De Gaulle et Churchill dans Paris
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Churchill et De Gaulle, deux fortes têtes qui se haïssent autant qu'ils s’admirent, partageant tous deux un patriotisme débordant, un amour de la France et une haine de la dictature. 

L'entêtement et l’ambition de De Gaulle ont le don d'énerver Churchill qui va jusqu’à déclarer en 1943 "Il (De Gaulle) souffre d'une ambition insensée. C'est le plus grand obstacle vivant à la réunion des Français et à la restauration de la France". Mais celui-ci n'a jamais caché son admiration pour De Gaulle, dont il partage le courage dans l'adversité. De Gaulle, demeurera son ami malgré de violentes crises... la plus violente étant en Juin 1944.

Le 4 juin 1944, Churchill et Eisenhower avertissent De Gaulle que le débarquement est prévu pour le surlendemain. Celui-ci est fou de rage. Non seulement la décision est prise sans le concerter, mais il doit prononcer un discours appelant les forces françaises de la résistance à prêter main forte, sur le sol normand, aux armées alliées. Il finit par accepter, tout en sachant que Roosevelt souhaite mettre la France sous contrôle militaire américain et remplacer le franc par le dollar.

Ce jour-là, De Gaulle et Churchill s'affrontent et certaines phrases sont restées célèbres :

"Je n'ai rien à demander dans ce domaine aux États-Unis d'Amérique, s'étrangle De Gaulle, non plus qu'à la Grande-Bretagne. (…) Je note que les gouvernements de Londres et de Washington ont pris leurs dispositions pour se passer d'un accord avec nous.(...) Les troupes qui s’apprêtent à débarquer sont munies d'une monnaie soi-disant française que le Gouvernement de la République ne reconnaît absolument pas (…) Comment voulez-vous que nous traitions sur ces bases ? ( …) Allez, faites la guerre avec votre fausse monnaie !".

La réplique de Churchill est non moins historique : "Sachez-le, chaque fois qu'il nous faudra choisir entre l'Europe et le grand large, nous serons toujours pour le grand large. Chaque fois qu'il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai toujours Roosevelt".

Le 25 août 1944, Paris est libéré. Le défilé du 11 novembre 1944, placé sous le signe de l’alliance franco-britannique, peut avoir lieu sur les Champs Elysées. Sur la photo, ne regardant pas dans la même direction, à droite, le Général De Gaulle et à gauche, Winston Churchill.

Si vous vous promenez vers le Petit Palais, à Paris, vous verrez la statue du Vieux Lion. Elle met en scène Winston Churchill, marchant à l'aide d'une canne, portant son éternel long manteau ainsi qu'une casquette militaire. Sa main droite reste dans sa poche tandis que sa main gauche tient la canne. Il s’agit d’une sculpture de Jean Cardot, créée en 1998, et calquée sur la fameuse photo du 11 novembre 1944. Le socle comporte les mots "Nous ne nous rendrons jamais" du discours de Churchill du 6 juin 1940.

Le 11 novembre 1944, Churchill et De Gaulle déposent une gerbe au pied de la statue de Georges Clémenceau. C’est là, près du Grand Palais, en face du Petit Palais, que Jean Cardot érige en 2000 la statue de De Gaulle, ce dernier marchant et regardant vers la Concorde. Des paroles prononcées par De Gaulle sont inscrites sur le socle. Du côté de l’Étoile : “Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde.” Et du côté de la Concorde :  “Paris, Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé, mais Paris libéré...”.

Les deux statues, chacune à un bout de l'avenue Winston Churchill, ont l'air de bouder, comme un vieux couple. Elles ne se regardent pas et ne regardent pas dans la même direction...  

La réalisation de grandes commandes publiques, notamment des statues de grands personnages des 19e et 20e siècles, tient une grande place dans l’œuvre du sculpteur français Jean Cardot (1930-2020).

Allez à Colombey-les-deux-Eglises, vous recueillir sur la tombe du général, et visiter le Mémorial
De multiples musées sont dédiés à la guerre 39-45 et au débarquement en Normandie. Ne manquez pas le Mémorial de Caen, superbe musée, pédagogique et complet.

Rappelons-nous que le 18 juin 1940, De Gaulle appelle à la résistance des partisans. La complainte du partisan, ainsi que le chant des partisans sont des chansons écrites en 1943. La complainte du partisan a été joliment reprise par Léonard Cohen.


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