Credits image :
La fée Electricité / musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Le
9 February 2018,
C'est à l'occasion de l'Exposition
internationale de 1937 que Dufy se voit commander par la Compagnie parisienne
d'électricité une œuvre décorative monumentale. Il s'agit de mettre en valeur
cette prodigieuse invention qui a changé la face du monde et la physionomie des
villes occidentales.
Pour la prouesse technique
La composition fait 600 m2 : à l'époque, c'est la plus grande peinture du monde. Dufy la réalisera en 10 mois seulement, avec l'aide de son frère Jean et de quelques astuces. La peinture est en effet conçue en plusieurs "morceaux", sur du contreplaqué (à l'époque, le matériau était novateur), et les différentes parties, une fois finalisées, sont assemblées à la façon d'un puzzle. Au vu des proportions gigantesques de l'oeuvre, il faut ruser aussi pour les proportions des personnages : avec un grand sens de la précision, Dufy les dessine d'abord nus puis en costumes (faisant poser des figurants de la Comédie française), puis les projette grandeur nature sur les panneaux à l’aide d’une lanterne magique ; il reprend alors le dessin sur le mur.
Pour le bain de couleurs
Dufy, qui se disait influencé par Monet et qui travailla beaucoup en plein air dans le sud de la France aux côtés de Georges Braque, a fait une découverte au sujet de nos facultés de vision : d'après lui, nous distinguons plus vite la couleur que les contours. Il s'attache alors à dissocier couleurs et contours, expérimentant le mélange que fait naturellement l'œil humain et la puissance évocatrice des couleurs. Dans ce tableau géant, c'est ce qui frappe, d'ailleurs : les couleurs vives et translucides, ce "bain de couleurs" qui emplit immédiatement d'un sentiment joyeux et optimiste. Résultat : le spectateur de 1937 "vit" la scène, admire la fée bienfaitrice, et cultive sa foi en la science, ses croyances quant aux bienfaits du progrès. Et nous, nous pouvons encore ressentir cet élan, 80 années plus tard, grâce à ces couleurs lumineuses – oserons-nous dire électriques?
Pour la leçon d'histoire
Cette composition comprend deux registres principaux, et raconte l’histoire de l’électricité et de ses applications, depuis les premières observations jusqu’aux réalisations techniques les plus modernes. Dans la partie supérieure, le peintre a développé ses thèmes favoris, ceux que l'on retrouve dans ses toiles de petit format : voiliers, nuées d’oiseaux, bal du 14 juillet. La partie basse comprend les portraits de cent dix savants et inventeurs ayant contribué au développement de l’électricité. Pour les représenter et montrer leurs inventions, Dufy s'est sérieusement documenté!
Pour l'immersion dans une œuvre d'art totale
Entrer dans la pièce dévolue à la Fée Electricité donne le sentiment d'entrer dans un temple. On a un peu la même impression dans la salle des Nymphéas au musée de l'Orangerie. Très libre, la composition superpose mythologie, figures historiques, et en son centre, la centrale électrique d’Ivry sur Seine. Chaque nouveau regard est aussi l'occasion d'une vision différente, car il y a toujours un détail qui nous échappe. « La Fée électricité » fut installée au Musée d’Art moderne en 1964, et ne le quittera plus. Vous pouvez aujourd'hui l'admirer gratuitement, et tantôt y réviser votre histoire des sciences, tantôt y apprécier la leçon d'histoire de l'art!
Lors d'une visite guidée du Musée d'Art Moderne, profitez-en pour aller admirer cette œuvre.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici
Pour la prouesse technique
La composition fait 600 m2 : à l'époque, c'est la plus grande peinture du monde. Dufy la réalisera en 10 mois seulement, avec l'aide de son frère Jean et de quelques astuces. La peinture est en effet conçue en plusieurs "morceaux", sur du contreplaqué (à l'époque, le matériau était novateur), et les différentes parties, une fois finalisées, sont assemblées à la façon d'un puzzle. Au vu des proportions gigantesques de l'oeuvre, il faut ruser aussi pour les proportions des personnages : avec un grand sens de la précision, Dufy les dessine d'abord nus puis en costumes (faisant poser des figurants de la Comédie française), puis les projette grandeur nature sur les panneaux à l’aide d’une lanterne magique ; il reprend alors le dessin sur le mur.
Pour le bain de couleurs
Dufy, qui se disait influencé par Monet et qui travailla beaucoup en plein air dans le sud de la France aux côtés de Georges Braque, a fait une découverte au sujet de nos facultés de vision : d'après lui, nous distinguons plus vite la couleur que les contours. Il s'attache alors à dissocier couleurs et contours, expérimentant le mélange que fait naturellement l'œil humain et la puissance évocatrice des couleurs. Dans ce tableau géant, c'est ce qui frappe, d'ailleurs : les couleurs vives et translucides, ce "bain de couleurs" qui emplit immédiatement d'un sentiment joyeux et optimiste. Résultat : le spectateur de 1937 "vit" la scène, admire la fée bienfaitrice, et cultive sa foi en la science, ses croyances quant aux bienfaits du progrès. Et nous, nous pouvons encore ressentir cet élan, 80 années plus tard, grâce à ces couleurs lumineuses – oserons-nous dire électriques?
Pour la leçon d'histoire
Cette composition comprend deux registres principaux, et raconte l’histoire de l’électricité et de ses applications, depuis les premières observations jusqu’aux réalisations techniques les plus modernes. Dans la partie supérieure, le peintre a développé ses thèmes favoris, ceux que l'on retrouve dans ses toiles de petit format : voiliers, nuées d’oiseaux, bal du 14 juillet. La partie basse comprend les portraits de cent dix savants et inventeurs ayant contribué au développement de l’électricité. Pour les représenter et montrer leurs inventions, Dufy s'est sérieusement documenté!
Pour l'immersion dans une œuvre d'art totale
Entrer dans la pièce dévolue à la Fée Electricité donne le sentiment d'entrer dans un temple. On a un peu la même impression dans la salle des Nymphéas au musée de l'Orangerie. Très libre, la composition superpose mythologie, figures historiques, et en son centre, la centrale électrique d’Ivry sur Seine. Chaque nouveau regard est aussi l'occasion d'une vision différente, car il y a toujours un détail qui nous échappe. « La Fée électricité » fut installée au Musée d’Art moderne en 1964, et ne le quittera plus. Vous pouvez aujourd'hui l'admirer gratuitement, et tantôt y réviser votre histoire des sciences, tantôt y apprécier la leçon d'histoire de l'art!
Lors d'une visite guidée du Musée d'Art Moderne, profitez-en pour aller admirer cette œuvre.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Vous pouvez écouter le podcast de l'article, en cliquant ici