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Dognin Paris
Le
3 February 2017,
Frédéric Salat-Baroux est conseiller d'Etat, avocat, ancien secrétaire
général de la Présidence de la République. Dans son livre La France est la solution, il
dresse le portrait d'un pays résilient, appelle au débat et propose
des réponses pour rattraper nos retards et nous projeter dans le siècle qui
avance. Le 24 février à 19h, il donnera une conférence chez Dognin, afin d'évoquer comment la France sait concilier
grande tradition et technologie de pointe au service de la créativité et du
savoir-faire "made in France". En amont de cet événement, il nous
accordé une interview.
MSC : Pour commencer, d’où vient votre inextinguible optimisme ?
F. Salat-Baroux : Pour moi, tout problème trouve sa solution par le mouvement. Par ailleurs, passionné d’histoire, je connais la France et sa capacité de rebond. Enfin, j’observe cette génération de Français qui sont partis, sans complexe, à l’assaut du monde. Mis bout à bout, cela peut donner une impression d’optimisme résumé par le titre du livre La France est la solution mais je pense plutôt avoir conduit une analyse sans concession d’où il ressort qu’au total, nous avons les moyens de relever les défis du siècle, à condition à la fois de nous y projeter et de le faire dans la fidélité à notre identité.
Dans « La France est la solution », vous invitez vigoureusement les Français à passer à l’action, plutôt que de se complaire dans la crainte, la plainte et la nostalgie. Pour vous, l’histoire est-elle toutefois une source d’inspiration ?
Dans un pays aussi fragmenté qui, raisonnablement, n’aurait jamais dû exister pour reprendre l’expression de Fernand Braudel, l’histoire est essentielle. Elle nous montre, par exemple, que nous avons toujours raté les démarrages des révolutions industrielles mais que nous avons aussi toujours su recoller. Ce sera le cas, j’en suis convaincu, avec la révolution numérique. L’histoire nous montre aussi que nous sommes un pays capable d’immense patience vis-à-vis de nos chefs mais, dans le même temps, de réactions extrêmement violentes quand la déception se mue en rejet. C’est ce qu’explique de manière magnifique Michelet dans son Histoire de la Révolution Française. Je me demande aujourd’hui si, dans un monde qui entre peut-être dans une phase à la fois post démocratique et césariste, nous ne sommes pas à la veille d’un tel spasme violent en France, comme nous en avons connu plusieurs dans notre histoire.
Quelle serait votre définition de l’innovation ?
L’innovation est le résultat de la rencontre, de la fusion entre une rupture technologique et une vision culturelle, idéologique et sociale. Pas d’innovation sans percée technologique. Pas d’innovation sans culture.
Vous dites que « la technologie sera ce que nous en ferons ». Quels sont d’après vous les grands périls que nous avons à redouter à l’ère du numérique et de la robotisation ?
Je montre dans le livre que la révolution numérique est née de la rencontre, à la fin des années 1960, entre le mouvement hippie, de retour dans les grandes villes de Californie après l’échec de son expérience de vie dans des communautés agricoles, et les libéraux les plus féroces de la côte ouest américaine. Cela explique son double visage : à la fois communautaire et désintéressé, comme Wikipédia, et capitaliste hyper violent, comme ce que l’on qualifie, pour simplifier, d’ubérisation. C’est pourquoi la révolution numérique est une question politique au sens le plus noble du terme. Elle va changer le monde. Mais rien n’est écrit. Elle peut tout autant nous permettre de construire un monde plus juste, plus sobre, plus durable comme nous faire basculer dans une société d’inégalités et de violences sociales, dominée par la nouvelle race des seigneurs du numérique. Face à ces périls, la réponse est dans l’action et dans le travail acharné pour construire un nouveau modèle social et s’y adapter. A ce titre, je suis révolté par l’idéologie que porte le revenu universel. Dans un monde où il va falloir se battre pour le travail, puisque s’ajoute à la mondialisation l’impact de la robotisation et de l’intelligence artificielle, faire croire que l’on peut construire un équilibre durable sur une logique post-travail est incompréhensible. C’est une métastase monstrueuse des 35 h, dont on a vu les ravages sur la France.
Croyez-vous à l’intelligence collective ?
Jacques Chirac dit toujours qu’il y a plus d’intelligence dans plusieurs têtes que dans une seule. C’est aussi la force de l’innovation coopérative, qui est au cœur de la révolution numérique. Mais je crois aussi à la force et au génie de l’individu. Il y aura toujours une part de moi qui demeurera bonapartiste.
Quels sont les lieux et/ou les œuvres qui vous inspirent au quotidien, et vous incitent à passer à l’action ?
C’est plutôt ma culture familiale. Mon père, qui avait gravi, de manière accélérée tous les étages de l’ascenseur social, disait : « rien, rien ne résiste au travail ». J’espère avoir transmis à mes enfants cette vérité.
Vous appréciez et collectionnez le street-art : qu’est-ce qui vous touche dans cette forme d’expression ?
Sa spontanéité, sa vitalité, le fait qu’il prenne racine et se développe en dehors de l’ordre établi.
Parmi les valeurs de Dognin et « la personnalité » de la marque, quels sont les aspects qui font écho à votre vision de la France et de son avenir ?
Dognin réalise une synthèse magnifique entre la grande tradition et la technologie de pointe. C’est très exactement le modèle qui ferait de la France un pays qui gagne dans ce XXIème siècle dont on commence à voir se dessiner le visage.
Propos recueillis par Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
MSC : Pour commencer, d’où vient votre inextinguible optimisme ?
F. Salat-Baroux : Pour moi, tout problème trouve sa solution par le mouvement. Par ailleurs, passionné d’histoire, je connais la France et sa capacité de rebond. Enfin, j’observe cette génération de Français qui sont partis, sans complexe, à l’assaut du monde. Mis bout à bout, cela peut donner une impression d’optimisme résumé par le titre du livre La France est la solution mais je pense plutôt avoir conduit une analyse sans concession d’où il ressort qu’au total, nous avons les moyens de relever les défis du siècle, à condition à la fois de nous y projeter et de le faire dans la fidélité à notre identité.
Dans « La France est la solution », vous invitez vigoureusement les Français à passer à l’action, plutôt que de se complaire dans la crainte, la plainte et la nostalgie. Pour vous, l’histoire est-elle toutefois une source d’inspiration ?
Dans un pays aussi fragmenté qui, raisonnablement, n’aurait jamais dû exister pour reprendre l’expression de Fernand Braudel, l’histoire est essentielle. Elle nous montre, par exemple, que nous avons toujours raté les démarrages des révolutions industrielles mais que nous avons aussi toujours su recoller. Ce sera le cas, j’en suis convaincu, avec la révolution numérique. L’histoire nous montre aussi que nous sommes un pays capable d’immense patience vis-à-vis de nos chefs mais, dans le même temps, de réactions extrêmement violentes quand la déception se mue en rejet. C’est ce qu’explique de manière magnifique Michelet dans son Histoire de la Révolution Française. Je me demande aujourd’hui si, dans un monde qui entre peut-être dans une phase à la fois post démocratique et césariste, nous ne sommes pas à la veille d’un tel spasme violent en France, comme nous en avons connu plusieurs dans notre histoire.
Quelle serait votre définition de l’innovation ?
L’innovation est le résultat de la rencontre, de la fusion entre une rupture technologique et une vision culturelle, idéologique et sociale. Pas d’innovation sans percée technologique. Pas d’innovation sans culture.
Vous dites que « la technologie sera ce que nous en ferons ». Quels sont d’après vous les grands périls que nous avons à redouter à l’ère du numérique et de la robotisation ?
Je montre dans le livre que la révolution numérique est née de la rencontre, à la fin des années 1960, entre le mouvement hippie, de retour dans les grandes villes de Californie après l’échec de son expérience de vie dans des communautés agricoles, et les libéraux les plus féroces de la côte ouest américaine. Cela explique son double visage : à la fois communautaire et désintéressé, comme Wikipédia, et capitaliste hyper violent, comme ce que l’on qualifie, pour simplifier, d’ubérisation. C’est pourquoi la révolution numérique est une question politique au sens le plus noble du terme. Elle va changer le monde. Mais rien n’est écrit. Elle peut tout autant nous permettre de construire un monde plus juste, plus sobre, plus durable comme nous faire basculer dans une société d’inégalités et de violences sociales, dominée par la nouvelle race des seigneurs du numérique. Face à ces périls, la réponse est dans l’action et dans le travail acharné pour construire un nouveau modèle social et s’y adapter. A ce titre, je suis révolté par l’idéologie que porte le revenu universel. Dans un monde où il va falloir se battre pour le travail, puisque s’ajoute à la mondialisation l’impact de la robotisation et de l’intelligence artificielle, faire croire que l’on peut construire un équilibre durable sur une logique post-travail est incompréhensible. C’est une métastase monstrueuse des 35 h, dont on a vu les ravages sur la France.
Croyez-vous à l’intelligence collective ?
Jacques Chirac dit toujours qu’il y a plus d’intelligence dans plusieurs têtes que dans une seule. C’est aussi la force de l’innovation coopérative, qui est au cœur de la révolution numérique. Mais je crois aussi à la force et au génie de l’individu. Il y aura toujours une part de moi qui demeurera bonapartiste.
Quels sont les lieux et/ou les œuvres qui vous inspirent au quotidien, et vous incitent à passer à l’action ?
C’est plutôt ma culture familiale. Mon père, qui avait gravi, de manière accélérée tous les étages de l’ascenseur social, disait : « rien, rien ne résiste au travail ». J’espère avoir transmis à mes enfants cette vérité.
Vous appréciez et collectionnez le street-art : qu’est-ce qui vous touche dans cette forme d’expression ?
Sa spontanéité, sa vitalité, le fait qu’il prenne racine et se développe en dehors de l’ordre établi.
Parmi les valeurs de Dognin et « la personnalité » de la marque, quels sont les aspects qui font écho à votre vision de la France et de son avenir ?
Dognin réalise une synthèse magnifique entre la grande tradition et la technologie de pointe. C’est très exactement le modèle qui ferait de la France un pays qui gagne dans ce XXIème siècle dont on commence à voir se dessiner le visage.
Propos recueillis par Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com