Mais qui n'aime pas les chats ?
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Les chats, il y en a plein nos maisons et nos jardins.

Et pourtant, nous avons plein de raisons de les détester... S'il ronronne à vos côtés, n'y voyez pas de l’affection, car votre chat ne vous aime pas : il ne se rapproche que parce que vous êtes un bon moyen pour lui de manger. Il reconnaît très bien votre voix, mais n’y répond que si ça lui chante. Comme quand vous l’appelez pour... son repas. Manipulateur, il sait se faire comprendre, notamment par le miaulement, essentiellement réservé aux humains. Entre eux, les chats ne miaulent pas, ou très peu.

C’est un psychopathe et un tueur. Vous êtes tranquillement assis, le chat à côté de vous, le ventre plein, il semble dormir. Soudain, il se lève, marque une pause, vous regarde et d'un seul coup, et vous colle un coup de griffe ! Aïe ! Si vous êtes un tout petit peu vengeur, ben vous lui filez un bon coup de pied... Véritables machines à tuer : insectes, oiseaux, chauves-souris, petits mammifères, reptiles... tout y passe. 

Et une petite pensée pour les allergiques aux chats : ce ne sont pas les poils en eux-mêmes qui provoquent l'allergie mais une protéine contenue dans leur salive (et leur urine). Si nos chats se lèchent, ne serait-ce tout simplement pas juste pour embêter les allergiques ? Bon, j’avoue, j’exagère un peu... 

Les chats, il y en a plein les musées et les collections privées. 

Mais là, sur la toile et figés dans le marbre, ils sont bien plus gentils et moins allergisants, quoique.

A partir de la Renaissance, le chat devient l'ami des poètes, des artistes et des hommes politiques. On le retrouve dans la peinture religieuse, les natures mortes, les scènes de la vie quotidienne et les portraits. Au 19e siècle, il fascine, incarnant liberté et indépendance. Les peintres réhabilitent le chat mystérieux, solitaire, nocturne et vagabond. Tous les grands peintres et sculpteurs, puis les photographes, s’y frottent, faisant apparaître l’animal dans leurs œuvres. Mais ce serait oublier les écrivains... Chanoine est celui de Victor Hugo, Mysouff celui de Alexandre Dumas. Et Tibère ? Ben c’est celui de Baudelaire ! 

Bon, en fait, qui n'aime pas les chats ?

Le célèbre homme en rouge, Richelieu, les adore. Ses chroniqueurs disent, qu’en travaillant, il en a toujours un sur les genoux. À sa mort, il n’en posséderait pas moins de quatorze, la plupart étant des chats persans au poil long. Charles Édouard Delort (1841-1895), peintre français au style éclectique, le représente, peu attentif, surtout distrait et amusé par ses boules de poils

Jean-Jacques Bachelier (1724-1806), peintre, écrivain et administrateur français, a su rendre l’élégance et la beauté de ces chats angora. Leur caractère vif, dans l’attente, concentré, est tendu vers la capture du papillon dans un tableau, ou de l’oiseau dans un autre tableau. Ne vous y trompez pas, ce n’est pas la faim qui le pousse à chasser, mais son côté chasseur cruel.

Autres chats, autre époque. Sur un coussin bordé de dentelle sont dressés deux chatons, un noir et un blanc. Ils surveillent une mouche posée sur un livre. La pauvre ! L'attitude espiègle de deux si petits et si mignons animaux est rendue avec beaucoup de réalisme par Henriette Ronner-Knip (1821-1909).  Nombre d'accessoires féminins ponctuent la scène, où tout n’est que douceur et volupté. Las ! La mouche se fera quand même manger ! 

Le peintre suédois Bruno Liljefors (1860-1939), peignant à la manière impressionniste, aime la nature, les animaux sauvages, mais aussi chiens et chats. Des charmantes (mais cruelles parfois) petites boules de poils parsèment son œuvre. Le chat est source de fascination pour lui. Probablement parce que, bien que considéré comme un animal domestique, ce félin n'en conserve pas moins un instinct de chasseur, comme ce petit chat cherchant à attraper un pinson. Voyez ces petites canines pointues ! Le plus célèbre de ses chats est Jeppe, qui se repose, allongé au soleil, indifférent au regard de son maître. 

A la fin de cet article, vous prendriez peut-être plutôt un chien… Mais ce tableau de Bruno Liljefors vous montre que ces derniers peuvent aussi se montrer barbares ! Prenez donc un lapin... mais en peinture !

Ne vous y trompez pas : votre rédacteur s’est amusé à écrire cet article, avec sur son bureau, allongé, bien étalé, alangui… son chat adoré ! Et je dirais, à l’instar d’Alberto Giacometti : "Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat".


Bruno Liljefors est une figure incontournable de la scène artistique scandinave de la fin du 19e siècle. Le Petit Palais, lors d’une exposition finissant le 16 février 2025, révèle sa virtuosité picturale et son apport original dans la construction de l’imaginaire de la nature suédoise.


Tableaux par ordre d’apparition dans l’article :

1 – "La distraction de Richelieu", avant 1885, par Charles Édouard Delort (1841-1895) – Detroit Institute of Arts

2 – "Chat angora blanc, guettant un papillon", 1761, par Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) – Musée Lambinet, Versailles

3 – "Chat angora, guettant un oiseau", 1761, par Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) – Collection privée

4 – "Deux chatons surveillant une mouche", 1891, Henriëtte Ronner-Knip (1821-1909) – Musée des Ursulines, Mâcon

5 – "Un chat et un pinson", 1885, par Bruno Liljefors (1860-1939) – Musée national des Beaux-Arts, Stockholm

6 – "Le chat Jeppe au soleil", 1886, par Bruno Liljefors (1860-1939) – Collection privée

7 – "Renard et chiens", 1885, par Bruno Liljefors (1860-1939) – Musée national des Beaux-Arts, Stockholm

8 – "Lièvre en hiver", 1905, par Bruno Liljefors (1860-1939) – Galerie Thiel, Stockholm


Pour ceux qui veulent aller plus loin : 

Le chat traverse l’histoire des civilisations et de l’histoire de l’art. Un très beau livre Chat - De la déesse Bastet au chat néo-pop, où, au fil des pages, on parcourt des œuvres d’artistes célèbres, en 40 notices explicatives, avec... un chat. 

Dans ce bel ouvrage Chats, des œuvres puisées dans les riches collections du musée d'Orsay, de Courbet, Millet, Bonnard, Rivière, Steinlen ou Zola témoignent de leur fascination d’artistes pour ce félin énigmatique et épris de liberté.

Incontournable, Le chat de Simenon, et un couple terrible. Émile est alité. Son chat Joseph, que Marguerite n'a jamais accepté, disparaît. Émile finit par le découvrir mort dans la cave, probablement empoisonné. Il comprend qu'à travers le chat, c'est lui qu'on a voulu atteindre. Il se venge sur le perroquet de Marguerite. Commence alors une petite guerre… De ce livre, un film du même nom a été tiré, avec Jean Gabin et Simone Signoret.

Madame de Bonnefamille a décidé de léguer sa fortune à ses chats bien aimés. Mais Edgar, son cupide maître d'hôtel veut hériter à leur place. Il les kidnappe et les abandonne en rase campagne. Duchesse et ses trois chatons doivent retrouver le chemin qui les ramènera à Paris. O'Malley, un malin matou vient à leur rescousse. Il leur fera découvrir les toits de Paris et rencontrer ses comparses talentueux musiciens de Jazz. Vous avez reconnu Les Aristochats, indémodable.


Et évidemment, "Tout le monde veut devenir un cat" ! Bonne ronronthérapie !


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