Exposition Universelle de 1937
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L’Exposition Universelle de 1937, à Paris, est fortement touchée par le contexte économique et géopolitique. La crise de 1929 et ses difficultés économiques sont loin d’être terminées. En France, le Front populaire est à la manœuvre, enchaînant grève sur grève.

Cette exposition est restée surtout célèbre par l’affrontement symbolique qui y a lieu entre le pavillon de l’Union soviétique et celui de l’Allemagne hitlérienne, préfigurant les conflits des décennies suivantes. Les deux pavillons illustrent la même conception totalitaire de l’art, c’est-à-dire un "art populaire et national", au service de la propagande et s’opposant à l’idée de la dégénérescence artistique due au capitalisme.

Le thème de l’exposition est "Les Arts et les techniques dans la vie moderne". Finis les pavillons traditionnels, place aux productions présentant un caractère artistique. Elle ressemble à un gigantesque concours d’architecture cherchant à démontrer que l’art et la technique peuvent être associés, comme pour lier le beau à l’utile. Sur 100 hectares, elle accueille plus de 31 millions de visiteurs et 52 pays exposants.

C’est dans ce contexte que Raoul Dufy (1877-1953) peint la Fée Electricité, immense tableau de 10m sur 60m. Une salle entière lui est actuellement dédiée au Musée d’Art Moderne de Paris.


L’Espagne est en pleine guerre civile, Républicains contre Franquistes. Dans l’escalier d’entrée du pavillon espagnol, sobrement, est affichée cette phrase tirée de Don Quichotte : "On doit exposer sa vie pour la liberté". Le peintre Joan Mirò (1893-1983) affirme clairement son opposition à Franco en réalisant  l’affiche "Aidez l'Espagne".

Pablo Picasso (1881-1973) y présente son tableau "Guernica", son œuvre la plus connue, dont l’accueil est mitigé, les dirigeants républicains espagnols jugeant l'œuvre "anti-sociale, ridicule, et tout à fait inadéquate à la saine mentalité du prolétariat". Cette toile monumentale dénonce le pilonnage de Guernica, qui vient de se produire le 26 avril 1937. Ce bombardement, ordonné par les nationalistes espagnols et exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes, a transformé à jamais cette petite ville basque en symbole de la barbarie fasciste.

Aux côtés de ces œuvres magistrales, le pavillon contient également des sculptures, des gravures et des films, ainsi que de nombreuses explications sur le conflit qui déchire l’Espagne ainsi que le bombardement de Guernica.


Le Pavillon de l’Allemagne est conçu par Albert Speer (1905-1981), architecte en chef du Parti nazi. Son architecture néo-classique, sorte de mastodonte d'acier recouvert de pierre, est écrasante. D’une hauteur de 54m, il est couronné d'un aigle haut de 10m tenant une croix gammée dans ses serres. Sa façade est ornée d’une monumentale sculpture de Josef Thorak (1889-1952), sculpteur officiel du Reich, qui sera fondue après la guerre.

Le pavillon nazi, regorge de produits de l’industrie allemande. On y voit des trains, des voies ferrées, des autoroutes en construction. Partout domine la figure du travailleur allemand irréprochable et indestructible. Y sont exposés l’appareil photo Leica – premier 24x 36 compact – ou l’émetteur à ondes courtes Telefunken, des équipements de TSF, l’oscillographe Siemens. L’industrie chimique est représentée avec IG Farben et Agfacolor.


Le Pavillon de l'URSS fait face au pavillon de l'Allemagne, comme pour préfigurer le futur. Si cette exposition est initialement perçue comme le dernier espoir pour la paix en Europe, c’est bien ce "face à face" qui reste dans toutes les mémoires. Long de 160m, il a une façade recouverte de marbre sur laquelle est inscrit "1917-1937" pour bien marquer que l'histoire de l’URSS a commencé il y a vingt ans. La propagande n’est pas oubliée et dans le pavillon, le public peut compulser plusieurs centaines d’ouvrages relayant l'idéologie soviétique, ainsi que découvrir les réalisations soviétiques : peinture, sculpture, transports par terre, eau ou air.

De style Art déco, le gigantesque groupe "L'Ouvrier et la Kolkhozienne" (taille 25m, poids 80 tonnes), le surmonte. Cette sculpture majeure de Vera Moukina (1889-1953) devient le symbole du "réalisme socialiste" soviétique. Elle est composée de deux figures : une femme (la kolkhozienne) et un homme (l'ouvrier), brandissant respectivement la faucille et le marteau, symboles communistes des deux branches du prolétariat (l'agriculture et l'industrie). L'œuvre se trouve actuellement au nord de Moscou, à l'entrée du Centre panrusse des expositions.

Née à Riga, Vera Moukhina suit l’enseignement de peintres et sculpteurs russes. Puis elle part à Paris afin de parfaire sa formation auprès du sculpteur Antoine Bourdelle. Lorsque la guerre éclate en 1914, elle revient en Russie, où elle contribue au plan de propagande initié par Lénine, sculptant à la gloire du régime, et dessinant des affiches. Elle concourt à des projets de sculptures monumentales, recevant 5 fois le Prix Staline, notamment pour "L'Ouvrier et la Kolkhozienne", mais aussi pour la statue "Nous exigeons la paix !" de 1951. On lui doit aussi "La Paysanne" (1942) qui est à la Galerie Tretiakov.

Le "Portrait de Vera Moukhina" a été peint par Mikhail Nesterov en 1940. Il se trouve dans une collection privée. L'oeuvre de Vera Moukhina est présente dans plusieurs musées des pays de l’ex URSS (Crimée, Moscou, Riga).


Un petit film PATHE est très intéressant sur cette exposition. Un peu plus long, éditée sur le site du PCF, une archive visuelle qui nous emmène visiter toute l'exposition. Le commentateur est clairement en admiration de l'URSS et ses réalisations...


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