Le
17 October 2016,
A l’occasion du 120 ème anniversaire de la naissance de Paulette Nardal, du 60 ème anniversaire du 1er Congrès à Paris des écrivains et artistes noirs et du 50 ème anniversaire de la venue de Martin Luther King en France et de la création du Festival mondial des Arts nègres à Dakar, le programme « aimez ces aires, aimez ces airs » rend hommage du 12 octobre au 10 décembre 2016 à la « Nègre Féminitude en action … BLACK IS BEAUTIFUL … » .
A cette occasion, ont lieu sur toute la France de multiples expositions. Mais qui est Paulette NARDAL ? C'est l'invention de la Négritude....
Paulette Nardal (1896-1985), est une femme de lettres et journaliste martiniquaise, militante de la cause noire, et une des inspiratrices du courant littéraire de la négritude.
Elle nait à Saint-Pierre dans une famille de la nouvelle bourgeoisie noire de l'île. Elle est l'aînée de 7 sœurs et la fille de Paul Nardal, le premier ingénieur noir de l'île. Paulette Nardal devient institutrice avant de décider, à l'âge de 24 ans, de rejoindre la métropole pour poursuivre ces études de lettres.
Elle arrive à Paris en 1920 et s'inscrit à la Sorbonne pour étudier l'anglais. À Paris, elle profite de la vie culturelle de la capitale. Elle fréquente le Bal Nègre de la rue Blomet et, à Pigalle, le cabaret d’Eugene Bullard Le Grand duc. En 1939, alors qu'elle rentre de Martinique en bateau, un sous-marin allemand torpille le navire et le coule. Paulette Nardal est sauvée de la noyade grâce à une chaloupe de sauvetage mais est blessée aux genoux lors du naufrage. Elle garde d'importantes séquelles de cet épisode qui la laisse infirme.
En 1944, elle part à la toute fin de la Seconde Guerre mondiale travailler aux Nations unies, à New York, mais son handicap la contraint au retour, définitif cette fois, à la Martinique. Paulette Nardal meurt le 16 février 1985, à l’âge de 89 ans.
Cette femme de lettres et militante politique, pionnière de la cause noire, restera celle qui répétait inlassablement à ses amis et ses élèves sa fierté d'être noire : "Black is beautiful".
Le défi aux “civilisés”
Elle se considère comme une femme occidentale de couleur, et compte tenu du nombre restreint de femmes noires à cette époque, seuls quelques ignares la regardent avec des yeux de xénophobes. Mais plus tard elle comprend les allusions d’une société blanche habile dans le maniement des mots. Elle prend position et le fait savoir : "J’ai pris conscience de ma différence quand on me l’a fait sentir !", et défie les civilisés : "Non, le Noir ne cherche pas à ressembler au Blanc, non il n’est pas complexé par sa couleur de peau, ses traits négroïdes, ses cheveux crépus... ".
En 1931, Paulette, sa sœur Andrée et le Haïtien Léo Sajous fondent "La revue du monde noir". Rédigé en anglais et en français, ce journal devient la voix des Noirs de tous horizons. Plus question alors pour ces intellectuels de copier les Blancs, bien au contraire, ils affirment leur état de nègre.
À l’origine du vocable “nègre”
Pour ceux qui connaissent quelque peu les Antilles françaises, ils savent qu’avant que Césaire ait popularisé le concept de la négritude, il était pratiquement impossible de trouver un Antillais qui accepte d’être d’origine africaine, sauf bien entendu chez les Nardal, et que ce soit aux Antilles ou à Paris, Paulette n’a de cesse d’affirmer qu’elle est une intellectuelle négresse. On peut dire qu’à l’origine, c’est à elle que l’on doit l’emploi du vocable "nègre" dans toute sa rigueur et non dans le sens péjoratif, donnant ainsi une fierté d’appartenance.
Le salon littéraire
Paulette Nardal tient un salon littéraire dans l'appartement qu'elle partage avec ses deux sœurs à Clamart. Elle cherche à mettre en relation les diasporas noires.
Elle aborde la question de l’émancipation des femmes et pose les prémices de la théorie de la Négritude.
Dans son salon littéraire se croisent des écrivains célèbres tels que Léopold Senghor, Aimé Césaire, Jean Price Mars, Léon-Gontran Damas, René Maran ainsi que d'autres artistes du courant Harlem Renaissance comme Claude McKay. La Revue du Monde Noir cesse de paraître en 1932, après 6 numéros faute d’argent. D'autres écrivains reprennent le flambeau de ce courant littéraire de la Négritude, tels que Césaire ou Senghor. La simplicité, la modestie et l’humour de cette pasionaria lui font dire : "Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes".
Militante politique et féministe
Durant cette période, elle devient aussi secrétaire du parlementaire martiniquais socialiste Joseph Lagrosillière puis de Galandou Diouf, élu député du Sénégal en 1934.
Paulette Nardal, amie de Senghor, se sent proche de l’Afrique et des Africains. Elle se rend au Sénégal en 1937 et se mobilise contre l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie.
À la suite de l'ordonnance du 21 avril 1944 qui accorde le droit de vote aux femmes, Paulette Nardal crée le "Rassemblement Féminin" en 1945. Elle souhaite par cette initiative inciter les femmes martiniquaises à exercer ce nouveau droit et à aller voter le 20 avril 1945.
Pendant l’Occupation, elle donne dans son île des cours d’anglais clandestinement aux jeunes qui partent rejoindre le Général de Gaulle, en transitant par l’île anglo-antillaise de Sainte-Lucie.
Grande musicienne devant l’éternel, aidée de sa sœur Alice, en 1948, la Martinique célébrant le centenaire de l’abolition de l’Esclavage, elle rédige un historique de la tradition musicale des campagnes martiniquaises.
Le Bèlè et ses variantes comme le gran bèlè, le béliya, le bouwo, le Ladjia et sa base, le rythme afro Adja doivent retrouver leur place dans la musique antillaise. Elle fonde une chorale et veut montrer que l’âme noire peut s’exprimer à travers le chant, le folklore, les negro-spirituals, les chants classiques et sud-américains.
Retrouvez la programmation des expositions sur ce site : http://www.mkreol.eu ou sur Facebook : https://www.facebook.com/aimezcesairs
A cette occasion, ont lieu sur toute la France de multiples expositions. Mais qui est Paulette NARDAL ? C'est l'invention de la Négritude....
Paulette Nardal (1896-1985), est une femme de lettres et journaliste martiniquaise, militante de la cause noire, et une des inspiratrices du courant littéraire de la négritude.
Elle nait à Saint-Pierre dans une famille de la nouvelle bourgeoisie noire de l'île. Elle est l'aînée de 7 sœurs et la fille de Paul Nardal, le premier ingénieur noir de l'île. Paulette Nardal devient institutrice avant de décider, à l'âge de 24 ans, de rejoindre la métropole pour poursuivre ces études de lettres.
Elle arrive à Paris en 1920 et s'inscrit à la Sorbonne pour étudier l'anglais. À Paris, elle profite de la vie culturelle de la capitale. Elle fréquente le Bal Nègre de la rue Blomet et, à Pigalle, le cabaret d’Eugene Bullard Le Grand duc. En 1939, alors qu'elle rentre de Martinique en bateau, un sous-marin allemand torpille le navire et le coule. Paulette Nardal est sauvée de la noyade grâce à une chaloupe de sauvetage mais est blessée aux genoux lors du naufrage. Elle garde d'importantes séquelles de cet épisode qui la laisse infirme.
En 1944, elle part à la toute fin de la Seconde Guerre mondiale travailler aux Nations unies, à New York, mais son handicap la contraint au retour, définitif cette fois, à la Martinique. Paulette Nardal meurt le 16 février 1985, à l’âge de 89 ans.
Cette femme de lettres et militante politique, pionnière de la cause noire, restera celle qui répétait inlassablement à ses amis et ses élèves sa fierté d'être noire : "Black is beautiful".
Le défi aux “civilisés”
Elle se considère comme une femme occidentale de couleur, et compte tenu du nombre restreint de femmes noires à cette époque, seuls quelques ignares la regardent avec des yeux de xénophobes. Mais plus tard elle comprend les allusions d’une société blanche habile dans le maniement des mots. Elle prend position et le fait savoir : "J’ai pris conscience de ma différence quand on me l’a fait sentir !", et défie les civilisés : "Non, le Noir ne cherche pas à ressembler au Blanc, non il n’est pas complexé par sa couleur de peau, ses traits négroïdes, ses cheveux crépus... ".
En 1931, Paulette, sa sœur Andrée et le Haïtien Léo Sajous fondent "La revue du monde noir". Rédigé en anglais et en français, ce journal devient la voix des Noirs de tous horizons. Plus question alors pour ces intellectuels de copier les Blancs, bien au contraire, ils affirment leur état de nègre.
À l’origine du vocable “nègre”
Pour ceux qui connaissent quelque peu les Antilles françaises, ils savent qu’avant que Césaire ait popularisé le concept de la négritude, il était pratiquement impossible de trouver un Antillais qui accepte d’être d’origine africaine, sauf bien entendu chez les Nardal, et que ce soit aux Antilles ou à Paris, Paulette n’a de cesse d’affirmer qu’elle est une intellectuelle négresse. On peut dire qu’à l’origine, c’est à elle que l’on doit l’emploi du vocable "nègre" dans toute sa rigueur et non dans le sens péjoratif, donnant ainsi une fierté d’appartenance.
Le salon littéraire
Paulette Nardal tient un salon littéraire dans l'appartement qu'elle partage avec ses deux sœurs à Clamart. Elle cherche à mettre en relation les diasporas noires.
Elle aborde la question de l’émancipation des femmes et pose les prémices de la théorie de la Négritude.
Dans son salon littéraire se croisent des écrivains célèbres tels que Léopold Senghor, Aimé Césaire, Jean Price Mars, Léon-Gontran Damas, René Maran ainsi que d'autres artistes du courant Harlem Renaissance comme Claude McKay. La Revue du Monde Noir cesse de paraître en 1932, après 6 numéros faute d’argent. D'autres écrivains reprennent le flambeau de ce courant littéraire de la Négritude, tels que Césaire ou Senghor. La simplicité, la modestie et l’humour de cette pasionaria lui font dire : "Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous avons balisé les pistes pour les hommes".
Militante politique et féministe
Durant cette période, elle devient aussi secrétaire du parlementaire martiniquais socialiste Joseph Lagrosillière puis de Galandou Diouf, élu député du Sénégal en 1934.
Paulette Nardal, amie de Senghor, se sent proche de l’Afrique et des Africains. Elle se rend au Sénégal en 1937 et se mobilise contre l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie.
À la suite de l'ordonnance du 21 avril 1944 qui accorde le droit de vote aux femmes, Paulette Nardal crée le "Rassemblement Féminin" en 1945. Elle souhaite par cette initiative inciter les femmes martiniquaises à exercer ce nouveau droit et à aller voter le 20 avril 1945.
Pendant l’Occupation, elle donne dans son île des cours d’anglais clandestinement aux jeunes qui partent rejoindre le Général de Gaulle, en transitant par l’île anglo-antillaise de Sainte-Lucie.
Grande musicienne devant l’éternel, aidée de sa sœur Alice, en 1948, la Martinique célébrant le centenaire de l’abolition de l’Esclavage, elle rédige un historique de la tradition musicale des campagnes martiniquaises.
Le Bèlè et ses variantes comme le gran bèlè, le béliya, le bouwo, le Ladjia et sa base, le rythme afro Adja doivent retrouver leur place dans la musique antillaise. Elle fonde une chorale et veut montrer que l’âme noire peut s’exprimer à travers le chant, le folklore, les negro-spirituals, les chants classiques et sud-américains.
Retrouvez la programmation des expositions sur ce site : http://www.mkreol.eu ou sur Facebook : https://www.facebook.com/aimezcesairs