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Kehinde Wiley
Le
29 September 2023,
J'avais visité en 2018 l'exposition consacrée à
Kehinde Wiley au palais BOZAR de Bruxelles (une exposition qui était passée par
le Petit palais l'année d'avant). Peu après, j'avais vu le blockbuster Black Panther. Et quelques semaines plus
tôt, je découvrais le travail de Mohammed Bourouissa au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Quel point commun, me direz-vous, entre ces différentes
formes d'expression culturelle? A mon sens, elles ont toutes la même vertu, et
c'est aussi ce qui a motivé leur création : elles permettent de renverser les
clichés associés aux Afro-Américains, et plus généralement, aux Africains du
continent et de la diaspora.
De nouvelles formes de représentation
Le peintre Kehinde Wiley s'attache à reprendre les codes de la peinture classique, les compositions, les poses, les décors, pour y intégrer des personnages qui ont peu de place dans les musées. S’inspirant des maîtres de la peinture classique tels que Titien, Van Dyck ou encore Ingres et David, Wiley réalise des portraits saturés de couleurs et d’ornementations de jeunes noirs ou métisses, modèles anonymes rencontrés lors de castings de rue sauvages. L’artiste héroïse ceux qui sont traditionnellement exclus des représentations du pouvoir.
Dans Black Panther, le vocabulaire pictural (costumes, décors, effets spéciaux…) est entièrement pensé en-dehors des représentations habituelles. Le Wakanda – certes un pays imaginaire – n'a jamais été colonisé. C'est un pays riche, pacifique et technologiquement très avancé. Les looks sont inspirés du courant afro-futuriste, une forme d'art engagé qui vise à s'émanciper des clichés imposés par de longues années de domination coloniale.
Quant à Mohammed Bourouissa, il s'est immergé dans le club équestre de Fletcher Street » à Philadelphie. Fondées par des cavaliers afro-américains au début du XXe siècle, les écuries de « Fletcher Street » accueillent les jeunes adultes du quartier et offrent un refuge aux chevaux abandonnés. A mi-chemin entre imaginaire et travail documentaire, l’artiste s’est emparé de l’histoire du lieu et de l’imagerie du cowboy pour mettre au centre d'un travail pluridisciplinaire les communautés et les cavaliers qui font de ce lieu un espace de liberté et de réappropriation du rêve américain par ceux, précisément, qui en ont été exclus.
Qu'il s'agisse de la beauté des modèles de Wiley, de la splendeur de ses toiles colorées, de la grâce des cavaliers immortalisés par Bourouissa, ou de la recherche esthétique dans Black Panther, ces manifestations de créativité sont aussi une démonstration éblouissante du rôle de la culture pour en finir avec les clichés, faire émerger de nouvelles représentations et permettre à ceux qui sont généralement invisibles dans l'art "autorisé" de se montrer avec fierté.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Publié la première fois le 9 mars 2018
De nouvelles formes de représentation
Le peintre Kehinde Wiley s'attache à reprendre les codes de la peinture classique, les compositions, les poses, les décors, pour y intégrer des personnages qui ont peu de place dans les musées. S’inspirant des maîtres de la peinture classique tels que Titien, Van Dyck ou encore Ingres et David, Wiley réalise des portraits saturés de couleurs et d’ornementations de jeunes noirs ou métisses, modèles anonymes rencontrés lors de castings de rue sauvages. L’artiste héroïse ceux qui sont traditionnellement exclus des représentations du pouvoir.
Dans Black Panther, le vocabulaire pictural (costumes, décors, effets spéciaux…) est entièrement pensé en-dehors des représentations habituelles. Le Wakanda – certes un pays imaginaire – n'a jamais été colonisé. C'est un pays riche, pacifique et technologiquement très avancé. Les looks sont inspirés du courant afro-futuriste, une forme d'art engagé qui vise à s'émanciper des clichés imposés par de longues années de domination coloniale.
Quant à Mohammed Bourouissa, il s'est immergé dans le club équestre de Fletcher Street » à Philadelphie. Fondées par des cavaliers afro-américains au début du XXe siècle, les écuries de « Fletcher Street » accueillent les jeunes adultes du quartier et offrent un refuge aux chevaux abandonnés. A mi-chemin entre imaginaire et travail documentaire, l’artiste s’est emparé de l’histoire du lieu et de l’imagerie du cowboy pour mettre au centre d'un travail pluridisciplinaire les communautés et les cavaliers qui font de ce lieu un espace de liberté et de réappropriation du rêve américain par ceux, précisément, qui en ont été exclus.
Qu'il s'agisse de la beauté des modèles de Wiley, de la splendeur de ses toiles colorées, de la grâce des cavaliers immortalisés par Bourouissa, ou de la recherche esthétique dans Black Panther, ces manifestations de créativité sont aussi une démonstration éblouissante du rôle de la culture pour en finir avec les clichés, faire émerger de nouvelles représentations et permettre à ceux qui sont généralement invisibles dans l'art "autorisé" de se montrer avec fierté.
Sonia Zannad / Mes sorties culture
Ecrivez à la rédaction : szannad@messortiesculture.com
Publié la première fois le 9 mars 2018