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Tableaux de Vincent Van Gogh - Voir dans l'article
Le
10 October 2023,
Fils
d'un pasteur protestant aux Pays-Bas, Vincent baigne, dès son plus jeune âge, dans la religion. Lui-même, en 1875, commence à se sentir une vocation spirituelle
et religieuse. Il est tout d’abord un fervent prédicateur méthodiste dans un
faubourg ouvrier de Londres où il côtoie la misère la plus sordide.
En 1876, de retour au Pays-Bas, il travaille dans une librairie. Mais il n'y est pas heureux. Le soutenant dans son projet de devenir pasteur, sa famille l’envoie effectuer des études religieuses, d’abord à Amsterdam, puis à Laeken, près de Bruxelles. Ayant échoué à tous ses examens, mais convaincu de sa vocation, il devient alors prédicateur laïc.
Vincent obtient fin 1878 une mission d'évangélisation en Belgique, dans le Borinage, gigantesque site minier de la Région wallonne. Allant au bout de ses convictions, il partage les conditions de vie extrêmement dures des mineurs, dormant sur la paille dans une hutte et descendant dans les puits de mine à 700 mètres de profondeur. Lors d'un coup de grisou, il sauve même un mineur.
Son implication de pasteur ouvrier est cependant jugée excessive par ses supérieurs et son poste n'est pas renouvelé. Il est contraint d'abandonner la mission. Il reste pourtant sur place et, sur les conseils de son frère Théo, au lieu d'évangéliser les humbles, il les représente, réalisant ses premiers dessins, dont il tirera des toiles : un artiste est né.
Il garde de cette période le souvenir de la misère humaine, celle-ci apparaissant dans une partie de son œuvre, même longtemps après l’épisode du Borinage. Ne dit-il pas "Je me suis instruit aux cours gratuits de la grande université de la misère."
Fin 1880, il part à Bruxelles et s'inscrit à l'Académie royale des Beaux-Arts. Vincent prend son envol pour devenir Van Gogh (portrait de Van Gogh peint par John Peter Russell, en 1886, visible au Musée Van Gogh à Amsterdam)...
1879. Les fumées à l’horizon. Triste paysage. L’histoire du Borinage est intimement liée au charbon. Son exploitation industrielle trouve son apogée à la révolution industrielle, au 19e siècle. Il faut descendre très bas dans le sol pour trouver de nouveaux gisements, ce qui provoque le fameux "coup de grisou". C’est une ère marquée par la misère, les mouvements sociaux. C’est dans ce contexte historique que Vincent posa se valise dans le Borinage.
1882. Sous un ciel jaunâtre, des femmes de mineurs, courbées sous le poids des sacs, se traînent avec peine dans la neige. Elles semblent sorties d'un roman de Zola, qui sera son ami. En un seul dessin, Van Gogh parvient à résumer toute une vie de misère. Les pauvres chaumières sont alignées au pied des arbres décharnés. La route, les traces de sabots, semblent souligner le dur cheminement d’une vie et son sort inexorable.
1882. Les dessins que Van Gogh réalise durant son séjour dans le Borinage ont cette particularité de montrer surtout des individus de dos, comme si l’artiste les épient, se plaçant délibérément derrière eux pour rendre compte des vicissitudes de leur existence, comme l'attente anxieuse du résultat de la loterie. Même si les silhouettes ne sont qu'ébauchées, elles témoignent de l'attention empathique que l'artiste leur accorde, faisant naître l’émotion.
1885. Il réside dans un petit village du Brabant, aux Pays-Bas. Toujours épris de naturalisme, il loge chez l'habitant : mineurs, charbonniers ou paysans. Il perfectionne son art : d'abord des paysages, puis des natures mortes. Un soir, Van Gogh entre dans la chaumière d’une famille de paysans qu'il connaît bien. Saisi par l'obscurité, malgré la chiche clarté d’une lampe à pétrole, il reconnaît peu à peu les cinq figures familières réunies autour d'un plat de pommes de terre fumant. Pour cette toile Van Gogh s’inspire de la lumière à la manière de Rembrandt, introduisant une lumière factice pour faire émerger les visages et les mains de l'ombre.
Actuellement, une exposition au Musée d’Orsay est consacrée aux œuvres produites par Van Gogh durant les deux derniers mois de sa vie, à Auvers-sur-Oise, près de Paris. Il y produit des œuvres iconiques, colorées, comme "L'Église d'Auvers-sur-Oise, vue du chevet", bien loin de la noirceur et de la tristesse des tableaux issus de son expérience au Borinage.
Quelques livres pour compléter cet article et la visite de l’exposition :
Dans Le petit Van Gogh au Borinage, livre jeunesse. L’auteur nous fait découvrir Vincent van Gogh venant habiter dans le Borinage, en Belgique, le pays noir des mines de charbon. Que vient-il y faire ? Que découvre-t-il ? Que voit-il au fond de la mine ?
À l’aube de sa mort en 1949, Marguerite Gachet se souvient de ses dix-neuf ans et du moment où sa vie a basculé. Auvers-sur-Oise, juin 1890. Son père, le docteur Gachet, ouvre sa maison à un artiste néerlandais sans le sou… Lisez La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia.
Auvers-sur-Oise, juillet 1890. Vincent Van Gogh revient du champ où il est allé peindre, titubant, gravement blessé. Il n'a pas tenté de se suicider, comme on le croit d'ordinaire. On lui a tiré dessus… Lisez Vincent qu'on assassine de Marianne Jaeglé.
Ce livre est né en rapprochant deux dates. Juillet 1890 : mort de Vincent van Gogh. Janvier 1891 : mort de son frère Théo, à 34 ans. Théo n'a pas survécu plus de six mois au jeune frère. Judith Perrignon, avec C'était mon frère... : Théo et Vincent van Gogh, a emprunté sa voix et ses souvenirs pour écrire une histoire en forme de compte à rebours, un court moment où le nom de Vincent van Gogh évoque un frère, un ami.
Les toiles de Van Gogh, devenus objets d’investissements financiers, se vendent très cher maintenant. Et dorment dans des coffres blindés et climatisés. Les Tournesols en sont un bel exemple et Jean Ferrat le chante si bien. Après avoir vu la misère et le désarroi des habitants du Borinage, Vincent en serait-il heureux ? A voir...
Les tableaux affichés, de Vincent Van Gogh, sont tous aux Pays-Bas :
1 – Les mangeurs de pommes de terre, 1885, Musée Van Gogh, Amsterdam
2 – Femmes de mineurs portant des sacs de charbon, 1882, Musée Kröller-Müller, Otterlo
3 – Mine de Charbon dans le Borinage, 1879, Musée Van Gogh, Amsterdam
4 – La Loterie Nationale, 1882, Musée Van Gogh, Amsterdam
Bonnes couleurs avec Van Gogh !
En 1876, de retour au Pays-Bas, il travaille dans une librairie. Mais il n'y est pas heureux. Le soutenant dans son projet de devenir pasteur, sa famille l’envoie effectuer des études religieuses, d’abord à Amsterdam, puis à Laeken, près de Bruxelles. Ayant échoué à tous ses examens, mais convaincu de sa vocation, il devient alors prédicateur laïc.
Vincent obtient fin 1878 une mission d'évangélisation en Belgique, dans le Borinage, gigantesque site minier de la Région wallonne. Allant au bout de ses convictions, il partage les conditions de vie extrêmement dures des mineurs, dormant sur la paille dans une hutte et descendant dans les puits de mine à 700 mètres de profondeur. Lors d'un coup de grisou, il sauve même un mineur.
Son implication de pasteur ouvrier est cependant jugée excessive par ses supérieurs et son poste n'est pas renouvelé. Il est contraint d'abandonner la mission. Il reste pourtant sur place et, sur les conseils de son frère Théo, au lieu d'évangéliser les humbles, il les représente, réalisant ses premiers dessins, dont il tirera des toiles : un artiste est né.
Il garde de cette période le souvenir de la misère humaine, celle-ci apparaissant dans une partie de son œuvre, même longtemps après l’épisode du Borinage. Ne dit-il pas "Je me suis instruit aux cours gratuits de la grande université de la misère."
Fin 1880, il part à Bruxelles et s'inscrit à l'Académie royale des Beaux-Arts. Vincent prend son envol pour devenir Van Gogh (portrait de Van Gogh peint par John Peter Russell, en 1886, visible au Musée Van Gogh à Amsterdam)...
1879. Les fumées à l’horizon. Triste paysage. L’histoire du Borinage est intimement liée au charbon. Son exploitation industrielle trouve son apogée à la révolution industrielle, au 19e siècle. Il faut descendre très bas dans le sol pour trouver de nouveaux gisements, ce qui provoque le fameux "coup de grisou". C’est une ère marquée par la misère, les mouvements sociaux. C’est dans ce contexte historique que Vincent posa se valise dans le Borinage.
1882. Sous un ciel jaunâtre, des femmes de mineurs, courbées sous le poids des sacs, se traînent avec peine dans la neige. Elles semblent sorties d'un roman de Zola, qui sera son ami. En un seul dessin, Van Gogh parvient à résumer toute une vie de misère. Les pauvres chaumières sont alignées au pied des arbres décharnés. La route, les traces de sabots, semblent souligner le dur cheminement d’une vie et son sort inexorable.
1882. Les dessins que Van Gogh réalise durant son séjour dans le Borinage ont cette particularité de montrer surtout des individus de dos, comme si l’artiste les épient, se plaçant délibérément derrière eux pour rendre compte des vicissitudes de leur existence, comme l'attente anxieuse du résultat de la loterie. Même si les silhouettes ne sont qu'ébauchées, elles témoignent de l'attention empathique que l'artiste leur accorde, faisant naître l’émotion.
1885. Il réside dans un petit village du Brabant, aux Pays-Bas. Toujours épris de naturalisme, il loge chez l'habitant : mineurs, charbonniers ou paysans. Il perfectionne son art : d'abord des paysages, puis des natures mortes. Un soir, Van Gogh entre dans la chaumière d’une famille de paysans qu'il connaît bien. Saisi par l'obscurité, malgré la chiche clarté d’une lampe à pétrole, il reconnaît peu à peu les cinq figures familières réunies autour d'un plat de pommes de terre fumant. Pour cette toile Van Gogh s’inspire de la lumière à la manière de Rembrandt, introduisant une lumière factice pour faire émerger les visages et les mains de l'ombre.
Actuellement, une exposition au Musée d’Orsay est consacrée aux œuvres produites par Van Gogh durant les deux derniers mois de sa vie, à Auvers-sur-Oise, près de Paris. Il y produit des œuvres iconiques, colorées, comme "L'Église d'Auvers-sur-Oise, vue du chevet", bien loin de la noirceur et de la tristesse des tableaux issus de son expérience au Borinage.
Quelques livres pour compléter cet article et la visite de l’exposition :
Dans Le petit Van Gogh au Borinage, livre jeunesse. L’auteur nous fait découvrir Vincent van Gogh venant habiter dans le Borinage, en Belgique, le pays noir des mines de charbon. Que vient-il y faire ? Que découvre-t-il ? Que voit-il au fond de la mine ?
À l’aube de sa mort en 1949, Marguerite Gachet se souvient de ses dix-neuf ans et du moment où sa vie a basculé. Auvers-sur-Oise, juin 1890. Son père, le docteur Gachet, ouvre sa maison à un artiste néerlandais sans le sou… Lisez La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia.
Auvers-sur-Oise, juillet 1890. Vincent Van Gogh revient du champ où il est allé peindre, titubant, gravement blessé. Il n'a pas tenté de se suicider, comme on le croit d'ordinaire. On lui a tiré dessus… Lisez Vincent qu'on assassine de Marianne Jaeglé.
Ce livre est né en rapprochant deux dates. Juillet 1890 : mort de Vincent van Gogh. Janvier 1891 : mort de son frère Théo, à 34 ans. Théo n'a pas survécu plus de six mois au jeune frère. Judith Perrignon, avec C'était mon frère... : Théo et Vincent van Gogh, a emprunté sa voix et ses souvenirs pour écrire une histoire en forme de compte à rebours, un court moment où le nom de Vincent van Gogh évoque un frère, un ami.
Les toiles de Van Gogh, devenus objets d’investissements financiers, se vendent très cher maintenant. Et dorment dans des coffres blindés et climatisés. Les Tournesols en sont un bel exemple et Jean Ferrat le chante si bien. Après avoir vu la misère et le désarroi des habitants du Borinage, Vincent en serait-il heureux ? A voir...
Les tableaux affichés, de Vincent Van Gogh, sont tous aux Pays-Bas :
1 – Les mangeurs de pommes de terre, 1885, Musée Van Gogh, Amsterdam
2 – Femmes de mineurs portant des sacs de charbon, 1882, Musée Kröller-Müller, Otterlo
3 – Mine de Charbon dans le Borinage, 1879, Musée Van Gogh, Amsterdam
4 – La Loterie Nationale, 1882, Musée Van Gogh, Amsterdam
Bonnes couleurs avec Van Gogh !