1915, Camille Mortenol et le Mont-Valérien, défense anti-aérienne de Paris
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Nous avons tous en tête l'histoire des fusillées du Mont-Valérien pendant la seconde guerre mondiale. Mais pendant les guerres de 1870 et 1914-18, le Fort a pris largement sa place... 


1814, OCCUPATION DE PARIS PAR LES RUSSES

En 1814, faute d’une véritable ceinture fortifiée, Paris tombe aisément aux mains des coalisés.

Vous ne vous en souvenez pas, mais, le 31 mars 1814, à l'issue d'une bataille qui fait quinze mille morts en moins de vingt-quatre heures, le tsar Alexandre 1er  entre triomphalement dans les rues de Paris. 

C'est la fin de la campagne de France menée par les Russes et leurs alliés, et l'effondrement de l'Empire Napoléonien. L'occupation russe dure le temps d'un printemps, pendant lequel on croise les Cosaques, en bonnets de fourrure, dans les allées des Tuileries… 


1841, CONSTRUCTION DU FORT DU MONT-VALERIEN

Tirant les leçons de la campagne de France de 1814, Louis-Philippe décide de compléter les défenses existantes de la capitale par une ligne de forts détachés.

De par sa position géographique idéale à l’ouest de la capitale, et sa hauteur (161 m), le Mont-Valérien est tout naturellement retenu pour accueillir une de ces forteresses. De 1841 à 1846, une puissante citadelle est ainsi édifiée sur le plateau, tandis qu’au pied de la colline, et l’entourant, bastions et courtines forment une deuxième enceinte.

Construit selon un pentagone irrégulier, cet ensemble de 23 hectares peut abriter jusqu’à 2,000 hommes, une puissante artillerie et des centaines de tonnes de munitions. 

En cas de guerre, sa mission est claire : elle doit éloigner la ligne d’investissement de l’enceinte de la capitale, tout en commandant la presqu’île de Gennevilliers, et en battant sous son feu la route de Cherbourg, les pentes de Sèvres et de Saint-Cloud ainsi que les hauteurs de Montretout. 

Véritable carrefour, le Fort du Mont-Valérien dispose d’une tour dans laquelle se trouve la ligne de télégraphie Paris-Brest-Cherbourg. 


1870, LE FORT, NID DE PIGEONS

Durant le mois d’août 1870, les revers français conduisent Napoléon III et Mac-Mahon à se replier vers la citadelle de Sedan.
Les batailles livrées, pour être perdues, n’en sont pas moins parfois empreintes de panache, comme le 6 août, où les cuirassiers français s’élancent en vain sur Morsbrunn et Elsasshausen. De tels faits d’armes héroïques se reproduisent à Sedan, les cavaliers se jetant sabre au clair dans le tumulte fumant. 

La mort de Jean-Auguste Margueritte (1823-1870) constitue un symbole fort de la mauvaise tournure que prennent les affrontements.
De ce militaire habitué aux charges coloniales, qui n’a rien d’un va-t-en-guerre, 1870 va incidemment faire un héros.
Ainsi apparaît-il dans la peinture de ses derniers instants par J. A. Walker : dans un ultime effort, soutenu par ses aides de camp dont l’un porte sa longue-vue, le général gravement atteint d’une balle dans la bouche, étend le bras droit pour donner ses dernières instructions. 

Avec la capitulation de Sedan, les armées prussiennes et leurs alliés déferlent sur le nord de la France et vont mettre, à partir du 3 Septembre 1870, le siège devant Paris. 

Le fort participe largement aux combats pour sauver Paris. 

Il reçoit dès le début des hostilités, en juillet 1870, un supplément d’artillerie qui est encore augmenté lorsqu’il apparaît certain - après les revers français dans l’Est - que les troupes prussiennes seront bientôt aux portes de la capitale. De fait, à partir du 22 septembre 1870, la puissante artillerie du Mont-Valérien entre en action et pilonne sans relâche les positions ennemies. Elle appuie également les sorties de la garnison parisienne. 

Un moyen de transmission est alors utilisé au Mont-Valérien par les militaires : plus d’un million de messages sont portés par des pigeons. Après la guerre, la création du corps des « sapeurs colombophiles » concrétise l’intérêt de l’état-major militaire pour ce type de transmissions, qui sera encore largement utilisé en 1914-1918.
Berceau des transmissions, le fort abrite maintenant le musée de la colombophilie militaire et le musée des transmissions.

Paris capitule quand même quelques jours plus tard. 


1916, CAMILLE MORTENOL AU MONT-VALERIEN

Camille Mortenol (1859-1930) est un officier supérieur Guadeloupéen, défenseur de Paris et capitaine de vaisseau.

Il étudie au séminaire-collège diocésain de Basse-Terre, en Guadeloupe. Ses bons résultats, notamment en mathématiques, le font remarquer par Victor Schœlcher qui lui apporte son soutien et son aide. 

Ainsi, il bénéficie d’une bourse et d’un passage sur un bateau pour poursuivre ses études en Métropole. En 1880, il entre à l'École polytechnique. Il est le premier noir à intégrer cette école. A sa sortie de Polytechnique, il opte pour la carrière d’officier de la marine.

Au début de la Première Guerre mondiale, Camille Mortenol est en poste à Brest. 

Mais, en 1915, lorsque la menace allemande pèse sur la capitale, les autorités militaires, à l’initiative du général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, font appel à lui. 

Ils lui confient la responsabilité de la défense antiaérienne de Paris. 

Dans ces fonctions, avec l'aide d'un service de renseignement éprouvé, installant des projecteurs de très forte puissance, Mortenol joue un rôle essentiel pour contenir les raids de bombardement aérien allemands qui ont commencé sur la capitale dès 1914 et qui auraient pu se développer dangereusement avec les progrès constants, à cette époque, de l’aéronautique.

En reconnaissance des services rendus à la patrie, il est promu au grade de commandeur de la Légion d’honneur. Sa statue a été édifiée sur les quais de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe.


1917, SOLDATS AMERICAINS MORTS

En 1917, le gouvernement des États-Unis d’Amérique obtient une parcelle de terrain sur le flanc sud-est du mont. Des dépouilles de soldats américains morts pendant les deux guerres mondiales y reposent encore de nos jours. Le cimetière est inauguré le 30 mai 1919 par le président Wilson et le maréchal Foch.


N'hésitez pas, au moyen d’une visite guidée, à connaître l'histoire de du Mont-Valérien et de son fort si valeureux.


Le superbe tableau de Walker est au Musée des Armées, dont vous pouvez visiter les collections au moyen d'un visite guidée.


Pour les fans de La Grande Guerre, je ne peux que conseiller la lecture de Au revoir là-haut (Prix Goncourt 2013) de Pierre Lemaître.


ou bien Un long dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot en livre ou en film.


ou alors, pour les fans de polars, Les aventures de Les aventures de Célestin Louise, flic et soldat de Thierry Bourcy.


Les documentaires de Daniel Costelle sont de très bonne qualité et sa série Apocalypsede très bonne qualité, a eu beaucoup de succès. Avec Verdun.


La biographie de Camille Mortenol a été écrite dans Camille Mortenol: Le Capitaine des Vents par Jean-Claude Degras.


Il est possible d'aller voir sa statue à Point-à-pitre, profitez des visites proposées par la ville


Après le Mont-Valérien, n'hésitez pas à aller visiter Pointe-à-Pitre pour y voir la statue du Commandant Mortenol, et la Guadeloupe...   Bon voyage !


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