La BNF Richelieu, un temple du savoir et du patrimoine au cœur de Paris
Après douze ans de travaux, le site Richelieu de la BNF a réouvert ses portes. Et c'est un lieu exceptionnel qui s'offre aujourd'hui aux visiteurs, aux curieux, aux étudiants et aux chercheurs. La subtile alliance d'architecture classique et contemporaine trouve son point d'équilibre avec un magnifique escalier tournant dans le grand hall, en acier et en aluminium vernis, conçu par Bruno Gaudin et Virginie Brégal ; même si, pour l'installer, il a été nécessaire de déposer l'ancien escalier monumental et ses belles ferronneries, conçu au 19e siècle par un élève de Charles Garnier Idée poétique aussi dans la cour arborée : le jardinier-paysagiste de renom Gilles Clément a imaginé un "Hortus papyryfer", autrement dit un jardin dans lequel toutes les espèces végétales peuvent servir à fabrique du papier! 

Pour les architectes, le grand défi consistait à établir une cohérence et des circulations entre des bâtiments construits au fil des siècles. Car la bibliothèque est à la fois un lieu de conservation du patrimoine et  un témoignage de l'histoire  de France, qui abrite en son sein un musée où l'on peut admirer des médailles, des monnaies et des objets de l'Antiquité. De véritables trésors qui méritent une visite à eux seuls. Il y a beaucoup à dire sur l'histoire du lieu, les différentes salles, les magasins où sont conservés les documents, l'origine des collections…Nous nous contenterons ici d'un petit aperçu! 

Conserver le patrimoine éditorial 

Sur ce site, plus de 40 millions de documents sont conservés, et de nouveaux arrivent chaque jour. Ce ne sont pas que des livres : il y a aussi des magazines, des CD, des DVD, des BD, des partitions, des affiches, des photos…Ou encore des flyers, des catalogues, des photos, des maquettes, des cartes postales et des jeux vidéos! Globalement, tout ce qui témoigne de la production visuelle et écrite d'une époque y est conservé, prêt à être consulté par les futurs chercheurs ou étudiants. On doit cette impressionnante collection à une idée de François Ier, qui signe à Montpellier le 28 décembre 1537 une ordonnance qui oblige tout imprimeur ou éditeur du royaume à présenter un exemplaire de chaque livre de sa production à la Bibliothèque du roi. Il s'agissait  de repérer les ouvrages dignes de mémoire,  et, d’autre part, de contrôler la diffusion d’idéologies dissidentes. Depuis cette ordonnance, ce dépôt légal n'a connu qu'une interruption, pendant la Révolution française (par crainte de la censure).

La salle Labrouste, lieu d'étude avant-gardiste 

Classée monument historique depuis 1983, cette salle réalisée entre 1861 et 1868 est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste, qui est aujourd'hui la salle de lecture de 4500 m2 de la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Toute en légèreté malgré ses dimensions, elle est dotée de neuf coupoles soutenues par de minces piliers métalliques qui semblent encore en accentuer la hauteur (12 m tout de même) qui rappellent l'architecture byzantine, la lumière zénithale y est récoltée et diffusée de manière homogène grâce à un ingénieux système : en leur centre, les coupoles sont percées d'un oculus : la lumière du soleil est concentrée et se reflète sur les carreaux de faïences blanches. Cependant, Labrouste ne voulait pas installer d'éclairage artificiel (au gaz), par peur des incendies ; avant l'arrivée de l'électricité, l'amplitude des horaires d'ouverture variait donc au fil des saisons, en fonction de la luminosité extérieure.

Autres innovations inédites pour un lieu d'étude au 19e siècle : le système de chauffage assuré par des tuyaux qui passaient sous les tables.Sur les côtés, de grands paysages peints (réalisés par Alexandre Desgoffe (1805-1882) élève d’Ingres, en 1865) inspirés des peintures antiques découvertes dans les villas d’Italie, simulent des fenêtres ouvertes sur la nature : on aperçoit la cime des arbres, et cette seule évocation inspire le calme et la concentration. C'est la même idée qui a présidé pour la conception de la BNF François Mitterrand, qui abrite au centre de ses quatre tours en forme de livre ouvert une forêt conçue comme le jardin d'un cloître par Dominique Perrault.En bref, un lieu magnifique et ouvert à toutes et à tous (même si, pour pouvoir étudier dans la salle Labrouste, il faut justifier ses recherches).   

Mes Sorties Culture / Sonia Zannad

szannad@messortiesculture.com   
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