est obligée d’être couchée. Elle peint des natures mortes ou son autoportrait quand elle est obligée de rester alitée. En 1944, elle peint "La colonne brisée" qui se trouve à Mexico.
Emblème du Mexique, le figuier de Barbarie figure en bonne place sur le drapeau vert, blanc et rouge du pays. Frida ne pouvait qu’en mettre les fruits dans une nature morte.
Adrien Dauzats (1804-1868) est un artiste peintre orientaliste, aquarelliste, illustrateur et lithographe français. Dès 1828, il visite le Caire et la vallée du Nil, la Palestine et la Syrie, puis Jaffa, Jérusalem, Jéricho, Saint-Jean-d'Acre, Palmyre et Baalbek… Il rapporte de ce périple une abondante moisson de dessins dont celui sur le figuier de barbarie.
Ses contemporains le reconnaissent comme un grand peintre romantique orientaliste. Victor Hugo, Théophile Gautier, Prosper Mérimée et Eugène Delacroix lui témoignent leur admiration. Alexandre Dumas, avec qui il entretint une longue correspondance, le cite à plusieurs reprises dans ses romans (Le comte de Monte-Cristo, Le capitaine Pamphile…).
Œuvres affichées :
1 – La récolte des figues de barbarie, Egypte, Raoul Du Gardier, v 1920, Collection privée
2 – Figuier de barbarie, Jean-Baptiste Bassoul, début 20e, Palais Fesch, Ajaccio
3 – Nature morte avec figue de barbarie, Frida Kahlo, 1938, Collection privée
4 – Un figuier de barbarie à Séville, Adrien Dauzats, 1836, Fondation Custodia
Il est possible de voir, jusqu'au 5 Mars 2023, l'exposition "Frida Kahlo, au-delà des apparences". Loin des clichés qui entourent sa personnalité, cette exposition propose aux visiteurs d’entrer dans l’intimité de l’artiste, et de comprendre comment elle s’est construite une identité à travers la manière de se présenter et de se représenter. Son rassemblés plus de 200 objets provenant de la Casa Azul, la maison où elle est née et a grandi : vêtements, correspondances, accessoires, cosmétiques, médicaments, prothèses médicales...
Claire Berest propose, dans Rien n'est noir, une biographie romancée de la vie de Frida Kahlo. Frida parle haut et fort, avec son corps fracassé, ses manières excessives d’inviter la muerte et la vida. Elle jure comme un charretier, boit des trempées de tequila. Elle participe à des manifestations politiques, met des fleurs dans les cheveux, parle de sexe. Et elle peint.
Dans L'homme qui aimait les chiens, l'écrivain cubain Leonardo Padura nous parle des relations entre Frida et Trotski. Sur la plage de La Havane, Iván, écrivain frustré, a recueilli les confidences d’un homme mystérieux. L’inconnu semblait connaître intimement Ramón Mercader, l’assassin de Trotski. Des années plus tard, Iván s’empare de cette rencontre : il retrace les trajectoires de Trotski et de Ramón, depuis la Révolution russe jusqu’à leur rencontre dramatique à Mexico.
Retrouvez les dessins de Adrien Dauzats dans Dessins français du XIXe siècle. Fondation Custodia
Faites attention aux cactus comme le dit si bien Mr Dutronc !
