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Essere Fiume, Giuseppe Penone
Le
14 August 2020,
Bien avant que l'on parle de changement climatique et que l'on prenne conscience qu'il nous fallait chérir et protéger la nature, voilà un artiste qui a tout compris depuis la fin des années 1960. Né dans le Piémont, voilà 50 ans que cet Italien explore le lien de l'homme à la nature et s'intéresse aux formes naturelles et à l'idée du temps qui passe. Le temps qui érode la pierre, qui transforme la roche en sable ; le temps, aussi, qui transforme les arbres et les voit se déployer, grandir, se transformer.
Si on connaît bien ses sculptures très réalistes de troncs d'arbres en bronze, qui ont – entre autres - orné le château de Versailles en 2013, ses expérimentations minérales sont moins connues, et pourtant tout aussi fascinantes. Les sculptures/installations de Penone sont des gestes radicaux, d'apparence extrêmement simple. Il a été très tôt associé au mouvement de l'Arte povera, né en Italie, qui célèbre l'économie du geste et la modestie des matériaux.
De ses origines (ses parents étaient agriculteurs) et de la terre qui l'a vu grandir (les montagnes du Piémont) il garde un lien indestructibles aux éléments naturels, auxquels il ne cesse de rendre hommage.
Reproduire la roche : Essere fiume
« Essere fiume » (1981) est une œuvre composée de deux grandes et grosses pierres, l'une – de 100 kilos - trouvée par l'artiste dans une rivière, l'autre étant son double, reproduite à l'identique, sous forme de sculpture. Penone cherche par cette œuvre à démontrer l'unité entre l'homme et la nature, et à définir la place de l'humanité dans le monde naturel. Ecoutons-le plutôt en parler :"Extraire une pierre sculptée par la rivière, remonter le courant et découvrir le lieu exact d'où la pierre vient, puis extraire un autre morceau de roche de la montagne et reproduire exactement la pierre prise dans la rivière, c'est être la rivière ; produire une pierre de pierre c'est produire une sculpture parfaite, elle réintègre la nature et constitue un patrimoine cosmique, une pure création". "Essere fiume", en italien, signifie "être le fleuve". L'artiste, par ce geste d'une simplicité absolue, et que l'on pourrait trouver absurde, parvient à se confondre avec la nature.
Reproduire un grain de sable : Essere vento
L'oeuvre "Essere vento" ("Être le vent") (2014) fait directement écho à "Essere fiume", des années après. Il s'agit de deux grains de sable, l'un provenant du désert et l'autre, de plus grande taille, qui est sa reproduction sculptée à l'aide d'un laser. Pour parvenir à sculpter ce grain de sable, l'artiste a travaillé en étroite collaboration avec les chercheurs en physique et en géomécanique de l'Institut Néel et du Laboratoire 3SR de Grenoble. A travers cette sculpture microscopique, il réalise une prouesse technique et met en exergue la superposition du temps humain aux temps très longs qui sculptent les éléments naturels, qui reste pour nous de l'ordre de l'abstrait…sauf si on se penche sur un grain de sable microscopique et que l'on commence à penser au vent qui a œuvré sans relâche, depuis la nuit des temps, pour aboutir à ce résultat. "Essere vento" signifie "être le vent" : l'élément air, pour être invisible, n'en est pas moins ce qui contribue à modeler notre environnement, discrètement et inlassablement.
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Si on connaît bien ses sculptures très réalistes de troncs d'arbres en bronze, qui ont – entre autres - orné le château de Versailles en 2013, ses expérimentations minérales sont moins connues, et pourtant tout aussi fascinantes. Les sculptures/installations de Penone sont des gestes radicaux, d'apparence extrêmement simple. Il a été très tôt associé au mouvement de l'Arte povera, né en Italie, qui célèbre l'économie du geste et la modestie des matériaux.
De ses origines (ses parents étaient agriculteurs) et de la terre qui l'a vu grandir (les montagnes du Piémont) il garde un lien indestructibles aux éléments naturels, auxquels il ne cesse de rendre hommage.
Reproduire la roche : Essere fiume
« Essere fiume » (1981) est une œuvre composée de deux grandes et grosses pierres, l'une – de 100 kilos - trouvée par l'artiste dans une rivière, l'autre étant son double, reproduite à l'identique, sous forme de sculpture. Penone cherche par cette œuvre à démontrer l'unité entre l'homme et la nature, et à définir la place de l'humanité dans le monde naturel. Ecoutons-le plutôt en parler :"Extraire une pierre sculptée par la rivière, remonter le courant et découvrir le lieu exact d'où la pierre vient, puis extraire un autre morceau de roche de la montagne et reproduire exactement la pierre prise dans la rivière, c'est être la rivière ; produire une pierre de pierre c'est produire une sculpture parfaite, elle réintègre la nature et constitue un patrimoine cosmique, une pure création". "Essere fiume", en italien, signifie "être le fleuve". L'artiste, par ce geste d'une simplicité absolue, et que l'on pourrait trouver absurde, parvient à se confondre avec la nature.
Reproduire un grain de sable : Essere vento
L'oeuvre "Essere vento" ("Être le vent") (2014) fait directement écho à "Essere fiume", des années après. Il s'agit de deux grains de sable, l'un provenant du désert et l'autre, de plus grande taille, qui est sa reproduction sculptée à l'aide d'un laser. Pour parvenir à sculpter ce grain de sable, l'artiste a travaillé en étroite collaboration avec les chercheurs en physique et en géomécanique de l'Institut Néel et du Laboratoire 3SR de Grenoble. A travers cette sculpture microscopique, il réalise une prouesse technique et met en exergue la superposition du temps humain aux temps très longs qui sculptent les éléments naturels, qui reste pour nous de l'ordre de l'abstrait…sauf si on se penche sur un grain de sable microscopique et que l'on commence à penser au vent qui a œuvré sans relâche, depuis la nuit des temps, pour aboutir à ce résultat. "Essere vento" signifie "être le vent" : l'élément air, pour être invisible, n'en est pas moins ce qui contribue à modeler notre environnement, discrètement et inlassablement.
Mes Sorties Culture / Sonia Zannad
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com