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prague.eu
Le
1 September 2017,
« Il n’y a pas de crise des réfugiés, seulement une
crise humanitaire… »
Ainsi s’exprime l’artiste Ai Wei Wei, réfugié lui-même. L’artiste d’origine chinoise qui vit à New York expose en ce moment à Prague quelques-unes de ses installations-choc, destinées à nous ouvrir les yeux sur cette crise humanitaire sans précédent. Il n’en est pas à son coup d’essai : Wei Wei est un artiste courageux, rebelle et engagé, qui combat sans relâche les injustices, en Chine comme ailleurs, jouant de sa popularité pour faire passer des messages politiques forts.
Quand on entre dans le vaste hall du Trade Fair Palace de Prague, on est saisi par la force de l’œuvre « Law of the Journey » (La loi du voyage) : un zodiac monumental – et même disproportionné - est suspendu, en lévitation, en route vers l’inconnu. A son bord, 300 personnages identiques et sans visage, noirs comme leur fragile esquif, et faits de la même matière gonflable, se serrent les uns contre les autres. En montant à l’étage du musée, on a une autre vision du bateau, vu du ciel cette fois-ci, ; une vision encore plus saisissante, car l’on découvre alors que d’autres personnages sont entassés sur le sol, dont on ne pouvait pas deviner la présence depuis le rez-de-chaussée. On ressent alors de plein fouet leur vulnérabilité mais aussi leurs espoirs – combien légitimes - d’une vie meilleure.
Ces personnages universels mais réduits au silence nous interpellent par leur présence massive. La taille de l’installation leur donne une réalité sensible, une visibilité qu’ils n’ont pas dans les médias ni dans l’agenda politique. Comme un hommage et un coup de projecteur tragique.
A l’étage, une autre installation prend le visiteur aux tripes : il s’agit d’un autre portrait des réfugiés, en creux cette fois-ci, nommé « Laundromat » (Lavomatique). L’idée est d’une simplicité déconcertante : l’artiste a rassemblé 15000 vêtements et accessoires abandonnés par des hommes, femmes et enfants quand ils ont vécu dans le camp de réfugiés clandestin d’Idomeni (Grèce). Ils ont été soigneusement lavés et repassés par les équipes de son studio berlinois. L’installation les présente rangés avec une attention presque maniaque, par type, par genre et par âge. Ce cumul évoque autant de présences, de vies bousculées, et plonge dans des abîmes de réflexion : Wei Wei offre un abri temporaire à leurs affaires, une forme de dignité, symbole fort de toutes ces familles déracinées qui cherchent simplement à vivre en sécurité.
Ai Wei Wei, Trade Fair Palace de Prague, jusqu’au 7 janvier 2018
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Ainsi s’exprime l’artiste Ai Wei Wei, réfugié lui-même. L’artiste d’origine chinoise qui vit à New York expose en ce moment à Prague quelques-unes de ses installations-choc, destinées à nous ouvrir les yeux sur cette crise humanitaire sans précédent. Il n’en est pas à son coup d’essai : Wei Wei est un artiste courageux, rebelle et engagé, qui combat sans relâche les injustices, en Chine comme ailleurs, jouant de sa popularité pour faire passer des messages politiques forts.
Quand on entre dans le vaste hall du Trade Fair Palace de Prague, on est saisi par la force de l’œuvre « Law of the Journey » (La loi du voyage) : un zodiac monumental – et même disproportionné - est suspendu, en lévitation, en route vers l’inconnu. A son bord, 300 personnages identiques et sans visage, noirs comme leur fragile esquif, et faits de la même matière gonflable, se serrent les uns contre les autres. En montant à l’étage du musée, on a une autre vision du bateau, vu du ciel cette fois-ci, ; une vision encore plus saisissante, car l’on découvre alors que d’autres personnages sont entassés sur le sol, dont on ne pouvait pas deviner la présence depuis le rez-de-chaussée. On ressent alors de plein fouet leur vulnérabilité mais aussi leurs espoirs – combien légitimes - d’une vie meilleure.
Ces personnages universels mais réduits au silence nous interpellent par leur présence massive. La taille de l’installation leur donne une réalité sensible, une visibilité qu’ils n’ont pas dans les médias ni dans l’agenda politique. Comme un hommage et un coup de projecteur tragique.
A l’étage, une autre installation prend le visiteur aux tripes : il s’agit d’un autre portrait des réfugiés, en creux cette fois-ci, nommé « Laundromat » (Lavomatique). L’idée est d’une simplicité déconcertante : l’artiste a rassemblé 15000 vêtements et accessoires abandonnés par des hommes, femmes et enfants quand ils ont vécu dans le camp de réfugiés clandestin d’Idomeni (Grèce). Ils ont été soigneusement lavés et repassés par les équipes de son studio berlinois. L’installation les présente rangés avec une attention presque maniaque, par type, par genre et par âge. Ce cumul évoque autant de présences, de vies bousculées, et plonge dans des abîmes de réflexion : Wei Wei offre un abri temporaire à leurs affaires, une forme de dignité, symbole fort de toutes ces familles déracinées qui cherchent simplement à vivre en sécurité.
Ai Wei Wei, Trade Fair Palace de Prague, jusqu’au 7 janvier 2018
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com