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Photo par Christophe Weber, model Agathe Pujol. Toile de Ioan Sbârciu
Le
6 December 2016,
Dognin est une
marque de maroquinerie de luxe innovante, bien ancrée dans son époque, dont les
cofondateurs sont des amoureux de l’art. La créativité, le savoir-faire et le
dialogue avec les artistes abreuvent leur inspiration et leur travail au
quotidien. Dans leur galerie showroom, ils présentent « Balades
transylvaines » à partir de vendredi 9 décembre : une exposition
qui permettra aux visiteurs de découvrir l’univers du peintre roumain Ioan
Sbârciu, un artiste néo-romantique de renommée internationale à l’univers
abstrait et coloré, qui rend hommage aux forêts de son enfance et lance un cri
d’alarme pour une prise de conscience écologique.
MSC : Bonjour Rafik Mahiout, vous êtes le cofondateur de la marque de maroquinerie de luxe Dognin. Pouvez-vous me dire quelques mots sur l'histoire de la marque et son enracinement à la Goutte d'Or?
Nous avons lancé notre première collection de sacs en cuir il y a quelques années. Tous nos sacs sont créés et fabriqués dans notre atelier du XVIIIème arrondissement de Paris, à Barbès. La collection est basée sur la création, l’innovation, avec le désir de renouveler les formes, les usages, jusqu’à l’intérieur des sacs, conçus comme de véritables jardins secrets. L’un de nos savoir-faire a d’ailleurs fait l’objet d’un brevet d’invention.
De quoi s’agit-il ?
C’est un procédé qui permet d’obtenir des volumes inusités, avec une mémoire de forme et une consistance flexible. Le premier sac issu de ce procédé innovant s’appelle le « Polochon ». Il a été sélectionné par Futurotextiles pour le caractère innovant de sa mise en forme, utilisant un textile particulier. Il a également reçu le label de l’Observeur du design 2014 pour sa forme novatrice. Pour célébrer son lancement, nous avons fait appel à des artistes de renommée internationale qui ont réalisé chacun une œuvre sur le sac. C’est l’installation « Regards croisés sur le Polochon », inaugurée à l’Institut Français de la Mode le 21 mai 2015 et présentée à l’Institut National des Métiers d’Art en juin 2015. L’un des sacs, réalisé avec l’artiste japonais Akira Kugimachi, a été sélectionné par Artcurial pour une vente de prestige en octobre 2015.
Vous organisez l’exposition « Ballades transylvaines » à partir du 8 décembre prochain en partenariat avec la galerie Bruxelloise MB-XL dans votre galerie-showroom. Les toiles du peintre Ioan Sbârciu, qui travaille sur l »évocation de l’esprit de la forêt : êtes-vous sensible à l’écologie ?
Enfant, ma grand-mère me parlait de l’esprit des choses, l’esprit des lieux … il y a ce qui est visible et ce qui ne l’est pas, il faut donc respecter l’invisible … il ne s’agit pas de sorcellerie mais de respect de l’environnement. Il y a donc pour moi, l’esprit de la forêt … je vais dire donc que c’est la foret de Ioan Sbârciu qui est venue à moi au moment où je travaillais sur le thème … de la forêt. Nous présentons cette exposition en avant-première ; elle voyagera ensuite au Parlement européen. Le respect de l’environnement est un axe fort de notre démarche. Nous avons réalisé un sac, le « Canopée », à la demande de Caroline David, commissaire générale de Textifood à Milan. Il est fabriqué à partir d’un tissu en fibre de lotus et de pièces en cuir flexible issues de notre brevet et qui permettent d’obtenir un volume d’une grande légèreté. Le Canopée fait partie de l’exposition Textifood, inaugurée pour l’Exposition Universelle de Milan. D’autre part, l’installation « Regards croisés sur le Polochon » devient itinérante, à la manière d’un caravansérail. Elle a été invitée d’honneur d’Art-Elysées durant la semaine de la FIAC (du 22 au 26 octobre 2015).
Pour vous, qu'est-ce que l'artisanat d'art?
Jadis les métiers d’art devaient mettre en valeur le Roi. En France, en particulier, ils se sont envolés vers des sommets pour illustrer cet astre solaire que voulait incarner Louis XIV. Pour ma part, je suis plus sensible au second Empire en ce qui concerne l’artisanat d’art. Aujourd’hui, comme Cendrillon revenue d’un songe merveilleux, nous pouvons admirer cet héritage du passé. Il témoigne de l’esprit transcendant la matière pour atteindre le sublime. Notre démarche s’inscrit dans le désir de sublimer la matière, mais sous une forme adaptée à notre époque, en tenant compte de l’exigence environnementale. Ce qui reviens après ce préambule à essayer de répondre à votre question : qu’est-ce-que l’artisanat d art ? Peut-être plusieurs choses à la fois … un savoir faire , un usage , l’excellence du geste, la main … je ne vais pas dire le « beau » car le « beau » est une donne subjective, cependant … je vais ajouter « l’innovation » , c’est ce qui remet la chose dans l’époque et nous éloigne d’une forme de nostalgie mortifère.
Votre propre définition de la culture?
Question difficile … il y a des mots pour expliquer beaucoup de choses, des tournures de phrases qui savent suggérer d’autres choses mais à mon sens il n’y a pas réellement de mot pour expliquer la culture, certainement pas le « contenant » à la rigueur nous pouvons définir les contours. Alors la culture se rapproche du Divin .. du Religieux … mais lequel ? Monothéisme ou polythéisme ? Une culture universelle qui exclut les autres ? Une culture face à une somme de folklores ? Mais parle t-on de « Culture » ou de « Culture générale » ? Alors je vais me borner à dire que c’est ce qui peut aider l’humain à s’échapper, ne serait-ce qu’un instant de sa condition qui au fond est sans grand intérêt …
Vous mettez régulièrement en valeur des artistes : danseurs, photographes, et aujourd'hui, vous exposez le peintre roumain Ioan Sbârciu. Qu'est ce qui vous a donné envie d'établir ce dialogue avec l'art et ces rendez-vous réguliers?
Autre question difficile … quelque part elle rejoint celle relative à la culture. Autant la culture n’est pas une chose innée, autant avoir cette démarche est, chez moi, un simple réflexe. Ce sont les autres qui me font observer la chose. Je ne vais certainement pas me lancer dans un discours du genre « oui, c’est pour dresser des ponts et pour que les gens se parlent » j’ai horreur de ce genre de soupe de communiquants. Nous mettons en place des événements avec ceux avec qui nous avons des choses à faire, des créateurs ou artistes dont la démarche et le travail nous parlent et j’ose même ajouter : avec des gens qui respirent le désir et l’envie de faire !
Quels sont vos « spots » culturels préférés à la Goutte d'Or? Dans Paris? Hors de Paris?
Je suis passionné d’architecture, je peux aller m’assoir quelque part et voir un chantier avancer. J’aime ce qui est en « construction ». Dans le 18e arrondissement nous sommes très gâtés en terme de culture. Hors de Paris, j’ai eu un choc en découvrant le musée d’archéologie de Naples, et aussi Pompéi. Ce sont des lieux qui rendent modestes, qui nous prouvent que nous n’avons rien inventé.
Quels sont les projets de collaborations culturelles de Dognin? J'ai entendu parler d'une exposition avec le musée Guimet...
Il s’agit d’un projet sur la route de la soie dont le Musée est partenaire. Je vous en dirai plus prochainement !
Retrouvez ici notre interview du peintre Ioan Sbârciu, à l’occasion de l’exposition « Ballades transylvaines » dans la galerie showroom Dognin
Propos recueillis par Sonia Zannad / Mes sorties culture
.
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
MSC : Bonjour Rafik Mahiout, vous êtes le cofondateur de la marque de maroquinerie de luxe Dognin. Pouvez-vous me dire quelques mots sur l'histoire de la marque et son enracinement à la Goutte d'Or?
Nous avons lancé notre première collection de sacs en cuir il y a quelques années. Tous nos sacs sont créés et fabriqués dans notre atelier du XVIIIème arrondissement de Paris, à Barbès. La collection est basée sur la création, l’innovation, avec le désir de renouveler les formes, les usages, jusqu’à l’intérieur des sacs, conçus comme de véritables jardins secrets. L’un de nos savoir-faire a d’ailleurs fait l’objet d’un brevet d’invention.
De quoi s’agit-il ?
C’est un procédé qui permet d’obtenir des volumes inusités, avec une mémoire de forme et une consistance flexible. Le premier sac issu de ce procédé innovant s’appelle le « Polochon ». Il a été sélectionné par Futurotextiles pour le caractère innovant de sa mise en forme, utilisant un textile particulier. Il a également reçu le label de l’Observeur du design 2014 pour sa forme novatrice. Pour célébrer son lancement, nous avons fait appel à des artistes de renommée internationale qui ont réalisé chacun une œuvre sur le sac. C’est l’installation « Regards croisés sur le Polochon », inaugurée à l’Institut Français de la Mode le 21 mai 2015 et présentée à l’Institut National des Métiers d’Art en juin 2015. L’un des sacs, réalisé avec l’artiste japonais Akira Kugimachi, a été sélectionné par Artcurial pour une vente de prestige en octobre 2015.
Vous organisez l’exposition « Ballades transylvaines » à partir du 8 décembre prochain en partenariat avec la galerie Bruxelloise MB-XL dans votre galerie-showroom. Les toiles du peintre Ioan Sbârciu, qui travaille sur l »évocation de l’esprit de la forêt : êtes-vous sensible à l’écologie ?
Enfant, ma grand-mère me parlait de l’esprit des choses, l’esprit des lieux … il y a ce qui est visible et ce qui ne l’est pas, il faut donc respecter l’invisible … il ne s’agit pas de sorcellerie mais de respect de l’environnement. Il y a donc pour moi, l’esprit de la forêt … je vais dire donc que c’est la foret de Ioan Sbârciu qui est venue à moi au moment où je travaillais sur le thème … de la forêt. Nous présentons cette exposition en avant-première ; elle voyagera ensuite au Parlement européen. Le respect de l’environnement est un axe fort de notre démarche. Nous avons réalisé un sac, le « Canopée », à la demande de Caroline David, commissaire générale de Textifood à Milan. Il est fabriqué à partir d’un tissu en fibre de lotus et de pièces en cuir flexible issues de notre brevet et qui permettent d’obtenir un volume d’une grande légèreté. Le Canopée fait partie de l’exposition Textifood, inaugurée pour l’Exposition Universelle de Milan. D’autre part, l’installation « Regards croisés sur le Polochon » devient itinérante, à la manière d’un caravansérail. Elle a été invitée d’honneur d’Art-Elysées durant la semaine de la FIAC (du 22 au 26 octobre 2015).
Pour vous, qu'est-ce que l'artisanat d'art?
Jadis les métiers d’art devaient mettre en valeur le Roi. En France, en particulier, ils se sont envolés vers des sommets pour illustrer cet astre solaire que voulait incarner Louis XIV. Pour ma part, je suis plus sensible au second Empire en ce qui concerne l’artisanat d’art. Aujourd’hui, comme Cendrillon revenue d’un songe merveilleux, nous pouvons admirer cet héritage du passé. Il témoigne de l’esprit transcendant la matière pour atteindre le sublime. Notre démarche s’inscrit dans le désir de sublimer la matière, mais sous une forme adaptée à notre époque, en tenant compte de l’exigence environnementale. Ce qui reviens après ce préambule à essayer de répondre à votre question : qu’est-ce-que l’artisanat d art ? Peut-être plusieurs choses à la fois … un savoir faire , un usage , l’excellence du geste, la main … je ne vais pas dire le « beau » car le « beau » est une donne subjective, cependant … je vais ajouter « l’innovation » , c’est ce qui remet la chose dans l’époque et nous éloigne d’une forme de nostalgie mortifère.
Votre propre définition de la culture?
Question difficile … il y a des mots pour expliquer beaucoup de choses, des tournures de phrases qui savent suggérer d’autres choses mais à mon sens il n’y a pas réellement de mot pour expliquer la culture, certainement pas le « contenant » à la rigueur nous pouvons définir les contours. Alors la culture se rapproche du Divin .. du Religieux … mais lequel ? Monothéisme ou polythéisme ? Une culture universelle qui exclut les autres ? Une culture face à une somme de folklores ? Mais parle t-on de « Culture » ou de « Culture générale » ? Alors je vais me borner à dire que c’est ce qui peut aider l’humain à s’échapper, ne serait-ce qu’un instant de sa condition qui au fond est sans grand intérêt …
Vous mettez régulièrement en valeur des artistes : danseurs, photographes, et aujourd'hui, vous exposez le peintre roumain Ioan Sbârciu. Qu'est ce qui vous a donné envie d'établir ce dialogue avec l'art et ces rendez-vous réguliers?
Autre question difficile … quelque part elle rejoint celle relative à la culture. Autant la culture n’est pas une chose innée, autant avoir cette démarche est, chez moi, un simple réflexe. Ce sont les autres qui me font observer la chose. Je ne vais certainement pas me lancer dans un discours du genre « oui, c’est pour dresser des ponts et pour que les gens se parlent » j’ai horreur de ce genre de soupe de communiquants. Nous mettons en place des événements avec ceux avec qui nous avons des choses à faire, des créateurs ou artistes dont la démarche et le travail nous parlent et j’ose même ajouter : avec des gens qui respirent le désir et l’envie de faire !
Quels sont vos « spots » culturels préférés à la Goutte d'Or? Dans Paris? Hors de Paris?
Je suis passionné d’architecture, je peux aller m’assoir quelque part et voir un chantier avancer. J’aime ce qui est en « construction ». Dans le 18e arrondissement nous sommes très gâtés en terme de culture. Hors de Paris, j’ai eu un choc en découvrant le musée d’archéologie de Naples, et aussi Pompéi. Ce sont des lieux qui rendent modestes, qui nous prouvent que nous n’avons rien inventé.
Quels sont les projets de collaborations culturelles de Dognin? J'ai entendu parler d'une exposition avec le musée Guimet...
Il s’agit d’un projet sur la route de la soie dont le Musée est partenaire. Je vous en dirai plus prochainement !
Retrouvez ici notre interview du peintre Ioan Sbârciu, à l’occasion de l’exposition « Ballades transylvaines » dans la galerie showroom Dognin
Propos recueillis par Sonia Zannad / Mes sorties culture
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Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com