Ah, les belles guignes, des balades et des chansons !
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Leur saison commence en mai, pour les variétés les plus précoces, et se termine fin juillet, pour les plus tardives. Aliment phare de l'été, fraîchement cueillie sur l'arbre, transformée en confiture ou cuisinée en clafouti, la cerise est appréciée par tous. Ah, cerise, quand tu nous tiens…


Quand Madame de Sévigné donne son avis sur les Fables de La Fontaine, elle déclare que "c'est un panier de cerises, on veut choisir les plus belles et le panier reste vide". Mais le "temps des cerises" ne dure pas...


Le Temps des cerises est une chanson dont les paroles sont écrites en 1866 par Jean Baptiste Clément (1836-1903), chansonnier montmartrois, lors d'un voyage vers la Belgique. Sur la route des Flandres, il fait escale dans une maison entourée de cerisiers anciens, qui inspire l'auteur.  

Cette chanson est fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l'auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante. Elle a été reprise par plus d’une cinquantaine d'auteurs, dont une version très inhabituelle par... le groupe rock Noir Désir, été chantée dans de multiples films et parodiée par des auteurs ou humoristes.

Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur  

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l'on s'en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d'oreilles
Cerises d'amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu'on cueille en rêvant


Le succès de la chanson est peut-être dû à ses symboles, la couleur rouge des cerises comme le drapeau des insurgés et le sang versé, ou le fruit aussi éphémère que l'amour perdu de l'auteur… et qui fait chanter Jean Ferrat avec "Les cerisiers" :

Tant que je pourrai traîner mes galoches
Je fredonnerai cette chanson-là
Que j'aimais déjà quand j'étais gavroche
Quand je traversais le temps des lilas

Que d'autres que moi chantent pour des prunes
Moi je resterai fidèle à l'esprit
Qu'on a vu paraître avec la Commune
Et qui souffle encore au cœur de Paris

Ah qu'il vienne au moins le temps des cerises
Avant de claquer sur mon tambourin
Avant que j'aie dû boucler mes valises
Et qu'on m'ait poussé dans le dernier train


La culture de la cerise s'est développée en France au Moyen-Âge. On la consomme alors en dessert, crue ou cuite dans le vin. Louis XV et Napoléon les appréciaient particulièrement. La Cerise Napoléon est une variété de grosse cerise bigarreau à la chair blanche et ferme, souvent utilisée en conserve et confiserie. Outre les bigarreaux, la France cultive la guigne, utilisée pour les confitures, les compotes et les boissons alcoolisées, telles que le Kirsch ou le Guignolet.

Le Guignolet est créé par les religieuses de l’abbaye des bénédictines d'Angers, en 1632, puis ensuite la recette se répand.

A Feugerolles, un Musée de la Cerise vous attend, avec moult explications sur l'histoire de ce petit fruit. 


Ah, très chère Bécassine, celle de Georges Brassens, la gourmande, la belle et vivante, qu’on imagine la bouche si rouge du jus des cerises :

A sa bouche, deux belles guignes,
Deux cerises tout à fait dignes,
Tout à fait dignes du panier
De madame de Sévigné.  

Les hobereaux, les gentillâtres,
Tombés tous fous d'elle, idolâtres,
Auraient bien mis leur bourse à plat
Pour s'offrir ces deux guignes-là,
Tout à fait dignes du panier
De madame de Sévigné.  

C'est une espèce d'étranger,
N'ayant pas l'ombre d'un verger,
Qui fit s'ouvrir, qui étrenna
Ses joli's lèvres incarnat.  

C'est une sorte de manant,
Un amoureux du tout-venant
Qui pourra chanter la chanson
Du temps des ceris's en tout' saison
Et jusqu'à l'heure du trépas,
Si le diable s'en mêle pas.


La cerise est un fruit beaucoup utilisé dans l'art, sa couleur rouge évoquant le sang versé par le Christ sur la Croix, ainsi que dans maintes natures mortes.

Une visite au Louvre, pour les gourmands, permet d'aller se régaler des yeux. 

Et dans quelques expressions comme "avoir la cerise" ou "avoir la guigne", qui renvoit à la "guigne" c’est-à-dire la malchance. Ou bien, "s’en soucier comme d’une guigne", où la guigne est la cerise. Quant à beaucoup d’entre nous, on préfère "la cerise sur le gâteau".    

Mais attention, les noyaux de cerises contiennent des cyanures ou des glycosides cyanogènes... ne pas trop en manger. Par contre, leurs queues sont diurétiques. Et savez-vous qu’on appelle "cerises" les grains de café vraiment mûrs avant séchage et qui ont une belle couleur rouge ?

A Arras, à la Cité de la Nature, une exposition et des animations ingénieuses ont été conçues pour que les enfants découvrent les fruits et les légumes. 


On peut aussi aller faire son marché de primeurs au Potager du Roi, à Versailles, occasion d'une belle et gourmande visite.

Je sens que l’été arrive, fugace comme chaque année, il faut que j'y aille avant qu'il ne s'enfuit sans avoir eu le temps de le savourer….

Quittons-nous avec le coquin Jean Ferrat et "L’amour est cerise" :

Rebelle et soumise, paupières baissées
Quitte ta chemise, belle fiancée
L'amour est cerise et le temps pressé
C'est partie remise pour aller danser

Autant qu'il nous semble raisonnable et fou
Nous irons ensemble au-delà de tout
Prête-moi ta bouche pour t'aimer un peu
Ouvre-moi ta couche, pour l'amour de Dieu


Bonnes cueillettes !

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