L'acte de naissance de l'impressionnisme
Tout commence au Havre, en novembre 1872. C'est là que séjourne Claude Monet, précisément à l'hôtel de l'Amirauté, qui donne sur le port. Ceux que l'on ne nomme pas encore les impressionnistes -  Eugène Boudin, Edgar Degas ou Berthe Morisot - se distinguent de la peinture de leur temps par leur souhait de peindre "sur le motif" c'est à dire en plein air, avec une touche spontanée. Exit les sujets historiques, mythologiques, les scènes de guerre et les déesses alanguies. Place aux sujets modernes : le quotidien de la vie bourgeoise, les prostituées, les gares, les fêtes champêtres et l'effervescence citadine…Mais aussi la beauté de la nature, saisie d'une façon bien moins académique.

En choisissant de peindre le port du Havre au petit matin, Monet combine – et c'est très original pour l'époque - la représentation de l'activité industrielle et celle de la mer et du ciel. Il cherche à transcrire une atmosphère, un  effet fugitif de la lumière. Il veut transmettre une sensation, une impression subjective, montrer en somme ce qu'il perçoit depuis le balcon de l'hôtel. Pour autant, il consacre plusieurs séances de travail à cette toile, mais en cherchant à préserver la fraîcheur du premier regard.

Dans ce paysage, Monet sait jouer des contrastes entre les tons froids du ciel et de la mer et la chaleur orangée du soleil qui se lève, point focal de l'image, mais aussi entre la netteté de l'astre solaire et l'ensemble brumeux qui l'entoure. Les fumées industrielles mêlées de brouillard créent un flou vaporeux, comme si tous les éléments étaient entrain de se définir sous nos yeux. Les grues et les mâts forment un fond fantomatique, tandis que les reflets du soleil dans l'eau sont figurés en rapides hachures, de plus en plus rapprochées pour mieux figurer la perspective.

En 1874, Monet présente sa toile à Paris, lors de la première exposition parisienne de la Société anonyme coopérative formée par les artistes avant-gardistes dont il est proche, faute de pouvoir exposer dans les salons officiels. Le journaliste Louis Leroy, après avoir ce tableau, écrit une critique ironique « puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l’impression là-dedans ! ». C'est cette raillerie qui donnera son nom à l'impressionnisme! Le tableau ne sera vraiment reconnu à sa juste valeur qu'au milieu du 20e siècle. Mais avec cette "Impression", un mouvement pictural révolutionnaire était né.     

Sonia Zannad / Mes Sorties Culture

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