Le Palais Sans Souci, curiosité architecturale
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Le Palais Sans Souci (photo ci-dessus) et la Citadelle La Ferrière sont situés à 20km au sud de Cap-Haitien, à Haïti. Il font partie du "Parc national historique – Citadelle, Sans Souci, Ramiers" (PNH-CSSR).

Sur une superficie de 25 km2, le PNH-CSSR englobe l’ensemble monumental du Palais Sans-Souci et ses dépendances, la Citadelle La Ferrière et le Site des Ramiers. Symboles universels de liberté car ils sont les premiers ouvrages construits par des esclaves noirs ayant conquis leur liberté. Pour les Haïtiens, ils représentent les premiers monuments de leur indépendance. Mais remontons le temps… 

Débuts de la révolte…

En 1791, à Bois-Caïman, dans le nord, de nombreux esclaves décident la révolte. La révolution haïtienne est la première révolte d’esclaves réussie du monde moderne. En 1804, après 13 ans de luttes, Haïti devient la première république noire, "la République indépendante d’Haïti", succédant à la colonie française de Saint-Domingue. Jean-Jacques Dessalines en est le président.

La Citadelle La Ferrière…

Dessalines confie immédiatement à l’un de ses généraux, Henri Christophe (1767-1820), le soin de construire une gigantesque forteresse destinée à protéger la jeune république. C’est la Citadelle La Ferrière, la plus grande forteresse des Caraïbes. Elle est inaugurée en 1813. Elle peut abriter jusqu’à 5000 hommes.

Ses plans sont du Haïtien Henry Barré, mulâtre ancien chef du génie, mais la part prise par le général Christophe est prépondérante. Sur environ un hectare, c’est un vaste quadrilatère constitué de quatre corps de bâtiments, de quatre tours s’ordonnant autour d’une cour centrale et formant sur plusieurs étages un front bastionné de batterie et de casernes. Un système très élaboré de canalisations et de citernes, et des murailles colossales rendent cette citadelle inexpugnable et… impressionnante.

Henri Christophe devient Le Roi Christophe…

Dessalines mène une politique très dure et contestée : mauvais choix économiques, travaux forcés, confiscation des terres, corruption. Il est assassiné, en 1806, lors d’un complot mené par Alexandre Petion et Henri Christophe. 
Ce dernier refusant de faire allégeance à Petion, Haïti est divisée en deux états : l’état du Sud, gouverné par Pétion, et l’état du Nord, où Christophe se proclame président en 1807 puis roi en 1811.

Le Palais Sans Souci… 

Le Roi Christophe fait bâtir un étonnant palais à l'européenne entouré de jardins : Le Palais Sans Souci. Le Palais et ses dépendances sont groupés en amphithéâtre sur environ huit hectares. Le terrain choisi est une ancienne plantation française confisquée par les indépendantistes. Inauguré en 1813, ce grand ensemble architectural répond à la nécessité de concentrer, autour du roi, l’essentiel des fonctions administratives. Il comprend la Résidence royale, c’est-à-dire le Palais proprement dit, les édifices administratifs, la résidence du Prince héritier, les écuries, les casernes, les prisons, l’arsenal, les divers ateliers d’entretien, l’hôpital, l’orfèvrerie, etc. Il est agrémenté de jardins, de bassins et de fontaines.

Mort du Roi Christophe…

Le Roi Christophe met en place une société suivant le modèle de la restauration en France. L’Histoire se souviendra de sa politique de construction et de développement économique. Il fait la promotion de l’éducation. Mais le bilan de son règne est très mitigé, le travail forcé ayant été conservé. En conflit contre le régime de Pétion, il mène une guerre dévastatrice qui dure de 1807 à 1820. Octobre 1820. Une révolte gronde parmi le peuple haïtien contre les lois agraires et le travail forcé. Affaibli par une attaque cérébrale, le roi se suicide en se tirant une balle dans le cœur. 

Le Palais Sans-Souci est alors pillé puis abandonné. Ensuite, il est miné par deux séries de violents séismes, en 1842 puis 1843, et n’est jamais reconstruit ni restauré. Il demeure néanmoins, par ses dimensions, une ruine imposante et cohérente qui tient sa bizarre beauté d’un contraste exceptionnel entre le site montagneux et une architecture très inattendue.

Et maintenant…

Depuis 1982, ses vestiges sont inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. L’ensemble semble comme sorti d’un conte : la nature prolifique tropicale mêlée aux escaliers baroques et terrasses classiques, inspirés de châteaux européens, les canaux et bassins librement inspirés de Versailles. Le site peut se visiter, il est préférable de le faire avec un guide.


Dans l'avion qui vous emmènera à Haïti, rien de mieux qu'un livre pour passer le temps :

 - Aimé Césaire a fait une pièce de théâtre La tragédie du Roi Christophe dont le héros est le Roi Christophe
 - Pour ceux et celles qui veulent un bon roman, Isabel Allende a décrit la révolte haïtienne au travers d'une héroïne dans L'île sous la mer
 - Le romancier Alejo Carpentier nous parle du roi Christophe dans son livre Le royaume de ce monde
 - Sur la révolution haïtienne, votre rédacteur a beaucoup aimé Bug-Jargal, un roman de jeunesse de Victor Hugo
 - ainsi que deux romans de Madison Smart Bell : Le soulèvement des âmes suivi par Le maître des carrefours. Un régal !


Votre rédacteur se permettra de vous quitter sur cette phrase de Dessalines : "Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes" !

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