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Paul Signac, 1928, Musée Carnavalet, Paris
Le
25 April 2017,
Le pont Mirabeau est un pont de Paris, construit de 1893 à 1896, classé monument historique en 1975. Il a servi de muse à beaucoup d’artistes…
On commence par Paul Signac...
Ceux qui sont allés au musée Carnavalet, à Paris, ont eu le bonheur d’admirer un tableau peu connu de Paul Signac : « Le Pont Mirabeau ». L’opposition entre les couleurs chaudes de la rive au soleil, et les couleurs froides de la rive dans l’ombre, rend cette œuvre tardive, peinte en 1928, très émouvante.
De près, on ne voit que des points de couleur. Mais en s’éloignant… magie ! Une image apparaît. C'est le principe d'un mouvement pictural qui s’amuse à jouer avec notre perception : le divisionnisme, et plus particulièrement le pointillisme.
L’un de ses plus célèbres représentants, avec Georges Seurat (1859-1891), a pour nom Paul Signac (1863-1935). La technique du pointillisme est utilisée en peinture par les artistes qui se définissent en pratique par l'application de petits points de couleur distincts pour former une image.
A ne pas confondre avec l’impressionnisme !
L’idée de peindre en appliquant sur la toile des petites touches de couleur rappelle un autre courant : l’impressionnisme.
De fait, la plupart des pointillistes sont d’abord passés par une phase impressionniste. Et c’est même une exposition de Claude Monet qui détermine, en 1880, la vocation de Paul Signac, profondément ému devant "les gares, les bateaux, les rues pavoisées" recréés par le maître à petits coups de pinceaux.
Autre point de rapprochement entre l’impressionnisme et le pointillisme : les deux mouvements vont chercher leurs sujets d’inspiration dans la vraie vie, en plein air. Mais attention, leurs techniques divergent radicalement.
Le terme « pointillisme » a été inventé par les critiques d'art dans les années 1880 pour ridiculiser les œuvres de ces artistes, mais est maintenant utilisé sans son ancienne connotation narquoise.
Le « néo-impressionnisme » et le « divisionnisme » sont également des termes utilisés pour décrire cette technique de peinture.
La technique repose sur la capacité de l'œil et de l'esprit du spectateur à fondre les taches de couleur dans une gamme plus complète de tons. Elle est liée au divisionnisme, une variante plus technique de la méthode.
La pratique du pointillisme est en contraste avec les méthodes traditionnelles de mélange de pigments sur une palette.
Le pointillisme est analogue au processus d’impression de quadrichromie divisionniste utilisé par certaines imprimantes couleur et grosses presses qui placent des points de Cyan, Magenta, Jaune et Noir. La télévision et les moniteurs utilisent une technique similaire pour représenter les couleurs d'images en utilisant le rouge, le vert et le Bleu (RGB).
La technique de peinture utilisée pour le mélange de couleurs pointillistes se fait au détriment du pinceau traditionnel utilisé pour délimiter la texture. La majorité des œuvres pointillistes se fait avec la peinture à l'huile. Il y a des alternatives mais les huiles sont préférées pour leur épaisseur et leur tendance à ne pas couler !
On peut imaginer à quel point cette technique, à coups de petites et régulières touches de peinture, est longue et exigeante. Elle rebute d’ailleurs plusieurs peintres, dont Henri Matisse. Il faut ainsi plus d’un an et la réalisation d’une soixantaine d’études à Georges Seurat pour terminer son chef d’œuvre, « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte » (conservé à l’Art Institute de Chicago).
On continue par Guillaume Apollinaire...
Qui a le plus contribué à la gloire de l'autre ? Est-ce le pont Mirabeau qui a concouru à la célébrité de Guillaume Apollinaire ou est-ce le poète qui a participé à la notoriété du pont ? Nul ne peut trancher. Mais qui ne connaît ces vers de Guillaume Apollinaire, repris en chansons par de multiples artistes, et appris par tous les petits écoliers.
Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. Apollinaire y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, une peintre avec qui il eut une liaison, et au-delà, évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va. Le pont Mirabeau est emprunté par le poète lorsqu'il rentre de chez Marie Laurencin.
L'eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l'amour.
Le poète emprunte à la tradition romantique le thème de la fuite du temps lié à l’écoulement de l’eau qu’on peut retrouver notamment dans un poème comme « Le Lac » de Lamartine (« le temps n’a point de rives ; Il coule et nous passons », Méditations poétiques, 1820). Apollinaire compare le passage du temps à l’écoulement continu du fleuve pour évoquer l’effet destructeur du temps sur l’amour (« L’amour s’en va comme cette eau courante », v. 13). L’amour passe, emporté par le flux temporel.
Comme les Romantiques, le poète constate son impuissance face au temps, qu’on ne peut retenir ni revivre (« Ni temps passé / Ni les amours reviennent », v. 20-21).
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
Pour finir par Georges Brassens...
C'est en février 1940, que Georges Brassens prend le train pour Paris. Durant les premiers mois, il vit chez sa tante, et travaille comme ouvrier dans l'entreprise automobile Renault. Il continue en outre à écrire des chansons sur le piano de sa tante, et des poèmes. Après des bombardements sur Paris, Georges retourne quelques mois à Sète, et retrouve la capitale dès septembre 40. Là, il se consacre entièrement à la poésie et en 42, il réussit à publier deux petits recueils, « A la venvole » et « Des coups d'épée dans l'eau ».
En mars 43, Brassens est envoyé en Allemagne, pour le STO (Service du Travail Obligatoire). Une des caractéristiques du personnage Brassens est son sens aigu de l'amitié. Déjà très fidèle à ses amis sétois, il se forge en Allemagne un nouveau groupe de compagnons. Avec Brassens, l'amitié dure des années, voire toute la vie. Parmi ses amis les plus fameux, on peut citer l'écrivain René Fallet, le chanteur Jacques Brel, l'humoriste Raymond Devos ou l'acteur Lino Ventura, mais Brassens accorde autant d'intérêt à ceux qu'il aime, connus ou non.
En mars 44, il est de retour en France pour une permission. Il ne retournera jamais en Allemagne, et se cache chez un couple qui tient une place de choix dans la vie de Brassens, Jeanne et Marcel Planche. Il leur consacrera d'ailleurs des chansons, dont les célèbres « La cane de Jeanne » en 1953 ou « Chanson pour l'auvergnat » (pour Marcel) en 1955.
Tout comme une femme, Paris inspire en général une gamme étendue d’émotions : fascination, admiration, dues à la renommée de Paris, éblouissement en la découvrant, adoration, mais parfois aussi déception, rancœur, nostalgie et nouvel élan.
Dans Les prénoms de Paris, Brel a vu en Paris la ville des amoureux.
Rien de tel chez Brassens. Il ne considère pas davantage Paris avec l’ironie de Jacques Dutronc (Il est cinq heures Paris s’éveille 1968) ou de Gainsbourg qui s’amuse à déconstruire le mythe (Paris d’papa, Paris si parisien, Parisiana).
Trois chansons seulement, « La ballade des cimetières », « Les ricochets » et « Entre la rue Didot et la rue de Vanves » constituent un embryon de géographie parisienne. La première passe en revue les cimetières de Paris et de sa banlieue, dont certains n’existent plus; la deuxième décrit un itinéraire sentimental le long de la Seine; la troisième se place dans une partie du 14ème arrondissement, évoqué brièvement dans Le vieux Léon. Mentionnée dans « Celui qui a mal tourné et La femme d’Hector », la prison de la Santé se trouve dans cet arrondissement.
Georges Brassens
LES RICOCHETS
J'avais dix-huit ans
Tout juste et quittant
Ma ville natale
Un beau jour, o gue
Je vins débarquer
dans la capitale
J'entrais pas aux cris
D'"A nous deux Paris"
En Île-de-France
Que ton Rastignac
N'ait cure, Balzac!
De ma concurrence
De ma concurrence
Gens en place, dormez
Sans vous alarmer,
Rien ne vous menace
Ce n'est qu'un jeune sot
Qui monte a l'assaut
Du petit Montparnasse
On ne s'étonnera pas
Si mes premiers pas
Tout droit me menèrent
Au pont Mirabeau
Pour un coup de chapeau
A l'Apollinaire
A l'Apollinaire
Bec enfariné
Pouvais-je deviner
Le remue-ménage
Que dans mon destin
Causerait soudain
Ce pèlerinage?
Que circonvenu
Mon coeur ingénu
Allait faire des siennes
Tomber amoureux
De sa toute pre-
mière Parisienne.
mière Parisienne.
N'anticipons pas,
Sur la berge en bas
Tout contre une pile,
La belle tâchait
De faire des ricochets
D'une main malhabile
Moi, dans ce temps-la
Je ne dis pas cela
En bombant le torse,
L'air avantageux
J'étais a ce jeu
De première force.
De première force.
Tu me donnes un baiser,
Ai-je propose
A la demoiselle;
Et moi, sans retard
Je t'apprends de cet art
Toutes les ficelles.
Affaire conclue,
En une heure elle eut,
L'adresse requise.
En change, moi
Je cueillis plein de moi
Ses lèvres exquises.
Ses lèvres exquises.
Et durant un temps
Les journaux d'antan
D'ailleurs le relatent
Fallait se lever
Matin pour trouver
Une pierre plate.
On redessina
Du pont de Lena
Au pont Alexandre
Jusque Saint-Michel,
Mais notre échelle,
La carte du tendre.
La carte du tendre.
Mais c'était trop beau:
Au pont Mirabeau
La belle volage
Un jour se perchait
Sur un ricochet
Et gagnait le large.
Elle me fit faux-bond
Pour un vieux barbon,
La petite ingrate,
Un Crésus vivant
Détail aggravant
Sur la rive droite.
Sur la rive droite.
J'en pleurai pas mal,
Le flux lacrymal
Me fit la quinzaine.
Au viaduc d'Auteuil
Parait qu'a vue d'oeil
Grossissait la Seine.
Et si, pont de l'Alma,
J'ai pas noyé ma
Détresse ineffable,
C'est que l'eau coulant sous
Les pieds du zouzou
Était imbuvable.
Était imbuvable.
Et que j'avais acquis
Cette conviction qui
Du reste me navre
Que mort ou vivant
Ce n'est pas souvent
Qu'on arrive au havre.
Nous attristons pas,
Allons de ce pas
Donner, débonnaires,
Au pont Mirabeau
Un coup de chapeau
A l'Apollinaire.
A l'Apollinaire.
Et la suite ? Un cadavre y est repêché dans Les eaux troubles de « Javel », épisode de « Nestor Burma » à la télévision, troisième saison (1993-1994).
Et encore ? Le pont enjambe la Seine du 15e arrondissement (situé sur la rive gauche de la Seine), au 16e arrondissement. Il relie la rue de la Convention et le rond-point du Pont-Mirabeau, sur la rive gauche, à la place de Barcelone et à la rue de Rémusat, sur la rive droite. Sur la rive gauche, côté amont, se trouve la gare de Javel du RER, ligne C. Ce site est desservi par les stations de métro Mirabeau et Javel - André Citroën.
C’est tout ?
Les martins-pêcheurs viennent hiverner vers le pont Mirabeau.
En 2016, risque de pollution quai André-Citroën (XVe). Pompiers et policiers sont en train de bloquer la circulation sur le pont Mirabeau en direction du quai André-Citroën et de faire enlever les voitures stationnées aux abords de l'usine Lafarge pour dégager le terrain et permettre l'arrivée de camions spécialisés dans le traitement de la pollution.
Chaque jour, les automobilistes et les touristes regrettent que ce pont soit si encombré de voitures….
Choisissez le Pont Mirabeau que vous préférez !
N’hésitez pas aller le voir « en vrai » et à aller au Musée Carnavalet : http://www.carnavalet.paris.fr/
Retrouvez toutes les visites guidées du Musée Carnavalet en cliquant ici
On commence par Paul Signac...
Ceux qui sont allés au musée Carnavalet, à Paris, ont eu le bonheur d’admirer un tableau peu connu de Paul Signac : « Le Pont Mirabeau ». L’opposition entre les couleurs chaudes de la rive au soleil, et les couleurs froides de la rive dans l’ombre, rend cette œuvre tardive, peinte en 1928, très émouvante.
De près, on ne voit que des points de couleur. Mais en s’éloignant… magie ! Une image apparaît. C'est le principe d'un mouvement pictural qui s’amuse à jouer avec notre perception : le divisionnisme, et plus particulièrement le pointillisme.
L’un de ses plus célèbres représentants, avec Georges Seurat (1859-1891), a pour nom Paul Signac (1863-1935). La technique du pointillisme est utilisée en peinture par les artistes qui se définissent en pratique par l'application de petits points de couleur distincts pour former une image.
A ne pas confondre avec l’impressionnisme !
L’idée de peindre en appliquant sur la toile des petites touches de couleur rappelle un autre courant : l’impressionnisme.
De fait, la plupart des pointillistes sont d’abord passés par une phase impressionniste. Et c’est même une exposition de Claude Monet qui détermine, en 1880, la vocation de Paul Signac, profondément ému devant "les gares, les bateaux, les rues pavoisées" recréés par le maître à petits coups de pinceaux.
Autre point de rapprochement entre l’impressionnisme et le pointillisme : les deux mouvements vont chercher leurs sujets d’inspiration dans la vraie vie, en plein air. Mais attention, leurs techniques divergent radicalement.
Le terme « pointillisme » a été inventé par les critiques d'art dans les années 1880 pour ridiculiser les œuvres de ces artistes, mais est maintenant utilisé sans son ancienne connotation narquoise.
Le « néo-impressionnisme » et le « divisionnisme » sont également des termes utilisés pour décrire cette technique de peinture.
La technique repose sur la capacité de l'œil et de l'esprit du spectateur à fondre les taches de couleur dans une gamme plus complète de tons. Elle est liée au divisionnisme, une variante plus technique de la méthode.
La pratique du pointillisme est en contraste avec les méthodes traditionnelles de mélange de pigments sur une palette.
Le pointillisme est analogue au processus d’impression de quadrichromie divisionniste utilisé par certaines imprimantes couleur et grosses presses qui placent des points de Cyan, Magenta, Jaune et Noir. La télévision et les moniteurs utilisent une technique similaire pour représenter les couleurs d'images en utilisant le rouge, le vert et le Bleu (RGB).
La technique de peinture utilisée pour le mélange de couleurs pointillistes se fait au détriment du pinceau traditionnel utilisé pour délimiter la texture. La majorité des œuvres pointillistes se fait avec la peinture à l'huile. Il y a des alternatives mais les huiles sont préférées pour leur épaisseur et leur tendance à ne pas couler !
On peut imaginer à quel point cette technique, à coups de petites et régulières touches de peinture, est longue et exigeante. Elle rebute d’ailleurs plusieurs peintres, dont Henri Matisse. Il faut ainsi plus d’un an et la réalisation d’une soixantaine d’études à Georges Seurat pour terminer son chef d’œuvre, « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte » (conservé à l’Art Institute de Chicago).
On continue par Guillaume Apollinaire...
Qui a le plus contribué à la gloire de l'autre ? Est-ce le pont Mirabeau qui a concouru à la célébrité de Guillaume Apollinaire ou est-ce le poète qui a participé à la notoriété du pont ? Nul ne peut trancher. Mais qui ne connaît ces vers de Guillaume Apollinaire, repris en chansons par de multiples artistes, et appris par tous les petits écoliers.
Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. Apollinaire y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, une peintre avec qui il eut une liaison, et au-delà, évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va. Le pont Mirabeau est emprunté par le poète lorsqu'il rentre de chez Marie Laurencin.
L'eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l'amour.
Le poète emprunte à la tradition romantique le thème de la fuite du temps lié à l’écoulement de l’eau qu’on peut retrouver notamment dans un poème comme « Le Lac » de Lamartine (« le temps n’a point de rives ; Il coule et nous passons », Méditations poétiques, 1820). Apollinaire compare le passage du temps à l’écoulement continu du fleuve pour évoquer l’effet destructeur du temps sur l’amour (« L’amour s’en va comme cette eau courante », v. 13). L’amour passe, emporté par le flux temporel.
Comme les Romantiques, le poète constate son impuissance face au temps, qu’on ne peut retenir ni revivre (« Ni temps passé / Ni les amours reviennent », v. 20-21).
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
Pour finir par Georges Brassens...
C'est en février 1940, que Georges Brassens prend le train pour Paris. Durant les premiers mois, il vit chez sa tante, et travaille comme ouvrier dans l'entreprise automobile Renault. Il continue en outre à écrire des chansons sur le piano de sa tante, et des poèmes. Après des bombardements sur Paris, Georges retourne quelques mois à Sète, et retrouve la capitale dès septembre 40. Là, il se consacre entièrement à la poésie et en 42, il réussit à publier deux petits recueils, « A la venvole » et « Des coups d'épée dans l'eau ».
En mars 43, Brassens est envoyé en Allemagne, pour le STO (Service du Travail Obligatoire). Une des caractéristiques du personnage Brassens est son sens aigu de l'amitié. Déjà très fidèle à ses amis sétois, il se forge en Allemagne un nouveau groupe de compagnons. Avec Brassens, l'amitié dure des années, voire toute la vie. Parmi ses amis les plus fameux, on peut citer l'écrivain René Fallet, le chanteur Jacques Brel, l'humoriste Raymond Devos ou l'acteur Lino Ventura, mais Brassens accorde autant d'intérêt à ceux qu'il aime, connus ou non.
En mars 44, il est de retour en France pour une permission. Il ne retournera jamais en Allemagne, et se cache chez un couple qui tient une place de choix dans la vie de Brassens, Jeanne et Marcel Planche. Il leur consacrera d'ailleurs des chansons, dont les célèbres « La cane de Jeanne » en 1953 ou « Chanson pour l'auvergnat » (pour Marcel) en 1955.
Tout comme une femme, Paris inspire en général une gamme étendue d’émotions : fascination, admiration, dues à la renommée de Paris, éblouissement en la découvrant, adoration, mais parfois aussi déception, rancœur, nostalgie et nouvel élan.
Dans Les prénoms de Paris, Brel a vu en Paris la ville des amoureux.
Rien de tel chez Brassens. Il ne considère pas davantage Paris avec l’ironie de Jacques Dutronc (Il est cinq heures Paris s’éveille 1968) ou de Gainsbourg qui s’amuse à déconstruire le mythe (Paris d’papa, Paris si parisien, Parisiana).
Trois chansons seulement, « La ballade des cimetières », « Les ricochets » et « Entre la rue Didot et la rue de Vanves » constituent un embryon de géographie parisienne. La première passe en revue les cimetières de Paris et de sa banlieue, dont certains n’existent plus; la deuxième décrit un itinéraire sentimental le long de la Seine; la troisième se place dans une partie du 14ème arrondissement, évoqué brièvement dans Le vieux Léon. Mentionnée dans « Celui qui a mal tourné et La femme d’Hector », la prison de la Santé se trouve dans cet arrondissement.
Georges Brassens
LES RICOCHETS
J'avais dix-huit ans
Tout juste et quittant
Ma ville natale
Un beau jour, o gue
Je vins débarquer
dans la capitale
J'entrais pas aux cris
D'"A nous deux Paris"
En Île-de-France
Que ton Rastignac
N'ait cure, Balzac!
De ma concurrence
De ma concurrence
Gens en place, dormez
Sans vous alarmer,
Rien ne vous menace
Ce n'est qu'un jeune sot
Qui monte a l'assaut
Du petit Montparnasse
On ne s'étonnera pas
Si mes premiers pas
Tout droit me menèrent
Au pont Mirabeau
Pour un coup de chapeau
A l'Apollinaire
A l'Apollinaire
Bec enfariné
Pouvais-je deviner
Le remue-ménage
Que dans mon destin
Causerait soudain
Ce pèlerinage?
Que circonvenu
Mon coeur ingénu
Allait faire des siennes
Tomber amoureux
De sa toute pre-
mière Parisienne.
mière Parisienne.
N'anticipons pas,
Sur la berge en bas
Tout contre une pile,
La belle tâchait
De faire des ricochets
D'une main malhabile
Moi, dans ce temps-la
Je ne dis pas cela
En bombant le torse,
L'air avantageux
J'étais a ce jeu
De première force.
De première force.
Tu me donnes un baiser,
Ai-je propose
A la demoiselle;
Et moi, sans retard
Je t'apprends de cet art
Toutes les ficelles.
Affaire conclue,
En une heure elle eut,
L'adresse requise.
En change, moi
Je cueillis plein de moi
Ses lèvres exquises.
Ses lèvres exquises.
Et durant un temps
Les journaux d'antan
D'ailleurs le relatent
Fallait se lever
Matin pour trouver
Une pierre plate.
On redessina
Du pont de Lena
Au pont Alexandre
Jusque Saint-Michel,
Mais notre échelle,
La carte du tendre.
La carte du tendre.
Mais c'était trop beau:
Au pont Mirabeau
La belle volage
Un jour se perchait
Sur un ricochet
Et gagnait le large.
Elle me fit faux-bond
Pour un vieux barbon,
La petite ingrate,
Un Crésus vivant
Détail aggravant
Sur la rive droite.
Sur la rive droite.
J'en pleurai pas mal,
Le flux lacrymal
Me fit la quinzaine.
Au viaduc d'Auteuil
Parait qu'a vue d'oeil
Grossissait la Seine.
Et si, pont de l'Alma,
J'ai pas noyé ma
Détresse ineffable,
C'est que l'eau coulant sous
Les pieds du zouzou
Était imbuvable.
Était imbuvable.
Et que j'avais acquis
Cette conviction qui
Du reste me navre
Que mort ou vivant
Ce n'est pas souvent
Qu'on arrive au havre.
Nous attristons pas,
Allons de ce pas
Donner, débonnaires,
Au pont Mirabeau
Un coup de chapeau
A l'Apollinaire.
A l'Apollinaire.
Et la suite ? Un cadavre y est repêché dans Les eaux troubles de « Javel », épisode de « Nestor Burma » à la télévision, troisième saison (1993-1994).
Et encore ? Le pont enjambe la Seine du 15e arrondissement (situé sur la rive gauche de la Seine), au 16e arrondissement. Il relie la rue de la Convention et le rond-point du Pont-Mirabeau, sur la rive gauche, à la place de Barcelone et à la rue de Rémusat, sur la rive droite. Sur la rive gauche, côté amont, se trouve la gare de Javel du RER, ligne C. Ce site est desservi par les stations de métro Mirabeau et Javel - André Citroën.
C’est tout ?
Les martins-pêcheurs viennent hiverner vers le pont Mirabeau.
En 2016, risque de pollution quai André-Citroën (XVe). Pompiers et policiers sont en train de bloquer la circulation sur le pont Mirabeau en direction du quai André-Citroën et de faire enlever les voitures stationnées aux abords de l'usine Lafarge pour dégager le terrain et permettre l'arrivée de camions spécialisés dans le traitement de la pollution.
Chaque jour, les automobilistes et les touristes regrettent que ce pont soit si encombré de voitures….
Choisissez le Pont Mirabeau que vous préférez !
N’hésitez pas aller le voir « en vrai » et à aller au Musée Carnavalet : http://www.carnavalet.paris.fr/
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