Comment Chardin et Mendeleïev se rejoignent
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Diderot (1713-1784) se moquait du tapage insupportable des tableaux rococo de François Boucher (1703-1770) et conseillait aux peintres de montrer les actions réelles de la vie : étudier sa leçon, lire, écrire, travailler. Les attitudes doivent être simples et naturelles, dirigées vers l'action à entreprendre.  

Chardin a retenu le message...

Dans ce tableau de Chardin (1699-1779), le personnage est absorbé dans sa lecture. Bien au chaud dans sa fourrure, appuyé sur la table, il semble que rien ne puisse le distraire. Il ne manifeste aucune autre émotion qu'un intérêt intense pour ce qu'il lit. L'oubli de soi est complet : son apparence ne compte pas plus que sa personne. Qu'il y ait ou non un spectateur pour contempler cette scène ne la change en aucune façon.  


J’ai lu cette définition de l’Art : "L'Art est une activité humaine, le produit de cette activité ou l'idée que l'on s'en fait s'adressant délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l'intellect. On peut dire que l'Art est le propre de l'humain, et que cette activité n'a pas de fonction pratique définie."  

Si ce qu'on accroche sur nos murs est de l'Art, le chimiste est un artiste.  


Ah, la chimie avec sa blouse blanche, ses pipettes, propipettes, éprouvettes, fioles jaugées ou non, burettes et autres cornues, joyeusetés pour certains et cauchemars pour d’autres…
   
Les murs de nos établissements scolaires et de nos laboratoires sont tous ornés d'un tableau explicite intitulé "classification périodique des éléments". On doit cette représentation des constituants de la matière, à un chimiste russe de 35 ans, né à Tobolsk, en Sibérie, Dimitri Ivanovitch Mendeleïev.  

Faute de disposer d'un bon manuel, ce professeur de l'université de Saint-Pétersbourg rédige lui-même un ouvrage en deux volumes sur les Principes de la chimie. Ce travail l'amène à réfléchir sur la manière d'ordonner les 63 éléments chimiques déjà connus comme l'hydrogène, l'oxygène, le fer, le carbone...  

En classant les éléments d'après le poids de leur atome (appelé "masse atomique"), Mendeleïev observe que leurs propriétés chimiques se répètent à intervalles réguliers.

C'est ainsi que le 6 mars 1869, il présente devant la Société chimique russe un projet de classification périodique à lignes et à colonnes, où tous les éléments d'une même colonne affichent des propriétés comparables. Deux ans plus tard, il améliore le tableau en prévoyant des cases vides pour des éléments encore inconnus.  

À la suite de la découverte de l'électron et de celle des isotopes et les débuts de la physique de l'atome, les travaux de l'Allemand Max Planck, du Néo-Zélandais Ernest Rutherford et du Danois Niels Bohr, du physicien anglais Henry Moseley, sur la corrélation entre la charge du noyau atomique et le spectre aux rayons X des atomes progressent.

Ils aboutissent en 1913 au classement des éléments chimiques non plus par masse atomique croissante, mais par "numéro atomique croissant" (terme employé en chimie et en physique pour représenter le nombre de protons d'un atome).

C'est une évolution majeure, qui résout toutes les incohérences issues du classement en fonction de la masse atomique, lesquelles devenaient gênantes depuis les travaux de systématisation de Dmitri Mendeleïev.  

Mais revenons à Dmitri Mendeleïev...

La célébrité lui vient en 1875, lorsque, quand le gallium est découvert, celui-ci trouve exactement sa place dans le tableau !

Prédit sous le nom d'"ekaaluminium" par Mendeleïev, son nom lui a été donné par son découvreur, le chimiste français Paul-Émile Lecoq de Boisbaudran. Une théorie prétend que le nom du gallium provient de celui de son découvreur (car "coq" en latin se dit gallus), mais Lecoq de Boisbaudran a au contraire affirmé avoir donné ce nom à l'élément "en l'honneur de la France".  

Par la suite, le germanium et le scandium seront nommés par analogie en référence à la Germanie et à la Scandie par leurs découvreurs respectifs, l'Allemand Clemens Winkler et le Suédois Lars Fredrik Nilson. 

Les travaux de Mendeleïev témoignent de l'essor de la science et des techniques au milieu du XIXe siècle, y compris en Russie, où la culture s'épanouit sous le règne du "tsar réformateur" Alexandre II.  

Le tableau périodique a connu de nombreux réajustements depuis lors, jusqu'à prendre la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Il est devenu un référentiel universel auquel peuvent être rapportés tous les types de comportements physique et chimique des éléments.


C'est la chimie et toute la beauté que certains peuvent y voir, qui ont fait se rejoindre Chardin et Mendeleïev....


N'hésitez pas à aller contempler le chimiste de Chardin lors d'une visite au Louvre et faire de la chimie lors d'une visite à La Cité des Sciences et de l'industrie.


Quant à Diderot, profitez d'une visite guidée pour aller voir sa maison et découvrir l'Encyclopédiste.


Et un bon roman sur un physicien génial, La perruque de Newton, de Jean-Pierre Luminet et un très beau livre sur la peinture de Chardin.


Comment la chimie et la peinture se rejoignent avec L'histoire de la chimie en 80 dates de Alain Sévin.


Bonne toutouille avec vos pipettes et vos cornues ! Ne faîtes pas exploser la cuisine !


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