Botero, un monde tout en rondeur
Disparu il y a quelques jours (le 15 septembre 2023) à l'âge de 91 ans, le peintre et sculpteur Fernando Botero, né en Colombie en 1932, a marqué le 20e siècle par se créations aux proportions étonnantes. A quoi reconnaît-on l'une de ses œuvres? Impossible de se tromper : ses personnages comme ses objets sont toujours colorés, joufflus, tout en volumes et en volupté.

Mais l'artiste - adepte de la figuration à une époque où l'art abstrait dominait le monde de l'art - se défendait de représenter simplement de "gros personnages", case à laquelle on l'a trop souvent assigné. "Le volume est une exaltation de la vie, de la sensualité", disait-il. Son style libre et inimitable mélange influences précolombiennes, Renaissance italienne, pop art et aussi ce qu'on appelle le muralisme mexicain, à savoir l'art de peindre des fresques naïves dans des lieux publics, offrant à tous l'opportunité de côtoyer des œuvres d'art et de percevoir le message qu'elles véhiculent.

S'il semblait destiné à une carrière de matador – la tauromachie le passionnait, enfant, et il avait commencé à se former – c'est finalement l'art qui l'a emporté, la faute à sa peur grandissante des taureaux. Le jeune Botero commence par représenter des scènes de corrida, puis tente d'autres styles. La révélation vient en 1957, avec le tableau "Nature morte à la mandoline" : l'artiste découvre, pour la première fois, la possibilité de dilater les formes et d'exagérer les volumes. L'ouïe (le trou par lequel sort le son) de son instrument de musique potelé est minuscule, bien plus petite que dans la réalité, ce qui produit un effet étrange. Son style était né! 

Ses œuvres comprennent aussi une touche d'humour et de tendresse : la "version Botero" de la Joconde s'appelle "Mona Lisa à l'âge de douze ans" (1959) et mêle un hommage appuyé au maître – on retrouve la délicate mélancolie du regard, le demi sourire énigmatique, mais aussi le paysage de rochers et d'arbres nimbé d'un sfumato. Mais soudain Mona Lisa se mue en héroïne de BD, saisissante de modernité. Et en introduisant cette distance ironique avec le chef-d'oeuvre de Leonard de Vinci, Botero en profite pour interroger notre rapport aux icônes de l'art.

Mes Sorties Culture / Sonia Zannad

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