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Scène de Juillet 1830, dit aussi Les Drapeaux, par Léon Cogniet, 1830, Musée des Beaux-Arts d’Orléans
Le
12 March 2024,
Fin 1824, Charles X succède à
son frère Louis XVIII. Il fait figure de chef des "ultras", partisans d'une
monarchie autoritaire, comme sous l'Ancien Régime. Les élections de 1827 font
entrer à l'Assemblée une majorité de députés libéraux. De plus, de mauvaises
récoltes aggravent la misère et le chômage. A la crise sociale et économique,
se mêle donc une crise politique, les libéraux critiquant de plus en plus le
régime absolutiste.
Devant l'opposition, le roi ne cède pas, et appelle en Août 1829 le prince Jules de Polignac, un "ultra", pour former un nouveau gouvernement. Les députés refusent de soutenir ce ministère. Le roi dissout l’Assemblée en Mai 1830. Mais c’est une majorité libérale renforcée qui est élue : c'est désormais l'épreuve de force entre le roi et l’Assemblée.
Le 25 Juillet, le roi publie 4 ordonnances : interdiction de la liberté de la presse, dissolution de la nouvelle Assemblée, modification de la loi électorale en faveur des royalistes... Dès le lendemain, les journalistes appellent à la résistance et à la défense de la liberté.
Pendant 3 jours (27, 28 et 29 Juillet 1830), dits les "Trois Glorieuses", à Paris, la protestation se transforme en une véritable révolution populaire. Les ouvriers et les étudiants se rassemblent. Des barricades sont érigées, où flotte le drapeau tricolore, et où l'on chante La Marseillaise, renouant ainsi avec les souvenirs de 1789. L'Hôtel de Ville, le Louvre et les Tuileries sont pris par les émeutiers. Le maréchal Marmont, qui commande l'armée et tente de rétablir l'ordre, est confronté à la désertion de ses soldats qui rejoignent le peuple de Paris. Il est contraint d'évacuer Paris.
Charles X abdique. Louis-Philippe Ier lui succède.
Le tableau de Delacroix (1798-1863) intitulé "La Liberté guidant le peuple", achevé fin 1830, visible au Louvre, est pris "sur le vif". La Liberté c’est cette fille du peuple, déterminée, révoltée, n'ayant peur de rien. Coiffée du bonnet phrygien, rappel de 1789, elle tient un fusil, montrant sa volonté de se battre jusqu’au bout.
À droite, un garçon. Symbole de la jeunesse révoltée par l’injustice, des pistolets de cavalerie aux mains, avançant de face, le bras levé, un cri de guerre à la bouche, il exhorte au combat les insurgés. Il a probablement inspiré à Victor Hugo le personnage de Gavroche dans Les Misérables, quand il y décrit les émeutes de 1832.
Delacroix a peint ce tableau pour effacer son échec au Salon de 1827, mais aussi s'attirer les faveurs de Louis-Philippe Ier dont il partage les idées libérales. Il y glorifie les classes populaires qui se sont battues sur les barricades.
Le tableau de Hippolyte Lecomte (1781-1857), peintre d’Histoire, "Combat de la rue de Rohan le 29 juillet 1830", datant de 1831, est visible au Musée Carnavalet. Au premier plan, plusieurs groupes d'insurgés armés, menés par un polytechnicien brandissant son épée. Un insurgé agite le drapeau tricolore. Une femme éplorée secourt un blessé. Au second plan, il y a des scènes de combat, un cavalier blessé sur le point de tomber de sa monture, et des soldats tirant sur la foule. Le sang coule sur les pavés...
La composition du tableau est équilibrée, avec une opposition entre les deux factions s'affrontant. Les couleurs y sont significatives, le rouge symbolisant la révolution et le bleu les forces de l'ordre. Les effets de lumière et de mouvement renforcent l'impression de violence et de chaos.
Léon Cogniet (1794-1880) est engagé au côté des révolutionnaires. Au lendemain des Trois Glorieuses, il travaille à un tableau évoquant le remplacement du drapeau blanc par les couleurs nationales. Il ne verra jamais le jour, mais subsiste une étude représentant trois drapeaux émergeant d’une fumée évoquant les combats, hissés sur les tours de Notre-Dame de Paris.
Tout d’abord le drapeau blanc royal, orné d’une fleur de lis et décoré des armes de France. Sur le second, le symbole monarchique est déchiré et un repli se teinte de rouge. Le dernier drapeau trône dans un ciel dégagé, ayant perdu sa fleur de lis, le repli rouge se révélant être une tache de sang. Le bleu du ciel, le blanc du drapeau déchiré et le rouge du sang reconstituent les trois couleurs nationales. L'honneur est sauf !
Visite à ne pas manquer. Les Trois Glorieuses sont commémorées par la Colonne de Juillet qui s’élève, du haut de ses 50 mètres, Place de la Bastille, à Paris. Ce monument est érigé entre 1835 et 1840. Il est possible de visiter (visites guidées uniquement) son sous-sol, la nécropole et d'avoir accès à la base de l'escalier situé à l'intérieur de la colonne. Mais on ne peut y monter...
Sur une plaque, au bas de la colonne, il est écrit : "À la gloire des citoyens français qui s’armèrent et combattirent pour la défense des libertés publiques dans les mémorables journées des 27, 28, 29 juillet 1830."
L’année 1830 n’est pas remarquable qu’en France, mais aussi ailleurs, mais ça c'est une autre histoire : la suite au prochain numéro.
Voici quelques pavés, non pas de ceux qu’on lance, mais de ceux qu’on lit :
Alexandre Dumas s'engage dans les Trois Glorieuses. Il en fait le théâtre des "Mohicans de Paris" (tome 1 et tome 2), son plus long roman-feuilleton dont l’action se situe entre 1827 et 1830. Les "Mohicans" sont tous les déshérités de la fortune, tentant de conquérir liberté, gloire, bonheur. Leurs vies s'entrelacent autour Salvator qui, face au redoutable chef de la police, prépare la révolution de 1830.
Juillet 1830. Le peuple est dans la rue. Les Parisiens veulent du pain et la Révolution. Charles X s'accroche à une couronne qu'il croit tenir de Dieu. On muselle la presse ? Celle-ci se déchaîne. On envoie l'armée ? Les émeutiers redoublent d'ardeur. Abdiquer ? Mais pour qui ? Avec ce roman, L'Eté des quatre rois, l’écrivain Camille Pascal nous brosse une fresque haute en couleur.
Emmanuel de Waresquiel, dans son essai Histoire de la Restauration (1814-1830), nous propose une approche renouvelée d'une des périodes les plus mouvementées de notre histoire. La Restauration de la royauté avec Louis XVIII puis Charles X, est d'abord la fin d'une épopée militaire, impériale et révolutionnaire. C'est aussi une entreprise de reconstruction, économique et diplomatique avec, notamment, la première révolution industrielle ou le début de la colonisation en Algérie. Mais c’est aussi le début de la France contemporaine...
Joyeuse Révolution !
Devant l'opposition, le roi ne cède pas, et appelle en Août 1829 le prince Jules de Polignac, un "ultra", pour former un nouveau gouvernement. Les députés refusent de soutenir ce ministère. Le roi dissout l’Assemblée en Mai 1830. Mais c’est une majorité libérale renforcée qui est élue : c'est désormais l'épreuve de force entre le roi et l’Assemblée.
Le 25 Juillet, le roi publie 4 ordonnances : interdiction de la liberté de la presse, dissolution de la nouvelle Assemblée, modification de la loi électorale en faveur des royalistes... Dès le lendemain, les journalistes appellent à la résistance et à la défense de la liberté.
Pendant 3 jours (27, 28 et 29 Juillet 1830), dits les "Trois Glorieuses", à Paris, la protestation se transforme en une véritable révolution populaire. Les ouvriers et les étudiants se rassemblent. Des barricades sont érigées, où flotte le drapeau tricolore, et où l'on chante La Marseillaise, renouant ainsi avec les souvenirs de 1789. L'Hôtel de Ville, le Louvre et les Tuileries sont pris par les émeutiers. Le maréchal Marmont, qui commande l'armée et tente de rétablir l'ordre, est confronté à la désertion de ses soldats qui rejoignent le peuple de Paris. Il est contraint d'évacuer Paris.
Charles X abdique. Louis-Philippe Ier lui succède.
Le tableau de Delacroix (1798-1863) intitulé "La Liberté guidant le peuple", achevé fin 1830, visible au Louvre, est pris "sur le vif". La Liberté c’est cette fille du peuple, déterminée, révoltée, n'ayant peur de rien. Coiffée du bonnet phrygien, rappel de 1789, elle tient un fusil, montrant sa volonté de se battre jusqu’au bout.
À droite, un garçon. Symbole de la jeunesse révoltée par l’injustice, des pistolets de cavalerie aux mains, avançant de face, le bras levé, un cri de guerre à la bouche, il exhorte au combat les insurgés. Il a probablement inspiré à Victor Hugo le personnage de Gavroche dans Les Misérables, quand il y décrit les émeutes de 1832.
Delacroix a peint ce tableau pour effacer son échec au Salon de 1827, mais aussi s'attirer les faveurs de Louis-Philippe Ier dont il partage les idées libérales. Il y glorifie les classes populaires qui se sont battues sur les barricades.
Le tableau de Hippolyte Lecomte (1781-1857), peintre d’Histoire, "Combat de la rue de Rohan le 29 juillet 1830", datant de 1831, est visible au Musée Carnavalet. Au premier plan, plusieurs groupes d'insurgés armés, menés par un polytechnicien brandissant son épée. Un insurgé agite le drapeau tricolore. Une femme éplorée secourt un blessé. Au second plan, il y a des scènes de combat, un cavalier blessé sur le point de tomber de sa monture, et des soldats tirant sur la foule. Le sang coule sur les pavés...
La composition du tableau est équilibrée, avec une opposition entre les deux factions s'affrontant. Les couleurs y sont significatives, le rouge symbolisant la révolution et le bleu les forces de l'ordre. Les effets de lumière et de mouvement renforcent l'impression de violence et de chaos.
Léon Cogniet (1794-1880) est engagé au côté des révolutionnaires. Au lendemain des Trois Glorieuses, il travaille à un tableau évoquant le remplacement du drapeau blanc par les couleurs nationales. Il ne verra jamais le jour, mais subsiste une étude représentant trois drapeaux émergeant d’une fumée évoquant les combats, hissés sur les tours de Notre-Dame de Paris.
Tout d’abord le drapeau blanc royal, orné d’une fleur de lis et décoré des armes de France. Sur le second, le symbole monarchique est déchiré et un repli se teinte de rouge. Le dernier drapeau trône dans un ciel dégagé, ayant perdu sa fleur de lis, le repli rouge se révélant être une tache de sang. Le bleu du ciel, le blanc du drapeau déchiré et le rouge du sang reconstituent les trois couleurs nationales. L'honneur est sauf !
Visite à ne pas manquer. Les Trois Glorieuses sont commémorées par la Colonne de Juillet qui s’élève, du haut de ses 50 mètres, Place de la Bastille, à Paris. Ce monument est érigé entre 1835 et 1840. Il est possible de visiter (visites guidées uniquement) son sous-sol, la nécropole et d'avoir accès à la base de l'escalier situé à l'intérieur de la colonne. Mais on ne peut y monter...
Sur une plaque, au bas de la colonne, il est écrit : "À la gloire des citoyens français qui s’armèrent et combattirent pour la défense des libertés publiques dans les mémorables journées des 27, 28, 29 juillet 1830."
L’année 1830 n’est pas remarquable qu’en France, mais aussi ailleurs, mais ça c'est une autre histoire : la suite au prochain numéro.
Voici quelques pavés, non pas de ceux qu’on lance, mais de ceux qu’on lit :
Alexandre Dumas s'engage dans les Trois Glorieuses. Il en fait le théâtre des "Mohicans de Paris" (tome 1 et tome 2), son plus long roman-feuilleton dont l’action se situe entre 1827 et 1830. Les "Mohicans" sont tous les déshérités de la fortune, tentant de conquérir liberté, gloire, bonheur. Leurs vies s'entrelacent autour Salvator qui, face au redoutable chef de la police, prépare la révolution de 1830.
Juillet 1830. Le peuple est dans la rue. Les Parisiens veulent du pain et la Révolution. Charles X s'accroche à une couronne qu'il croit tenir de Dieu. On muselle la presse ? Celle-ci se déchaîne. On envoie l'armée ? Les émeutiers redoublent d'ardeur. Abdiquer ? Mais pour qui ? Avec ce roman, L'Eté des quatre rois, l’écrivain Camille Pascal nous brosse une fresque haute en couleur.
Emmanuel de Waresquiel, dans son essai Histoire de la Restauration (1814-1830), nous propose une approche renouvelée d'une des périodes les plus mouvementées de notre histoire. La Restauration de la royauté avec Louis XVIII puis Charles X, est d'abord la fin d'une épopée militaire, impériale et révolutionnaire. C'est aussi une entreprise de reconstruction, économique et diplomatique avec, notamment, la première révolution industrielle ou le début de la colonisation en Algérie. Mais c’est aussi le début de la France contemporaine...
Joyeuse Révolution !