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René Magritte, La promesse
Le
11 October 2024,
« Tout dans mes œuvres est issu du sentiment de certitude que nous appartenons, en fait, à un univers énigmatique. » René Magritte.
Quand vous pensez à une toile de René Magritte, qu'imaginez-vous en premier? Une pomme? Un chapeau melon? Ou bien, comme moi, un série de nuages?
Dans une multitude de ses tableaux, Le peintre belge utilise en effet ce motif – ou ce symbole - pour mieux le détourner. Il transforme les ciels nuageux en papier peint, en toile de fond, en fond de l'œil. Il en fait la matière même des voiles du bateau, du corps de l'oiseau, dans une figure de style qui montre à la fois la voile et le vent, l'objet et l'action. Dans un oeil écarquillé, les nuages se déploient autour de la pupille : on voit alors l'œil, et dans le même instant, ce que l'œil voit. Mais ses nuages, ce ne sont pas n'importe quels nuages : il s'agit de cumulus, ces petits nuages de beau temps et de basse altitude, aux contours nets, dont le blanc éclatant se détache du ciel bleu. Ils sont peints par Magritte avec un réalisme tout photographique.
Ces nuages de printemps, j'y vois le véhicule de nos espoirs, les compagnons d'une balade tranquille, ces éléments rassurants indispensables à tout dessin d'enfant, qui donnent du sens et du relief à l'immensité du ciel. Les ciels ponctués de cumulus ont quelque chose de terriblement normal. Sauf que Magritte, lui, ce qui l'intéresse, ce n'est pas le normal, mais l'énigmatique. Ou plutôt : il s'appuie sur ce fond de banalité pour mieux accentuer les dissonances dans le réel.
Alors, un nuage s'engouffre par la porte entrouverte, ou vient se poser dans un verre géant. Mué en personnage, le nuage s'invite dans le quotidien, visite notre vie terre-à-terre pour lui apporter un peu de sa légèreté, et surtout, pour transformer le banal en extraordinaire, le normal en bizarre, le quotidien en mystère. Il devient alors possible d'offrir un nouveau regard à ce qui nous entoure. Peut-on faire meilleure métaphore de l'art?
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Publié la première fois le 19 novembre 2020
Quand vous pensez à une toile de René Magritte, qu'imaginez-vous en premier? Une pomme? Un chapeau melon? Ou bien, comme moi, un série de nuages?
Dans une multitude de ses tableaux, Le peintre belge utilise en effet ce motif – ou ce symbole - pour mieux le détourner. Il transforme les ciels nuageux en papier peint, en toile de fond, en fond de l'œil. Il en fait la matière même des voiles du bateau, du corps de l'oiseau, dans une figure de style qui montre à la fois la voile et le vent, l'objet et l'action. Dans un oeil écarquillé, les nuages se déploient autour de la pupille : on voit alors l'œil, et dans le même instant, ce que l'œil voit. Mais ses nuages, ce ne sont pas n'importe quels nuages : il s'agit de cumulus, ces petits nuages de beau temps et de basse altitude, aux contours nets, dont le blanc éclatant se détache du ciel bleu. Ils sont peints par Magritte avec un réalisme tout photographique.
Ces nuages de printemps, j'y vois le véhicule de nos espoirs, les compagnons d'une balade tranquille, ces éléments rassurants indispensables à tout dessin d'enfant, qui donnent du sens et du relief à l'immensité du ciel. Les ciels ponctués de cumulus ont quelque chose de terriblement normal. Sauf que Magritte, lui, ce qui l'intéresse, ce n'est pas le normal, mais l'énigmatique. Ou plutôt : il s'appuie sur ce fond de banalité pour mieux accentuer les dissonances dans le réel.
Alors, un nuage s'engouffre par la porte entrouverte, ou vient se poser dans un verre géant. Mué en personnage, le nuage s'invite dans le quotidien, visite notre vie terre-à-terre pour lui apporter un peu de sa légèreté, et surtout, pour transformer le banal en extraordinaire, le normal en bizarre, le quotidien en mystère. Il devient alors possible d'offrir un nouveau regard à ce qui nous entoure. Peut-on faire meilleure métaphore de l'art?
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Publié la première fois le 19 novembre 2020