Le
6 September 2024,
Selon le critique d'art Nicolas Bourriaud, qui a consacré un essai à ce concept, l'art relationnel correspondrait, depuis les années 1990, à des pratiques « prenant pour point de départ théorique et/ou pratique la sphère des rapports humains ».Dans l’art relationnel, l’accent est mis sur l’expérience de la relation sociale, elle peut, ou non, se matérialiser sous forme d'objets d'art. Nous avons déjà décrit, dans ce blog, plusieurs expériences relevant de cet art relationnel, comme par exemple l'exposition si particulière de Tino Sehgal en 2016 au palais de Tokyo, au cours de laquelle les visiteurs étaient invités à discuter tour à tour avec un enfant, un adulte puis une personne âgée, tout en déambulant dans les salles de l'exposition. Une sorte de performance dont vous êtes le héros, à chaque fois unique, mémorable, et qui relève de l'expérience humaine plus que du choc esthétique.
Pour les artistes qui pratiquent cette forme d'art relationnel, il s'agit de faciliter les relations et la communication entre les artistes et le public, de supprimer les barrières à travers des événements participatifs. Les objets importent moins que les liens qui se tissent dans un espace donné, à un moment donné, grâce à la situation que proposent les artistes, une situation qui incite à se rapprocher, à se parler, à s'observer et en un sens à s'exposer. Si le visiteur ne participe pas, la performance tombe à l'eau!C'est dans cet état d'esprit que l'artiste berlinois Hans Hemmert, surtout connu pour son travail sur les ballons, a organisé une fête en 1997, au cours de laquelle les invités étaient invités à porter des plateformes sous leurs chaussures ajustées afin que chacun mesure la même taille, soit deux mètres.
Ces « chaussures », toutes en mousse bleue, mettaient en évidence la taille réelle de la personne en attirant l'attention sur les semelles plutôt, formant au sol un genre de diagramme à barres ambulant. Intitulé Level (Niveau), le projet a été réalisé pour l'exposition Personal Absurdities à la Galerie Gebauer à Berlin. L'expérience a été renouvelée en 2021 à Hambourg. Il y a évidemment une dimension comique à cette proposition : paradoxalement, en voulant placer tout le monde au même niveau, l'artiste souligne grossièrement les différences de taille entre les personnes. Mais d'un autre côté, il s'agit vraiment d'une idée qui permet de mettre en action une forme différente d'interactions sociales : dans la vraie vie, nous interagissons sans cesse avec des personnes plus grandes et plus petites que nous. Avons-nous pour autant conscience de ce que ces adaptations constantes produisent en termes relationnels? Qu'est-ce que cela peut changer dans la relation, la façon de s'adresser à l'autre? Ne sommes-nous pas instinctivement intimidés par quelqu'un de bien plus grand que nous, par exemple?
Avec cette mise à niveau, il devient possible de se regarder dans les yeux et de se parler "en face". Le travail d'Hemmert permet une démocratisation drastique du statut : dès que les chaussures à semelles compensées sont enfilées, plus personne ne peut être regardé de haut ; les attributions et les rapports de force existants ne sont plus pris en compte. Une réflexion sur l'égalité, la différence et l'inclusion qui donne à réfléchir!
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Pour les artistes qui pratiquent cette forme d'art relationnel, il s'agit de faciliter les relations et la communication entre les artistes et le public, de supprimer les barrières à travers des événements participatifs. Les objets importent moins que les liens qui se tissent dans un espace donné, à un moment donné, grâce à la situation que proposent les artistes, une situation qui incite à se rapprocher, à se parler, à s'observer et en un sens à s'exposer. Si le visiteur ne participe pas, la performance tombe à l'eau!C'est dans cet état d'esprit que l'artiste berlinois Hans Hemmert, surtout connu pour son travail sur les ballons, a organisé une fête en 1997, au cours de laquelle les invités étaient invités à porter des plateformes sous leurs chaussures ajustées afin que chacun mesure la même taille, soit deux mètres.
Ces « chaussures », toutes en mousse bleue, mettaient en évidence la taille réelle de la personne en attirant l'attention sur les semelles plutôt, formant au sol un genre de diagramme à barres ambulant. Intitulé Level (Niveau), le projet a été réalisé pour l'exposition Personal Absurdities à la Galerie Gebauer à Berlin. L'expérience a été renouvelée en 2021 à Hambourg. Il y a évidemment une dimension comique à cette proposition : paradoxalement, en voulant placer tout le monde au même niveau, l'artiste souligne grossièrement les différences de taille entre les personnes. Mais d'un autre côté, il s'agit vraiment d'une idée qui permet de mettre en action une forme différente d'interactions sociales : dans la vraie vie, nous interagissons sans cesse avec des personnes plus grandes et plus petites que nous. Avons-nous pour autant conscience de ce que ces adaptations constantes produisent en termes relationnels? Qu'est-ce que cela peut changer dans la relation, la façon de s'adresser à l'autre? Ne sommes-nous pas instinctivement intimidés par quelqu'un de bien plus grand que nous, par exemple?
Avec cette mise à niveau, il devient possible de se regarder dans les yeux et de se parler "en face". Le travail d'Hemmert permet une démocratisation drastique du statut : dès que les chaussures à semelles compensées sont enfilées, plus personne ne peut être regardé de haut ; les attributions et les rapports de force existants ne sont plus pris en compte. Une réflexion sur l'égalité, la différence et l'inclusion qui donne à réfléchir!
Sonia Zannad / Mes Sorties Culture
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