Je suis venu te dire que je m'en vais...
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Trois paraboles, attribuées à Jésus de Nazareth, servent de base, dans le Nouveau Testament, à l’idée de la nécessité d'aller chercher la brebis involontairement égarée, et, de la même façon, d'accueillir avec grâce le pécheur repenti, que son égarement soit volontaire ou pas.

La première, "la parabole de la Brebis égarée", est rapportée dans l'évangile selon Matthieu et dans l'évangile selon Luc. Un berger possède 100 brebis. Lorsqu'une brebis s’égare, il laisse les 99 autres pour partir à sa recherche. Quand il la retrouve, il la porte avec joie sur ses épaules, invitant ses amis et voisins à se réjouir avec lui.

Le peintre Jean-Philippe de Champaigne (1631–1681) l’a représentée au moyen de son tableau "Le Bon Pasteur". En plus d’être un peintre de sujets religieux de premier plan, il fait le portrait de nombreuses personnalités, Ses toiles nous montrent un peintre exceptionnel par l'éclat de ses coloris, ce bleu presque surnaturel, et la rigueur de ses compositions.

La seconde, "la parabole de la drachme perdue", est rapportée dans l'évangile selon Luc. Il ne s’agit pas d’une brebis égarée, mais d’une femme qui perd une drachme. Cette pièce est importante pour elle, et elle la cherche jusqu’à la trouver, appelant alors ses amies et ses voisines à s’en réjouir avec elle.

Domenico Fetti (1589-1623) en a fait un tableau intitulé "La parabole de la Drachme perdue". Peintre baroque italien, actif principalement à Rome, Mantoue et Venise, ses œuvres à thème religieux telles que la série des "Paraboles", ou ses toiles de petit format, colorées et imagées, font sa renommée.  

Relatée dans l'évangile selon Luc, la dernière des 3 paraboles, la "parabole du Fils prodigue" met en scène trois personnages : le père, le fils aîné, très obéissant, et le fils cadet, qui, lassé, ayant peut-être envie d’aventure, part à la découverte du monde et de ses séductions. Après avoir dilapidé sa fortune, il retourne vers son père, qui, plutôt que de le sermonner, voire le jeter à la porte, se jette à son cou, ordonnant qu’on prépare une fête. Le fils aîné ne comprend pas l'attitude de son père. Celui-ci le rassure de son amour et lui demande de pardonner à son frère. Cette parabole fait l’objet de multiples représentations dans les arts, et jusqu’à une époque moderne.

James Tissot (1836-1902), né en France, passe une partie de sa vie en Angleterre, où il est apprécié comme peintre de la haute société de l'époque victorienne. Il y réussit brillamment comme peintre de l'élégance féminine. A partir de 1888, il vit une révélation religieuse. Il se consacre jusqu'à la fin de sa vie à des sujets bibliques, nourrissant son art d'observations effectuées lors de voyages en Palestine et à Jérusalem, ces œuvres chrétiennes lui assurant une grande renommée.

Il réalise, entre 1880 et 1882, sur le thème de l’enfant prodigue, une suite chronologique de 4 tableaux intitulée "Suite de L'Enfant Prodigue" : 
1 - "Le départ"
2 - "En pays étranger"
3 - "Le retour"
4 - "Le veau gras"

Dans son tableau sobrement nommé " The Farewell", c’est-à-dire "L’adieu", Harriet Backer (1845-1932) représente une famille éplorée. 
Est-ce le fils, qui, chargé d’un lourd ballot, s’en va ? Il n’a pas l’air très jeune, et, tel le fils prodigue, peut-être est-il lassé d’une vie bourgeoise et étriquée. On ne peut qu’imaginer qu’il s’est engagé sur un bateau et part loin.
Ou alors la jeune femme en pleurs vêtue de son manteau ? Si c'est elle qui part, cela donnerait une dimension autobiographique au tableau, l’artiste ayant vécu de longues années à l’étranger.
Le père et la mère ne pleurent pas, leurs visages figés exprimant plutôt le mécontentement. Sont-ils en train de dire à leur fils ou à leur fille, qu’en cas de départ, c’est inutile de revenir ?

Harriet Backer, peintre norvégienne, est connue pour ses tableaux d’intérieurs qui explorent les effets de la lumière et de la couleur, puisant son inspiration aussi bien dans le courant réaliste que dans les innovations de l’impressionnisme. Son talent est reconnu de son vivant, elle bénéficie d’expositions individuelles et reçoit plusieurs prix. Méconnue hors de Norvège, elle y est la peintre femme la plus renommée à la fin du 19e siècle.

Une exposition dédiée à Harriet Backer nommée "La musique des couleurs" a lieu au Musée d’Orsay du 24 septembre 2024 au 12 janvier 2025. Ne la manquez pas !


Liste des tableaux, cités dans l’ordre d’apparition :  

1 – "Le bon pasteur", vers 1660-1665, Jean-Philippe de Champaigne, Palais des Beaux-Arts de Lille, France*

2 – "La parabole de la Drachme perdue", 1618-1622, Domenico Fetti, Gemäldegalerie Alte Meister (Galerie de Peinture des Vieux Maîtres), Dresde, Allemagne

3 – Tableau n°2 : "Suite de L'Enfant Prodigue : Le Départ", 1880-1882, James Tissot, Musée d’Art de Nantes, France

4 – "Suite de L'Enfant Prodigue : En Pays étranger", 1880-1882, James Tissot, Musée d’Art de Nantes, France

5 – "Suite de L'Enfant Prodigue : Le Retour", 1880-1882, James Tissot, Musée d’Art de Nantes, France

6 – "Suite de l'Enfant Prodigue : Le Veau Gras", 1880-1882, James Tissot, Musée d’Art de Nantes, France

7 – Tableau n°1 : "The Farewell", 1878, Harriet Backer, National Museum of Art, Architecture and Design, Oslo, Norvège


Pour aller plus loin :

Le catalogue de l’exposition du Musée d’Orsay, contenant les principales œuvres de la peintre norvégienne Harriet Backer. Dans ses tableaux sont représentés ses grands thèmes de prédilection tels que les scènes d'intérieur, les paysages, les églises ou encore les natures mortes.

Ainsi que, toujours en lien avec l’exposition du Musée d’Orsay, la revue BEAUX-ARTS consacrée à Harriet Backer.

Portraitiste de talent, James Tissot passe les dix dernières années de sa vie en Palestine à réaliser ces scènes de la vie du Christ. Qualifiées de Bible de Tissot à leur publication, ses illustrations sont saisissantes. Les personnages bibliques prennent vie dans les lieux même où ils ont vécu.


Ceux qui ont lu le titre de l’article, se rappellent sûrement cette chanson écrite, composée et interprétée par Serge Gainsbourg, chanson que le Fils prodigue pourrait chanter à son père :
"Je suis venu te dire que je m'en vais
Et tes larmes n'y pourront rien changer
Comme dit si bien Verlaine au vent mauvais
Je suis venu te dire que je m'en vais..."


Ce n’est qu’un au-revoir…



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