Meret Oppenheim : une femme chez les surréalistes
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Avez-vous déjà entendu parler de Meret Oppenheim? Si ce n'est pas le cas, rien d'étonnant à cela : cette femme née en Allemagne en 1913, qui vécut longtemps en Suisse, associée au courant surréaliste, peintre, sculptrice et poétesse, est restée largement dans l'ombre de ses amis (hommes) surréalistes, les trois M comme on pourrait s'amuser à les surnommer : Man Ray, Max Ernst et Marcel Duchamp. 

Explorer son travail, c'est faire la rencontre d'un personnage romanesque, inclassable, libre, plein d'humour et de fantaisie, qui déclarait « Nul ne sait d’où viennent les idées ; elles apportent  avec elles leur forme. De même qu’Athéna est sortie du crâne de Zeus avec casque et cuirasse, les idées nous parviennent avec leur robe ». 

Dotée d'une silhouette longiligne et androgyne, portant les cheveux courts à la garçonne, elle pose nue pour Man Ray, notamment dans une série baptisée L'érotique voilée, dans laquelle son corps dialogue avec une machine (en l'occurrence une presse d'imprimerie, comme une sorte de roue), dans un saisissant contraste de noir et blanc. Cette confrontation sensuelle avec les « temps modernes » reste une image iconique de l'entre-deux guerres. 

Mais au-delà de la « muse », elle fut une artiste à part entière. Issue d'une famille bourgeoise et intellectuelle, Meret Oppenheim s'initie très tôt à la psychanalyse, rencontre Carl Jung, et s'entraîne à noter ses rêves. Et c'est vrai que ses créations ressemblent à ces chimères que seul l'inconscient semble capable de produire : une table dont les pieds sont des pattes d'oiseau : des gants de cuir blanc recouverts de fines veines rouges peintes à leur surface ; une paire de bottines collées entre elles par leurs bouts, œuvre ironiquement intitulée « Couple ».

Sa création la plus connue date de 1936, alors que l'artiste n'avait que 23 ans. : une tasse, une soucoupe et une cuiller à thé recouverts de fourrure, « Le déjeuner en fourrure » (« Object » en version anglaise), acquis immédiatement après sa création par le Museum of Modern Art de New York, où on peut toujours le voir. Un objet étrange, provocateur, familier et repoussant à la fois. 

Toute son oeuvre se caractérise par une grande liberté : Meret Oppenheim a toujours joui d'une indépendance totale, sans doute grâce à l'éducation et l'influence de sa mère et de sa grand-mère, féministes convaincues. Elle ne s'interdisait rien, abordait toutes les techniques, se permettait toutes les associations d'idées, se grimait, se mettait volontiers en scène, et jouait sans cesse avec les codes du genre pour mieux s'en émanciper. Pour Meret Oppenheim, l'art était une fête!Mes Sorties Culture / Sonia Zannad



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