Good Morning, Vietnam (1/2)
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Faisant suite à la guerre d'Indochine, la guerre du Viêt Nam a lieu entre 1955 et 1975. Dans un contexte de guerre froide, elle oppose le Sud-Vietnam, soutenu par les États-Unis, au Nord-Vietnam, communiste, aidé par la Chine et l'URSS. Elle se termine avec la capitulation du Sud-Vietnam face au Nord-Vietnam.
Des actes d’horreur y sont commis et les pertes humaines, militaires et civiles sont considérables. Du côté Sud-Vietnamien, on compte près de 700,000 morts et 1,8 million de blessés et mutilés, et du côté Nord-Vietnamien, près de 1 million morts, ajoutés aux 900,000 blessés et mutilés. Du côté américain, on dénombre près de 60,000 morts et 350,000 blessés et mutilés.

Aucun belligérant n’en sort indemne. Le Vietnam est dévasté, des massacres de représailles y ont lieu et ses élites intellectuelles fuient le pays. Côté américain, cette guerre marque toute une génération et dégrade considérablement l'image du pays.

Cette guerre est connue du grand public grâce aux photographes et cinéastes qui sont présents, des photos restant encore iconiques. En voici deux.


La photo de 1966 est de Maï Nam.

Maï Nam est né en 1931. A 18 ans, il quitte sa famille pour rejoindre la région contrôlée par les communistes, en profite pour apprendre la photo et en faire son métier.

Il travaille, comme les autres photographes Nord-Vietnamiens, sous les tapis de bombes des B-52 américains, le long des pistes Hô Chi Minh, au cœur des assauts sanglants. Il photographie la guerre jusqu'à la victoire, marchant des kilomètres et traversant pendant des jours la jungle pour livrer des pellicules. Moitié soldats, moitié journalistes, les reporters Nord-Vietnamiens écrivent, avec leurs images, une histoire moins connue de la guerre du Vietnam.

Le travail de Maï Nam est récompensé par des médailles de la résistance et de nombreux prix photo soulignant la créativité artistique de son œuvre.

1966, Nord-Vietnam. A 19 ans, Nguyen Thi Hien est chef d’une section de miliciennes qui protègent des pièces antiaériennes qui, elles-mêmes protègent un pont. Elle a déjà survécu à plus de 800 raids aériens et a été enterrée vivante à quatre reprises lors des explosions des bombes des B-52 américains.
La photographie, de façon générale, a un rôle évident dans la propagande du régime nord-vietnamien de l’époque et les clichés passent à la censure : par exemple, sur les photos faites par les Nord-Vietnamiens, les cadavres sont uniquement ceux des Sud-Vietnamiens, et tous les Nord-Vietnamiens ont tous l’air de courir vers le front en souriant !
Mais cette photo montre aussi le grand rôle des femmes au Nord-Vietnam pendant la guerre, celles-ci n’étant pas cantonnées à l’arrière, mais au contraire montant au front. 


La photo de 1968 est de Eddie Adams.

Engagé dans les Marines, Eddie Adams (1933-2004), photographe américain mandaté par l’Associated Press, immortalise en 1968 la mise à mort d’un soldat durant la guerre du Vietnam. Cette photographie devient l’étendard des atrocités qui sont commises.
Reporter de guerre, il couvre pas moins de treize conflits. Il réalise plus tard les portraits de chefs d’État tel que Fidel Castro, Mikhaïl Gorbatchev ou George W. Bush, mais ce sont principalement ses photos de guerre qui contribuent à sa reconnaissance. Outre le prix Pulitzer reçu en 1969 pour sa photo "Exécution de Saigon", il reçoit plus de 500 récompenses.

Le 1er février 1968 est le commencement de l’offensive du Têt. Depuis deux jours la violence fait rage à Saïgon, le Nord-Vietnam espérant rallier ses habitants à sa cause pour qu’ils se retournent contre le régime du Sud-Vietnam. Les Nord-Vietnamiens attaquent une centaine de villes du sud.

Un groupe de Sud-Vietnamiens traîne un prisonnier Nord-Vietnamien. Vêtu d’un short et d’une chemise à carreaux, le captif, menotté, se nomme Nguyen Van Lem. Il a 36 ans et est père de deux enfants.
Eddie Adams pense alors photographier un interrogatoire. À seulement un mètre du photographe, le général Nguyen Ngoc Loan, chef de la police nationale Sud-Vietnamienne presse la détente et tue le prisonnier. Le corps de celui-ci ne sera jamais retrouvé à la suite de cette exécution sommaire. Huit mois après, sa veuve donne naissance à leur 3e enfant. Après la guerre, elle aura l’occasion de remercier Eddie Adams pour avoir conservé une trace de ce qui s’est réellement passé dans cette rue de Saigon.

La photographie prise par Eddie Adams fait dès le lendemain la Une du New York Times, éveillant les consciences sur l’horreur de cette guerre, et permettant de s’interroger sur la moralité du soutien des Américains au Sud-Vietnamiens.


Pour aller plus loin :

Reporter de guerre depuis qu'il a 18 ans, Patrick Chauvel a couvert la guerre du Vietnam côté sud. Son livre, Ceux du Nord, raconte une autre histoire de la guerre du Viêtnam. Celle des photographes d'en face, "ceux du Nord" beaucoup moins connus.

Les photos de l’Associated Press, toute une histoire de la guerre du Vietnam en images. Ce livre Vietnam raconte en images les hommes dans la guerre, au fil de la montée en puissance de la présence américaine sur le sol vietnamien. Les photographies intenses révèlent ce que vivent les soldats au combat et dans les camps, mais aussi la souffrance des civils.

Un roman policier Sympathy for the Devil, de Kent Anderson, vétéran du Vietnam. Dans un contexte romanesque, il se base sur sa propre expérience pour donner vie à son personnage principal et alter ego Hanson et écrire ce roman en partie autobiographique.

Bien sûr, les films Apocalypse Now de Francis Ford Coppola et Platoon de Oliver Stone sont incontournables.

Enfin, la série Vietnam de Ken Burns, diffusée par ARTE, est incontournable. À travers les récits intimes d’une centaine de témoins "Vietnam" raconte l’histoire de la fin du colonialisme, de la montée en puissance de la Guerre froide et de la victoire d’un peuple de paysans contre l’une des machines les plus destructrices du monde.


La suite au prochain numéro...



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