Le
13 July 2024,
"La Matière du temps", tel est le nom de l'œuvre in situ du sculpteur américain minimaliste Richard Serra que l'on peut explorer au musée Guggenheim de Bilbao, en Espagne. Explorer, oui, car il s'agit d'une série d'installations en métal monumentales en trois dimensions que les visiteurs sont invités à s'approprier.
Composées de feuilles de métal de plus de 4 m de haut et de 5 cm d'épaisseur, pesant plusieurs tonnes, les 8 sculptures sont posées en équilibre sur le sol, défiant la pesanteur ; chaque proposition revêt une forme différente et propose un parcours singulier. Ellipse, sphère, spirale se déploient ainsi dans une gigantesque salle du musée, et s'offrent aussi au regard des visiteurs qui peuvent embrasser l'ensemble de la salle d'un regard, depuis un balcon.
On peut tourner autour des sculptures, mais aussi entrer à l'intérieur : ce qui leur donne tout leur sens, c'est en effet l'expérience personnelle du visiteur, sa perception de l'espace et du temps lorsqu'il les parcourt. Il est d'ailleurs difficile d'imaginer, de l'extérieur, comment elles s'organisent à l'intérieur.
On se retrouve dans couloirs de différentes proportions (larges, étroits, évasés, plus ou moins hauts), sans être capable de prévoir comment ils évoluent au fil de nos pas. Légèrement désorientés, enfermés sans l'être, on a des sensations de léger vertige, on perd la notion du temps, on ne sait plus vraiment où – ni quand - on est.
L'acier utilisé par Serra change de couleur et d'aspect au fil du temps : c'est un acier qui sert en principe à construire des ponts. Mais la vraie matière de ses sculptures, disait l'artiste lui-même, disparu il y a quelques mois, c'est l'espace. L'acier vient simplement souligner, structurer l'espace, proposer un déplacement et une expérience sensible de l'espace, en nous invitant à choisir à quel rythme et dans quel ordre nous voulons l'arpenter ; cette "Matière du temps" qui donne son titre à l'ensemble d'œuvres du Guggenheim, c'est bel et bien l'espace.
Et l'artiste semble nous souffler qu'à notre manière, nous sculptons le temps et l'espace autant qu'ils nous sculptent. "Quand on voit mes pièces, on ne retient pas un objet. On retient une expérience, un passage", disait Richard Serra, qui a inventé une forme d'art philosophique, questionnant notre place dans l'espace, son influence sur notre comportement, autant que notre libre arbitre.
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Composées de feuilles de métal de plus de 4 m de haut et de 5 cm d'épaisseur, pesant plusieurs tonnes, les 8 sculptures sont posées en équilibre sur le sol, défiant la pesanteur ; chaque proposition revêt une forme différente et propose un parcours singulier. Ellipse, sphère, spirale se déploient ainsi dans une gigantesque salle du musée, et s'offrent aussi au regard des visiteurs qui peuvent embrasser l'ensemble de la salle d'un regard, depuis un balcon.
On peut tourner autour des sculptures, mais aussi entrer à l'intérieur : ce qui leur donne tout leur sens, c'est en effet l'expérience personnelle du visiteur, sa perception de l'espace et du temps lorsqu'il les parcourt. Il est d'ailleurs difficile d'imaginer, de l'extérieur, comment elles s'organisent à l'intérieur.
On se retrouve dans couloirs de différentes proportions (larges, étroits, évasés, plus ou moins hauts), sans être capable de prévoir comment ils évoluent au fil de nos pas. Légèrement désorientés, enfermés sans l'être, on a des sensations de léger vertige, on perd la notion du temps, on ne sait plus vraiment où – ni quand - on est.
L'acier utilisé par Serra change de couleur et d'aspect au fil du temps : c'est un acier qui sert en principe à construire des ponts. Mais la vraie matière de ses sculptures, disait l'artiste lui-même, disparu il y a quelques mois, c'est l'espace. L'acier vient simplement souligner, structurer l'espace, proposer un déplacement et une expérience sensible de l'espace, en nous invitant à choisir à quel rythme et dans quel ordre nous voulons l'arpenter ; cette "Matière du temps" qui donne son titre à l'ensemble d'œuvres du Guggenheim, c'est bel et bien l'espace.
Et l'artiste semble nous souffler qu'à notre manière, nous sculptons le temps et l'espace autant qu'ils nous sculptent. "Quand on voit mes pièces, on ne retient pas un objet. On retient une expérience, un passage", disait Richard Serra, qui a inventé une forme d'art philosophique, questionnant notre place dans l'espace, son influence sur notre comportement, autant que notre libre arbitre.
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
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