Credits image :
MuMa Le Havre / David Fogel
Le
23 November 2018,
C’est un petit tableau (32,7 x 24,8 cm), du
genre de ceux qu’on remarque à peine. On pourrait facilement passer devant,
passer son chemin, lui jeter un coup d’œil indifférent et se laisser attirer
plus loin par un impressionniste aux couleurs vibrantes.
Pourtant, quelque chose, dans sa discrétion, retient l’attention. Ce tableau, c’est « Le haut de forme, intérieur ou la Visite » de Félix Vallotton, peint en 1887 et exposé au 1er étage du MuMa, le musée d’art moderne du Havre. La scène semble anodine, et le titre ne nous donne pas tellement d’indices sur ce qu’elle représente . Un homme est passé par là, dans ce vestibule. Il a déposé sa canne et son haut de forme, et il vient rendre visite à quelqu’un. A partir de là, le spectateur est libre d’imaginer ce que bon lui semble. Mais il a beau chercher du regard un élément auquel se raccrocher, le peintre semble se jouer de ses attentes.
Le médaillon au-dessus du bouquet ne permet pas de distinguer ce qu’il représente. Pas plus que le tableau dans l’angle à, droite de la toile, puisque l’image centrale nous échappe, située hors cadre.
On continue donc à scruter l’image en quête d’une piste, si ténue soit-elle. Et c’est alors qu’on remarque des anomalies, peu visibles au premier abord tant la scène semble calme, banale et silencieuse, mais qui, une fois repérées, deviennent de plus en plus étranges.
Vallotton s’amuse ici avec la perspective : si on regarde bien, le bas de la porte est complètement distordu. De même avec le tableau en haut à droite, qui est placé de travers. La déformation spatiale qui est à l’œuvre ici préfigure les expérimentations plus tardives de Vallotton, peintre qui rejoindra le courant nabi, soucieux d’en finir avec le réalisme qui prévalait alors dans la peinture.
Cette toile est donc une sorte de « porte ouverte » sur l’avenir, une porte vers un autre monde pictural. Et le haut de forme, celui du peintre magicien qui s’apprête à réinventer l’expression plastique !
Lors d'une visite guidée au Havre, au Musée d'Art Moderne André Malraux, profitez-pour aller voir cette toile.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Pourtant, quelque chose, dans sa discrétion, retient l’attention. Ce tableau, c’est « Le haut de forme, intérieur ou la Visite » de Félix Vallotton, peint en 1887 et exposé au 1er étage du MuMa, le musée d’art moderne du Havre. La scène semble anodine, et le titre ne nous donne pas tellement d’indices sur ce qu’elle représente . Un homme est passé par là, dans ce vestibule. Il a déposé sa canne et son haut de forme, et il vient rendre visite à quelqu’un. A partir de là, le spectateur est libre d’imaginer ce que bon lui semble. Mais il a beau chercher du regard un élément auquel se raccrocher, le peintre semble se jouer de ses attentes.
Le médaillon au-dessus du bouquet ne permet pas de distinguer ce qu’il représente. Pas plus que le tableau dans l’angle à, droite de la toile, puisque l’image centrale nous échappe, située hors cadre.
On continue donc à scruter l’image en quête d’une piste, si ténue soit-elle. Et c’est alors qu’on remarque des anomalies, peu visibles au premier abord tant la scène semble calme, banale et silencieuse, mais qui, une fois repérées, deviennent de plus en plus étranges.
Vallotton s’amuse ici avec la perspective : si on regarde bien, le bas de la porte est complètement distordu. De même avec le tableau en haut à droite, qui est placé de travers. La déformation spatiale qui est à l’œuvre ici préfigure les expérimentations plus tardives de Vallotton, peintre qui rejoindra le courant nabi, soucieux d’en finir avec le réalisme qui prévalait alors dans la peinture.
Cette toile est donc une sorte de « porte ouverte » sur l’avenir, une porte vers un autre monde pictural. Et le haut de forme, celui du peintre magicien qui s’apprête à réinventer l’expression plastique !
Lors d'une visite guidée au Havre, au Musée d'Art Moderne André Malraux, profitez-pour aller voir cette toile.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com