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Pierre Bonnard (1867-1947). La fenêtre, 1925. Huile sur toile. Domaine public
Le
6 June 2017,
Pierre Bonnard (1867-1947) est un peintre, graveur, illustrateur et sculpteur français.
Peintre de personnages, figures, nus, portraits, paysages animés, intérieurs, natures mortes, fleurs et fruits, Bonnard est un artiste post-impressionniste membre du groupe des nabis.
Il y a une fenêtre dans l’œuvre de Bonnard qui se distingue de toutes les autres, de celles qu’il a peintes et qu’il peindra encore. Une fenêtre qui laisse entendre que le mensonge de Marthe l’a touché profondément. Ce tableau date de l’année de leur mariage et se nomme La Fenêtre.
A première vue, rien que de banal : une fenêtre fermée, de biais dans son cadre de bois brun, et qui coupe la toile en diagonale. D’un côté l’extérieur, le paysage du Cannet, façades blanches et toits rouges parmi les arbres sous un ciel qui menace l’Estérel. Penchée à son balcon de bois vert pomme, la tête de moitié et les avant-bras nus : Marthe.
Non, pas Marthe, Marie… Il n’y a pas de fenêtre innocente.
« Celui qui chante n'est pas toujours heureux », écrit Bonnard le 17 janvier 1944. Le vieux peintre ne songe sans doute pas seulement à la guerre, mais à sa ou ses femmes disparues.
Pierre Bonnard, fils de bonne famille un peu raide, est passé pour l'homme d'une seule femme : Marthe, qui l'aurait déniaisé avant de devenir son modèle presque exclusif, sa compagne, puis, tardivement, en 1925, son épouse.
En 1893, il rencontre Marthe de Meligny, qui sera sa muse pendant toute sa vie et qu’on retrouve sur de multiples tableaux. Ils se marient en 1925. Et c’est alors que Marthe devient Marie…
Grande, le corps longiligne, Marthe de Méligny, telle qu'elle s'était présentée au peintre, s'appelait en réalité Maria Boursin, comme il l'apprit à leur mariage en 1925. Elle n'était pas orpheline, contrairement à ce qu'elle avait prétendu. Au dire de nombreux proches, elle était en tout cas sinon folle, du moins très névrosée, asociale, difficile à vivre, le poussant vers toujours plus d'isolement.
Curieusement, il ne peint jamais son visage, toujours dans l'ombre ou se détournant.
Les experts disent que c'est parce qu'il était moins beau que son corps, gracile, fragile et sensuel, que Bonnard a peint sans la moindre lassitude, et sans jamais le vieillir, après même la mort de sa femme en 1942.
De Marthe, le post-impressionniste en a fait le personnage central de son oeuvre. De Marthe à la chatte, Marthe au basset, la sieste au jardin, le nu à contre-jour, le nu debout..., c'est toute la vie d'adulte de Marthe que le maître a peint. Découvrir que Marthe était Marie a été difficile pour le peintre.
Elle avait néanmoins quelques amies... dont Bonnard s'est amouraché.
Renée Monchaty, aussi blonde que Marthe était brune, modèle dans de nombreux portraits du peintre, nue elle aussi, qui se suicide en 1925, quelques semaines après le mariage du peintre.
Lucienne Dupuy de Frenelle, qui meurt de maladie en 1927.
Bonnard avait confié à un ami qui s'étonnait de leur ménage à trois, voire à quatre, et de son incapacité à choisir : « Vous savez, je ne suis pas très courageux... »
Il n’y a pas de fenêtre innocente.
Sur l’histoire de Marthe, non, de Marie, lisez L’indolente de Françoise Cloarec
Allez voir ce magnifique tableau au Musée d'Orsay où des visites guidées sont proposées
Et il n’y a pas d’amour heureux, dira plus tard Louis Aragon,
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux
Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux
Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deux
Louis Aragon, La Diane Française (1946)
Et "Il n'y a pas d'amour heureux", chanté par Georges Brassens. Je vous laisse savourer.... Celui qui chante n'est pas toujours heureux.
Pour retrouver toutes les visites guidées du musée d'Orsay, cliquez ici
Peintre de personnages, figures, nus, portraits, paysages animés, intérieurs, natures mortes, fleurs et fruits, Bonnard est un artiste post-impressionniste membre du groupe des nabis.
Il y a une fenêtre dans l’œuvre de Bonnard qui se distingue de toutes les autres, de celles qu’il a peintes et qu’il peindra encore. Une fenêtre qui laisse entendre que le mensonge de Marthe l’a touché profondément. Ce tableau date de l’année de leur mariage et se nomme La Fenêtre.
A première vue, rien que de banal : une fenêtre fermée, de biais dans son cadre de bois brun, et qui coupe la toile en diagonale. D’un côté l’extérieur, le paysage du Cannet, façades blanches et toits rouges parmi les arbres sous un ciel qui menace l’Estérel. Penchée à son balcon de bois vert pomme, la tête de moitié et les avant-bras nus : Marthe.
Non, pas Marthe, Marie… Il n’y a pas de fenêtre innocente.
« Celui qui chante n'est pas toujours heureux », écrit Bonnard le 17 janvier 1944. Le vieux peintre ne songe sans doute pas seulement à la guerre, mais à sa ou ses femmes disparues.
Pierre Bonnard, fils de bonne famille un peu raide, est passé pour l'homme d'une seule femme : Marthe, qui l'aurait déniaisé avant de devenir son modèle presque exclusif, sa compagne, puis, tardivement, en 1925, son épouse.
En 1893, il rencontre Marthe de Meligny, qui sera sa muse pendant toute sa vie et qu’on retrouve sur de multiples tableaux. Ils se marient en 1925. Et c’est alors que Marthe devient Marie…
Grande, le corps longiligne, Marthe de Méligny, telle qu'elle s'était présentée au peintre, s'appelait en réalité Maria Boursin, comme il l'apprit à leur mariage en 1925. Elle n'était pas orpheline, contrairement à ce qu'elle avait prétendu. Au dire de nombreux proches, elle était en tout cas sinon folle, du moins très névrosée, asociale, difficile à vivre, le poussant vers toujours plus d'isolement.
Curieusement, il ne peint jamais son visage, toujours dans l'ombre ou se détournant.
Les experts disent que c'est parce qu'il était moins beau que son corps, gracile, fragile et sensuel, que Bonnard a peint sans la moindre lassitude, et sans jamais le vieillir, après même la mort de sa femme en 1942.
De Marthe, le post-impressionniste en a fait le personnage central de son oeuvre. De Marthe à la chatte, Marthe au basset, la sieste au jardin, le nu à contre-jour, le nu debout..., c'est toute la vie d'adulte de Marthe que le maître a peint. Découvrir que Marthe était Marie a été difficile pour le peintre.
Elle avait néanmoins quelques amies... dont Bonnard s'est amouraché.
Renée Monchaty, aussi blonde que Marthe était brune, modèle dans de nombreux portraits du peintre, nue elle aussi, qui se suicide en 1925, quelques semaines après le mariage du peintre.
Lucienne Dupuy de Frenelle, qui meurt de maladie en 1927.
Bonnard avait confié à un ami qui s'étonnait de leur ménage à trois, voire à quatre, et de son incapacité à choisir : « Vous savez, je ne suis pas très courageux... »
Il n’y a pas de fenêtre innocente.
Sur l’histoire de Marthe, non, de Marie, lisez L’indolente de Françoise Cloarec
Allez voir ce magnifique tableau au Musée d'Orsay où des visites guidées sont proposées
Et il n’y a pas d’amour heureux, dira plus tard Louis Aragon,
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n’y a pas d’amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu’on avait habillés pour un autre destin
A quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu’on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n’y a pas d’amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j’ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n’y a pas d’amour heureux
Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n’y a pas d’amour heureux
Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
Il n’y a pas d’amour heureux
Mais c’est notre amour à tous les deux
Louis Aragon, La Diane Française (1946)
Et "Il n'y a pas d'amour heureux", chanté par Georges Brassens. Je vous laisse savourer.... Celui qui chante n'est pas toujours heureux.
Pour retrouver toutes les visites guidées du musée d'Orsay, cliquez ici