De Pierre à Paul, en passant par Jules et Félicien
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Embrasse-les tous, embrasse-les tous, Dieu reconnaîtra le sien ! Le début d'une jolie chanson de Georges Brassens que je fredonne dans ma voiture, au milieu des bouchons de fin de soirée....

Aïe ! Ca pique ! La barbe !

Ah, un mot qui me plaît : rouflaquette. Il est chantant, un côté grivois, qui laisse imaginer plein de choses. Mais des rouflaquettes, ce ne sont que des mèches de cheveux laissées pousser le long des tempes....

La plupart du temps, elles prennent une forme d'accroche-cœur, qui est une petit mèche de cheveux, aplatie, en forme de crochet.

À la mode en Europe de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe siècle, cette coupe n'a pas réapparu depuis, sauf dans les années 70. Michel Delpech, Elvis Presley, John Lennon, Johnny Halliday, pour ne citer que ceux-là, puis pour disparaître de nouveau. Ah, de nos jours... J'oubliais Wolverine, le héros poilu de X-Men, avec son côté couteaux de service au bout des doigts, prêt à couper les légumes pour la soupe. 

Elle est en effet rapprochée au terme "favoris" dont elle a désormais vulgairement pris le sens : une coupe de la barbe où seuls les poils des joues sont laissés pousser. Le mot "rouflaquettes" est donc vite remplacé par le mot "favoris". Mais quelle différence entre "rouflaquettes" et "favoris" ? Eh ben, mesdames, Les rouflaquettes sont juste de "tous petits favoris".

Les favoris (plutôt des rouflaquettes, donc) sont quant à eux populaires dans les années 1960 et 1970, principalement autour de communautés alors hippies, rock 'n' roll, alternatives. 

Une caractéristique commune aux rouflaquettes et aux favoris est que le menton se doit d'être glabre.

Si la longueur des favoris n'importe guère, le menton doit toujours être rasé. Les favoris commencent là où les cheveux s'arrêtent, soit là où les poils des oreilles s'arrêtent.

Une explication avancée quant à la disparition des rouflaquettes à la fin du XIXe siècle en Europe, est que celles-ci, au même titre que les favoris (et plusieurs autres tailles de barbe) gênent l'étanchéité des masques à gaz, alors utiles en temps de conflit. La moustache prend un nouvel élan à cette période, celle-ci n'étant pas supposée gêner ladite étanchéité.

Ah, il y a des hommes qui ont des "pattes de lapin". On connaît les pattes de canard, les pattes d'oie au coin de nos yeux, à boucher avec de la toxine botulique, les pattes de lapin, la patte-mouille du repassage... Eh bien, "pattes de lapin", c'est un des noms donnés aux favoris courts, terme repris familièrement dans les années 1950/60 en remplacement du péjoratif "rouflaquettes" utilisés par l’argot du XXe siècle et particulièrement de l’après-guerre.

Autre subtilité du rasage de ces messieurs : certains ont des "côtelettes". Ah, bien grillées, ça vous donne faim... Mais non, vous devrez attendre l'heure du repas... Il y a des rouflaquettes chez les Anglais aussi, qui ont alors une forme, littéralement, de côtelettes : étroites au niveau des oreilles, les poils des joues sont rasés en forme de goutte sur les flancs de la mâchoire voire sous la mâchoire; cependant elles ne se rejoignent pas sous le menton.

Je pourrais continuer avec les formes de barbe : celle de 3 jours, la très courte ou celle de 10 jours, la complète, le bouc, la barbiche, l’ancre, la Van Dyke, la barbe à la Verdi, à la Garibaldi…. Mais je sens que ça va vous raser....


Des hommes avec des rouflaquettes, Le Louvre en est plein, accrochés dans des tableaux, sur les murs. Profitez d'une visite guidée pour aller les voir.



Le sujet peut prêter à sourire. Est-ce bien sérieux pour un historien que de traiter de barbes et de moustaches ? Un livre sur le sujet, Un idéal masculin, Barbes et moustaches, XVIème-XVIIIème siècles de Jean-Marie Le Gall.


Je ne peux pas vous priver de la chanson, complète cette fois-ci, de Georges Brassens


Bon rasage et restez toujours de bon.... poil....



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