Le
21 October 2022,
Depuis l'inauguration d'une gare Montparnasse entièrement rénovée en 2021, les milliers de voyageurs en transit on l'occasion d'admirer, parfois sans le savoir, deux fresques géantes signées par l'inventeur de l'Optical Art (dit aussi Op' Art), Victor Vasarely, né en Hongrie en 1906, mais qui poursuivit l'essentiel de sa carrière en France.
Ces deux œuvres commandées par la SNCF en 1971 se font face et se répondent, mais elles sont déclinées dans des tonalités différentes. Des formes cubiques ornées de carrés apparaissent en volume par un jeu d'illusion d'optique soutenu par la disposition contrastée des couleurs. D'un côté, ces formes prennent des tons rouges, violets et bleus, plutôt chauds. De l'autre, elles sont plutôt mauve clair, bleues et vertes, plutôt froides. Des couleurs très "pop" tout à fait dans l'esprit des années 1970, venant rompre avec le béton environnant et traduisant un désir de modernité déjà amorcé avec la construction de la tour Montparnasse, juste à côté, dans les années 1960.
On peut voir dans ces deux fresques de 32 m de long sur 6 mètres de hauteur une sorte d'illustration du grand projet de Vasarely : celui de fondre l'art et l'architecture en un ensemble harmonieux et d'apporter la beauté à tous, dans le quotidien, selon une conception très politisée de son travail. Cette dimension sociale, il la revendiquait bien volontiers, déclarant par exemple « C’est dans les foules qu’il faut diffuser l’art. […] Voilà l’espace illimité ».
Celui qui débuta dans le graphisme et la publicité, et y reviendra avec le succès artistique , dans les années 1960/70 (on lui doit par exemple le logo de Renault) ne cesse d'expérimenter, fasciné aussi bien par la cybernétique et les premiers ordinateurs que par l'astrophysique et la science-fiction.
Jouer avec la vision en créant des illusions d'optique, tel était l'objectif de Vasarely, à la fois plasticien inventif, coloriste hors pair et chercheur infatigable. Dans une variété infinie de tons et de formats, ses lignes et ses formes géométriques s'imbriquent les unes dans les autres ou se superposent, créant l'illusion d'une image en volume ou en mouvement.
En nous faisant croire à des déformations ou à des ondulations là où la toile est désespérément plate, il offre un nouveau statut au visiteur et à son regard ; de passifs, nous devenons actifs, prenant part à l'œuvre et à ce qui se joue dans la relation d'un être humain avec une image. Selon que l'on s'approche, que l'on recule, que l'on passe devant une de ses œuvres rapidement ou lentement, il se passe toujours quelque chose de différent. Vasarely instaure donc une nouvelle forme d'interactivité entre l'œuvre et celui qui la regarde, et nous invite à questionner notre perception du monde.
Pour l'artiste, dans la continuité de son travail pour la gare Montparnasse, il ne s'agit pas seulement de créer, mais aussi d'entrer résolument dans la modernité en inventant un nouveau langage. Son projet est celui d'une « société polychrome du bonheur », dans laquelle le beau est accessible à tous.
Ce projet trouve son aboutissement avec l'inauguration, en 1976, à Aix-en-Provence, d'une grande Fondation qu'il conçoit comme un lieu où découvrir son vocabulaire esthétique, dans un bâtiment qu'il a intégralement conçu. L'artiste (mort en 1997) et sa Fondation, récemment restaurée, bénéficient aujourd'hui d'un regain d'intérêt, après être tombé en désuétude pendant plusieurs décennies. A la gare Montparnasse, en tous cas, l'œuvre a gardé toute sa pertinence et toute sa fraîcheur au 21e siècle!
Pour en savoir plus sur l'art dans les gares, vous pouvez lire cet article. Pour explorer la thématique de la gare et du train dans la peinture, c'est par ici!
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
szannad@messortiesculture.com
Ces deux œuvres commandées par la SNCF en 1971 se font face et se répondent, mais elles sont déclinées dans des tonalités différentes. Des formes cubiques ornées de carrés apparaissent en volume par un jeu d'illusion d'optique soutenu par la disposition contrastée des couleurs. D'un côté, ces formes prennent des tons rouges, violets et bleus, plutôt chauds. De l'autre, elles sont plutôt mauve clair, bleues et vertes, plutôt froides. Des couleurs très "pop" tout à fait dans l'esprit des années 1970, venant rompre avec le béton environnant et traduisant un désir de modernité déjà amorcé avec la construction de la tour Montparnasse, juste à côté, dans les années 1960.
On peut voir dans ces deux fresques de 32 m de long sur 6 mètres de hauteur une sorte d'illustration du grand projet de Vasarely : celui de fondre l'art et l'architecture en un ensemble harmonieux et d'apporter la beauté à tous, dans le quotidien, selon une conception très politisée de son travail. Cette dimension sociale, il la revendiquait bien volontiers, déclarant par exemple « C’est dans les foules qu’il faut diffuser l’art. […] Voilà l’espace illimité ».
Celui qui débuta dans le graphisme et la publicité, et y reviendra avec le succès artistique , dans les années 1960/70 (on lui doit par exemple le logo de Renault) ne cesse d'expérimenter, fasciné aussi bien par la cybernétique et les premiers ordinateurs que par l'astrophysique et la science-fiction.
Jouer avec la vision en créant des illusions d'optique, tel était l'objectif de Vasarely, à la fois plasticien inventif, coloriste hors pair et chercheur infatigable. Dans une variété infinie de tons et de formats, ses lignes et ses formes géométriques s'imbriquent les unes dans les autres ou se superposent, créant l'illusion d'une image en volume ou en mouvement.
En nous faisant croire à des déformations ou à des ondulations là où la toile est désespérément plate, il offre un nouveau statut au visiteur et à son regard ; de passifs, nous devenons actifs, prenant part à l'œuvre et à ce qui se joue dans la relation d'un être humain avec une image. Selon que l'on s'approche, que l'on recule, que l'on passe devant une de ses œuvres rapidement ou lentement, il se passe toujours quelque chose de différent. Vasarely instaure donc une nouvelle forme d'interactivité entre l'œuvre et celui qui la regarde, et nous invite à questionner notre perception du monde.
Pour l'artiste, dans la continuité de son travail pour la gare Montparnasse, il ne s'agit pas seulement de créer, mais aussi d'entrer résolument dans la modernité en inventant un nouveau langage. Son projet est celui d'une « société polychrome du bonheur », dans laquelle le beau est accessible à tous.
Ce projet trouve son aboutissement avec l'inauguration, en 1976, à Aix-en-Provence, d'une grande Fondation qu'il conçoit comme un lieu où découvrir son vocabulaire esthétique, dans un bâtiment qu'il a intégralement conçu. L'artiste (mort en 1997) et sa Fondation, récemment restaurée, bénéficient aujourd'hui d'un regain d'intérêt, après être tombé en désuétude pendant plusieurs décennies. A la gare Montparnasse, en tous cas, l'œuvre a gardé toute sa pertinence et toute sa fraîcheur au 21e siècle!
Pour en savoir plus sur l'art dans les gares, vous pouvez lire cet article. Pour explorer la thématique de la gare et du train dans la peinture, c'est par ici!
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
szannad@messortiesculture.com