Le Lion de Belfort, souvenir d'une résistance héroïque
"Aux défenseurs de Belfort" : telle est l'inscription que l'on peut lire sur l'un des plus célèbres monuments français, et la plus grande statue en pierre du pays : le Lion de Belfort. Haut de 11m et long de 22m, il trône en majesté, sur le point de rugir, au pied de la très impressionnante citadelle conçue par Vauban, ingénieur et architecte du Roi soleil, en fier défenseur de la ville. Il en existe une réplique en cuivre, plus petite, sur la place Denfert-Rochereau, à Paris. Vous le savez sans doute, ce félin géant en grès rose des Vosges (comme la cathédrale de Strasbourg) est l'œuvre de l'alsacien Auguste Bartholdi, à qui l'on doit aussi la Statue de la Liberté, symbole incontournable de New York et des Etats-Unis. Ce que l'on connaît moins, ce sont les raisons qui ont présidé à sa commande et à son installation à Belfort. 

En 1870, la France est en guerre contre la Prusse, et ne va pas tarder à capituler. Mais à Belfort, Denfert Rochereau et ses soldats résistent vaillamment  et la ville reste longtemps impénétrable malgré les assauts répétés de l'ennemi : avec leurs 200 canons, pendant 83 jours consécutifs, ils tirent plus de 400 000 obus, 5 000 par jour – c'est énorme pour l'époque. La garnison française comprenait initialement 17 700 hommes, dont 4 750 trouvèrent la mort, ainsi que 336 civils, tandis que presque tous les bâtiments de la ville sont endommagés par les bombardements. Les Allemands ont eux perdu environ 2 000 hommes pendant le siège. 

Les négociations entre Thiers et Bismarck, précédant la signature du traité de paix le 10 mai 1871, conduisent les Allemands à ne pas annexer tout le Haut-Rhin : Belfort et 105 communes demeurent françaises. On parle désormais du "territoire de Belfort", enclave française dans une Alsace Lorraine aux mains des Allemands. Pour commémorer cette résistance héroïque des soldats comme des civils, on commande une statue à Bartholdi, natif de Colmar et républicain convaincu. Il s'attelle à la tâche avec enthousiasme et imagine ce noble lion, installé sous le château en 1880, qui tient entre ses pattes une flèche pointée vers la Prusse, comme un discret avertissement.

Sonia Zannad / Mes Sorties Culture

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