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L'oeuvre centrale de l'installation / flickr
Le
17 November 2017,
Pour son 30e anniversaire,
le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne
Métropole invite le
célèbre artiste britannique Anish Kapoor. À l’occasion d’une carte
blanche dans la grande
salle centrale du bâtiment, il présentera, jusqu’au printemps 2018, l’installation
My Red Homeland, aux côtés d’œuvres
inédites.
Né à Bombay en 1954,
Anish Kapoor est l’un des plus grands artistes sculpteur
contemporain au monde.
Il vit et travaille à Londres depuis 1972. Dans les années 1980, il s’impose
sur la scène internationale avec des sculptures d’un nouveau genre jouant avec les
formes, les matières, et les interprétations. Bien plus que d’être vues, ses
œuvres se vivent.
En 1990, il est choisi
pour représenter la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise. L’année suivante
il remporte le prestigieux prix Turner. Aujourd’hui, ses œuvres sont exposées dans
les plus grands musées du monde. Il participe entre autre à la 4e
Édition de Monumenta au
Grand Palais, en 2011.
Le lieu est immense et pourtant c'est une sensation d'oppression qui étreint le visiteur qui entre dans la salle consacrée à l'installation d'Anish Kapoor au MAMC de Saint Etienne. Ce jour là, l'artiste est venu présenter son oeuvre en personne ; nous avons eu la chance de le rencontrer et surtout de l’entendre commenter son travail, en anglais, d’une voix douce, car Anish Kapoor est aussi réservé et discret que son travail est imposant et explosif. L'art du plasticien indien se vit avant tout comme une immersion, une expérience ; il n'est donc pas facile d'en rendre compte.
Allusion à sa terre natale, l’Inde ? Pas vraiment. Ici Anish kappor a voulu avant tout parler d’intériorité, de la vie qui palpite sous la peau et qui finalement nous est parfaitement inconnue, mystérieuse ; Le rouge domine, on en voit partout : il y a ces formes rouges, abstraites, parfois emprisonnées dans un voile transparent, dont on ne saurait dire si elles sont solides ou liquides, ornant l'un des murs de la pièce. Elles semblent en lévitation malgré leur masse imposante. Météorites ou évocations organiques, impossible de trancher.
Il y a aussi ces coulées de silicone qui donnent envie de les toucher, entre lave, sang et peinture fraîche. Le rouge se strie de blanc, de gris et de noir, prenant d'infinies nuances en fonction de la distance et de l'angle sous lequel on regarde l'objet. Au centre, la pièce maitresse : 25 tonnes de vaseline rouge versés dans un immense contenant circulaire, c’est l’œuvre qui donne son nom à cette exposition et la préside. Un bras métallique connecté à un moteur tourne autour du centre, triturant la matière à l’infini.
On chercherait en vain à voir dans ces pièces une représentation concrète : l'artiste nous invite ici à ressentir, avec une certaine sauvagerie dans le geste, à nous rapprocher du coeur qui bat, des organes qui vivent silencieusement en nous, parallèles à la surface, cette vie secrète et bouillonnante qui semble étrangère à ce que nous laissons transparaître.
Cet assemblage organique universel (et pourtant différent pour chacun) qui fait de nous des humains, au-delà de nos caractéristiques particulières et de toute intellectualisation. Un retour puissant et même violent à l'ici et maintenant, Sur certains murs de l’installation, des miroirs concaves reflètent l'ensemble de l'œuvre, interrogeant notre place de spectateur, jouent avec notre regard et notre perception, offrant à voir un monde inquiétant et bizarre.
Mais laissons la parole à l’artiste, d’abord à propos de la matière utilisée pour ces différentes œuvres qui forment une gigantesque installation : « J’ai choisi le silicone parce qu’il absorbe très bien la couleur. Le silicone rappelle également les prothèses qu’on utilise dans le monde médical, il est fortement associé au corps. »
A propos de ses influences : « Pour cet ensemble, j’ai pensé à Rembrandt, à Soutine, à Pollock » Sur le sens de My Red Homeland : « J’ai voulu rappeler que la peinture c’est aussi vivant, aussi vibrant que le corps. Et justement cette oeuvre décrit un paysage intérieur. Notre corps physique est impossible à décrire uniquement par les mots. La peinture est une fiction, mais le corps aussi. Je considère que la peinture est comme un « voile », une surface à travers laquelle on regarde – comme le corps. »
Et enfin sur son rapport à l’exposition, au monde des musées : « Je ne sais jamais comment le public va s’emparer d’une oeuvre, c’est un risque de s’exposer. Et on ne comprend le sens d’un ensemble d’œuvres qu’au bout de plusieurs années. Une fois que c’est là, ça ne me regarde plus, d’une certaine façon. Le temps fait son œuvre ! »
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Le lieu est immense et pourtant c'est une sensation d'oppression qui étreint le visiteur qui entre dans la salle consacrée à l'installation d'Anish Kapoor au MAMC de Saint Etienne. Ce jour là, l'artiste est venu présenter son oeuvre en personne ; nous avons eu la chance de le rencontrer et surtout de l’entendre commenter son travail, en anglais, d’une voix douce, car Anish Kapoor est aussi réservé et discret que son travail est imposant et explosif. L'art du plasticien indien se vit avant tout comme une immersion, une expérience ; il n'est donc pas facile d'en rendre compte.
Allusion à sa terre natale, l’Inde ? Pas vraiment. Ici Anish kappor a voulu avant tout parler d’intériorité, de la vie qui palpite sous la peau et qui finalement nous est parfaitement inconnue, mystérieuse ; Le rouge domine, on en voit partout : il y a ces formes rouges, abstraites, parfois emprisonnées dans un voile transparent, dont on ne saurait dire si elles sont solides ou liquides, ornant l'un des murs de la pièce. Elles semblent en lévitation malgré leur masse imposante. Météorites ou évocations organiques, impossible de trancher.
Il y a aussi ces coulées de silicone qui donnent envie de les toucher, entre lave, sang et peinture fraîche. Le rouge se strie de blanc, de gris et de noir, prenant d'infinies nuances en fonction de la distance et de l'angle sous lequel on regarde l'objet. Au centre, la pièce maitresse : 25 tonnes de vaseline rouge versés dans un immense contenant circulaire, c’est l’œuvre qui donne son nom à cette exposition et la préside. Un bras métallique connecté à un moteur tourne autour du centre, triturant la matière à l’infini.
On chercherait en vain à voir dans ces pièces une représentation concrète : l'artiste nous invite ici à ressentir, avec une certaine sauvagerie dans le geste, à nous rapprocher du coeur qui bat, des organes qui vivent silencieusement en nous, parallèles à la surface, cette vie secrète et bouillonnante qui semble étrangère à ce que nous laissons transparaître.
Cet assemblage organique universel (et pourtant différent pour chacun) qui fait de nous des humains, au-delà de nos caractéristiques particulières et de toute intellectualisation. Un retour puissant et même violent à l'ici et maintenant, Sur certains murs de l’installation, des miroirs concaves reflètent l'ensemble de l'œuvre, interrogeant notre place de spectateur, jouent avec notre regard et notre perception, offrant à voir un monde inquiétant et bizarre.
Mais laissons la parole à l’artiste, d’abord à propos de la matière utilisée pour ces différentes œuvres qui forment une gigantesque installation : « J’ai choisi le silicone parce qu’il absorbe très bien la couleur. Le silicone rappelle également les prothèses qu’on utilise dans le monde médical, il est fortement associé au corps. »
A propos de ses influences : « Pour cet ensemble, j’ai pensé à Rembrandt, à Soutine, à Pollock » Sur le sens de My Red Homeland : « J’ai voulu rappeler que la peinture c’est aussi vivant, aussi vibrant que le corps. Et justement cette oeuvre décrit un paysage intérieur. Notre corps physique est impossible à décrire uniquement par les mots. La peinture est une fiction, mais le corps aussi. Je considère que la peinture est comme un « voile », une surface à travers laquelle on regarde – comme le corps. »
Et enfin sur son rapport à l’exposition, au monde des musées : « Je ne sais jamais comment le public va s’emparer d’une oeuvre, c’est un risque de s’exposer. Et on ne comprend le sens d’un ensemble d’œuvres qu’au bout de plusieurs années. Une fois que c’est là, ça ne me regarde plus, d’une certaine façon. Le temps fait son œuvre ! »
Sonia Zannad / Mes sorties culture